Energies renouvelables
Demain l’industrialisation de la filière
42% de la production électrique installée en 2020
4.000 MW la part du solaire et de l’éolien
Eolien, solaire, hydraulique: le triplé gagnant
L’éolien est
déjà devenu une industrie à part entière. Le solaire est appelé au même destin.
En tout cas, depuis les premières assises de l’énergie, le 6 mai 2009 à Rabat,
le secteur n’a jamais focalisé autant d’attention. L’enjeu est de taille. La
déclinaison de la politique volontariste de l’Etat s’est fixée l’objectif de
porter la part des énergies renouvelables dans la capacité de production
électrique installée à 42%, hydraulique comprise. Rendez-vous est pris à
l’achèvement des deux programmes, solaire et éolien, en 2020, de 2.000 MW
chacun.
Au-delà de la fenêtre marketing qu’offrent ces deuxièmes assises de l’énergie,
le 31 mai à Oujda, «pour partager la vision intégrée de la stratégie
énergétique du Maroc», il s’agit «de dresser l’état d’avancement et de définir
les prochaines étapes de sa mise en œuvre». Ces étapes ont pour nom
l’industrialisation de la filière, la formation des compétences, la recherche
& développement, l’intégration régionale et le développement local.
Car il s’agit, selon la ministre de l’Energie, de «mieux appréhender les tendances lourdes du nouvel ordre économique et énergétique mondial émergent dans lesquelles se place la vision globale du développement économique et social du Maroc».
Facture énergétique: 68 milliards de DH en 2010
Concernant le principal thème des assises, le président de la Fédération de
l’énergie dira que «la fiabilisation du processus d’industrialisation est une
étape essentielle dans le développement d’une filière». Pour Moulay Abdallah
Alaoui, «la mise en place de procédures opératoires, la gestion prévisionnelle
des risques produits et processus, le management de la supply chain, l’analyse
et le traitement des non-conformités, sont des techniques qu’une filière en
plein développement doit nécessairement mettre en œuvre pour exploiter ses
atouts et maîtriser ses faiblesses». Moyen le plus efficace pour «passer d’un
mode de production de prototype à un mode de production de série»
De nombreuses entreprises dans les énergies renouvelables connaissent actuellement cette phase d’industrialisation. Celles attendues sur la plateforme de Ouarzazate dont le closing de la première phase (125 MW) des cinq prévues sur ce site «doivent absolument réussir afin de pouvoir proposer une solide et indispensable complémentarité aux énergies conventionnelles et nucléaires», fait observer Jean-Pierre Favennec, consultant et enseignant à l’Institut français de pétrole (lire page 10). La facture énergétique en 2010 était de 68 milliards de DH dont 65,7 milliards pour les seuls produits pétroliers
Une chose est
aujourd’hui sûre, le cadre institutionnel de réalisation du projet intégré
d’énergie électrique solaire, confiée à Masen (Moroccan agency for solar
energy), est parachevé. De même, la loi 13-09 sur les énergies renouvelables,
«très libérale et attractive», comme la qualifie le management de l’Agence,
offre des opportunités réelles d’investissement pour le secteur privé, en
supprimant le plafond sur la capacité de production.
Mieux, l’électricité produite peut être fournie au marché local et/ou exportée
par accès au réseau national et aux interconnexions avec les pays tiers, voire,
si nécessaire, la possibilité de disposer de lignes directes d’exportation. Les
projets de production de l’électricité, à partir de sources renouvelables, en
l’occurrence solaires et éoliennes, sont ouverts à l’initiative privée. Pour
les projets solaires, c’est Masen qui s’en charge et les projets éoliens,
l’ONE.
En gros, le timing du calendrier de la nouvelle stratégie énergétique est
respecté, se félicite-t-on au sein du ministère. Le retard, de deux ans, pris
pour créer l’agence dédiée à l’efficacité énergétique, Aderee, n’y changera
rien. Bien que l’Agence attende encore la publication de son existence légale
au Bulletin officiel, avec les moyens du bord (hérités de son ancêtre CDER),
l’Agence s’est mise au travail dès sa création. Preuve en est la remise des
appels d’offres pour les projets éligibles à l’efficacité énergétique dans le
bâtiment fixée au 27 juin prochain. Un programme phare de l’Aderee, financé à
hauteur de 10 millions d’euros par l’Union européenne, soit plus de 110
millions de DH, pour subventionner les surcoûts qui en découlent. Ce programme
s’adresse à tout nouveau bâtiment intégrant la notion d’efficacité énergétique.
L’éolien est le plus en avance sur le plan industriel. Les différents parcs du
pays ont contribué à hauteur de 496,2 GWh dont 165,6 de production
concessionnelle dans l’énergie nette appelée en 2010 qui a atteint 10.315,4
GWh. Dans cette filière, les technologies sont déjà en grande partie au point.
Ne reste plus qu’à savoir où le développement va s’étendre: sur terre ou en mer ?
SOURCE
WEB Par
Bachir THIAM L’Economiste