Nouvelle technologie
L'énergie solaire transmise à la Terre à travers l'espace
Publié le : 14.12.2010 | 08h28
Il ne s'agirait pas, au moins dans un premier temps, d'alimenter des villes qui disposent déjà d'infrastructures, mais des régions isolées, d'accès difficiles où on a besoin d'électricité, explique Robert Lainé, directeur technique d'Astrium
Cela pourrait permettre de fournir ponctuellement de l'électricité à une zone de catastrophe, un hôpital de campagne, une installation de pompage, de purification ou de désalinisation d'eau, a-t-il précisé lors d'une récente conférence à Paris
Alimenter des grandes villes, «ça ne se produira pas avant qu'il n'y ait plus de pétrole», a-t-il déclaré à l'AFP. «On pense que le plus simple, c'est de commencer avec un satellite existant, puis de l'adapter», note Lainé. La première démonstration pourrait s'appuyer sur les capacités du futur satellite de télécommunication Alphasat, avec l'objectif d'acheminer au sol, grâce à un laser infrarouge, quelques kilowatts d'énergie produite dans l'espace
«Si on trouvait un financement demain, six ou sept ans c'est tout à fait
raisonnable» pour aboutir à une démonstration, précise cet expert, alors
qu'au-delà de partenariats européens, Astrium envisage de s'associer avec
Russes et Japonais pour mettre en place cette nouvelle filière technologique.
Lors de l'étape suivante, au cours de la décennie 2020-2030, plusieurs
satellites, capables de fournir jusqu'à 100 kW chacun, pourraient faire converger
leurs faisceau Alors qu'aux Etats-Unis des projets de grande ampleur sont
envisagés, Astrium, qui recherche des partenaires, table plutôt sur un
développement progressif, avec une première démonstration d'ici 2020, voire dès
2016
«En cas de situation d'urgence, de besoin d'électricité, on bascule le faisceau facilement, on peut le faire en une minute», assure Lainé
Grâce à un miroir de 3,5
mètre de diamètre, comme celui du télescope scientifique
Herschel, le satellite pointera vers la Terre un rayon laser infrarouge de 20 mètres de large en
ciblant des panneaux solaires de 30
m sur 30 placés au sol, selon le projet d'Astrium. La
puissance reçue sur chaque panneau pourrait atteindre 300 kW, de quoi alimenter
des dizaines de foyers
Des cellules photoélectriques adaptées par Astrium pour l'infrarouge permettraient de convertir jusqu'à 60% de l'énergie reçue en électricité, au lieu de 15% avec les panneaux solaires actuels captant la lumière blanche du soleil
La longueur d'onde supérieure à 1,4 micron choisie pour le laser devrait permettre d'acheminer sans risque 1 kW par mètre carré sur le récepteur. Une personne regardant brièvement dans le faisceau «va avoir chaud à la figure, aux yeux, mais il n'y a pas de pénétration dans la peau» ni de risque de brûler la rétine, assure Lainé
A ces fréquences-là, les valeurs limites d'exposition sont élevées parce que «le rayonnement infrarouge est très peu pénétrant», précise un expert de l'Institut national de recherche et de sécurité (INRS).
Et avec 1 kW par mètre carré, le laser ne se transformera pas en arme de
guerre. Pointé sur une forêt, «le laser n'y mettrait jamais le feu», souligne
Lainé, car le flux d'énergie serait voisin de ce qu'on reçoit du soleil au
zénith
Transmettre l'énergie via un faisceau micro-onde, comme l'envisagent d'autres
projets pourraient susciter davantage de réticences, comme dans le cas des
antennes de téléphonie mobile, et nécessiterait des récepteurs jusqu'à mille
fois plus grands.
Source : WEB Par AFP