Patrimoine et Développement Durable dans les Villes Historiques du Maghreb Contemporain
Au-delà des représentations idéologiques et des discours urbanistiques, il est évident que la ville historique au Maghreb représente une réalité extrêmement variée sinon composite. Les « ksour » de l’Atlas ou du désert, les anciennes « médinas » des villes grandes et petites des plaines agricoles ou de la bande côtière, et encore, pourquoi pas ? , les « quartiers européens » ou les « nouvelles médinas » de la « ville coloniale », sont le témoignage d’une civilisation urbaine aux stratifications culturelles multiples. Ils représentent, dans la ville contemporaine, une entité sociale, économique et fonctionnelle, dont le poids dans les processus de développement urbain n’est certainement pas le même à Alger ou à Marrakech, à Tunis ou à
Fès.
Au-delà de toute différence, ce qui permet de poser la question du rôle de la ville historique dans le développement durable au Maghreb, est bien sa « dimension patrimoniale», à savoir la valeur identitaire et culturelle qui commence à être reconnue comme un aspect essentiel du développement. Ce ne pas un hasard d’ailleurs si la « conservation » de ce patrimoine fait l’objet, de plus en plus, d’un intérêt de la part des gouvernements et des administrations nationales ou régionales ainsi que des institutions financières et des agences de la coopération internationale. Cela se traduit, non sans difficultés et contradictions, en programmes et projets d’interventions de plus en plus nombreux, qui s’attachent à la sauvegarde et à la valorisation de ce « patrimoine historique ». S’il est difficile de décerner dans ces initiatives qui se multiplient dans tous les pays du Maghreb, les lignes d’une politique cohérente, il est sans doute vrai qu’on est désormais passé de l’énonciation à l’ébauche d’une action qui n’est plus occasionnelle, mais qui s’inscrit dans une tentative de maîtriser les transformations urbaines même à travers la sauvegarde du patrimoine culturel.
Les villes historiques du Maghreb, dans leur multiplicité de situations et de problématiques, illustrent les divers aspects et enjeux d’un processus de transformation économique et socioculturelle qui se traduit de plus en plus en une urbanisation fragmentée, apparemment incohérente, qui s’articule désormais autour d’une multiplicité de « centres ». Dans ce contexte, la ville historique a perdu sa « centralité », a vu modifier son rôle et figure parmi les lieux où les problèmes et les défis les plus urgents se manifestent : les flux migratoires, la paupérisation, la densification de l’habitat, la dégradation de l’environnement, les conflits urbains, etc. Mais, dans un contexte de globalisation, elle peut représenter avec des valeurs identitaires un potentiel (ressources humaines, savoir-faire et cultures locales, structures bâties et espaces urbains), à mobiliser et valoriser, pour ouvrir de perspectives nouvelles d’un développement durable.
Les expériences consolidées au Maghreb sont aujourd’hui encore très peu nombreuses, tandis que les « pistes » ouvertes dans les domaines de la décision, de la réflexion et de l’action semblent se multiplier avec des approches et des objectifs parfois très divergents. Les défis et les enjeux proposés par ces villes sollicitent donc une réflexion sur l’interdépendance entre le développement durable et les politiques culturelles, qui peut s’articuler autour de trois volets principaux :
- La valeur identitaire du patrimoine culturel comme facteur possible de cohésion sociale pour créer un consensus autour des objectifs d’un développement plus durable ;
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SOURCE WEB PAR ACADEMIA