Crise de l\'eau Zagora, victime du succès de ses pastèques
Surexploitation de l’eau d’irrigation et des eaux souterraines
Assèchement des puits et augmentation de la salinité, les conséquences
Le gain facile pousse à l’abandon des autres cultures oasiennes
La pastèque de Zagora a une excellente réputation sur le marché marocain.
Le grand succès des pastèques de la région ont conduit à la raréfaction des ressources hydriques. Très "hydrivore",
la culture de ce fruit a contribué à l'assèchement des puits, au point
que les populations des villages avoisinants ont dû s’approvisionner
pendant tout l’été via des camions citernes. Les associations locales
tirent la sonnette d'alarme (Ph. Fotolia)
Cette célébrité tient de
son goût sucré caractéristique et de sa précocité, un grand atout pour
l’exportation vers les marchés nationaux très demandeurs de cette
variété. Ces deux facteurs font que la culture des pastèques est très
rentable pour les agriculteurs locaux qui bénéficient de prix élevés en
début de campagne. Ceci a engendré une culture intensive sans pour
autant être structurée et contrôlée. «Il n’y a pas de données
officielles récentes sur la culture des pastèques dans cette région. La structuration et la traçabilité d’une filière maraîchère suivent
quand celle-ci est destinée à l’exportation internationale, ce qui
n’est pas le cas de la pastèque», explique Souleimani Saâd, secrétaire
générale de l’Association marocaine des producteurs et producteurs exportateurs de fruits et légumes (APEFEL). Le revers de la médaille est l’impact
|
Pour
un volume total de consommation de 12 millions de mètres cubes d’eau,
le palmier consomme 9,32%, le henné 19,40% et la pastèque 58,31% (7
millions de m3). Alors que les autres légumes et blé totalisent à peine
12% de la consommation totale de cette culture consommatrice d’eau sur la situation hydrique de la région.
Bien qu’aucun lien direct n’a été établi entre la culture de pastèques
et l’assèchement des puits en saison d’été, les associations locales
tirent la sonnette d’alarme.
«L’été 2014, nous avons soumis une
requête auprès des autorités locales et au ministère de l’Environnement
pour contrôler la culture intensive de la pastèque à Zagora qui assèche
les puits et les eaux souterraines», s’inquiète Jamal Akchbabe, président de l’Association des amis de l’environnement de Zagora.
En effet, l’été de 2014 a connu une grande sécheresse des puits au
point que les habitants des villages avoisinant la ville ont dû
s’approvisionner pendant tout l’été via des camions citernes.
L’assèchement des eaux souterraines entraîne aussi l’augmentation de la
salinité, dont les conséquences sur la santé sont graves. Une étude
effectuée par l’Agence du bassin hydraulique de Souss Massa et Draâ en
septembre 2014 a démontré l’incapacité de couvrir les besoins en eau
pour la région de Zagora. En effet, la principale source d’eau provient
des retenues du barrage Mansour Eddahbi et des eaux souterraines,
qui enregistrent une forte diminution ces dernières années. La période
allant de 2012-2014 a enregistré le taux le plus bas de remplissage des
barrages dans les bassins de Souss Massa et Draâ. Les apports en eau ont
été négatifs avec la pluviométrie quasi nulle sur cette période, hormis
les inondations survenues en décembre 2014. Le barrage Mansour Eddahbi
qui dessert le bassin du Draâ a enregistré sur cette période un déficit
de 85% en apport d’eau comparé à un apport normal sur la même période.
«Pour irriguer 200 ha de pastèques, on a besoin de 10 millions de m3
d’eau, alors que le même volume d’eau peut irriguer 1.000 ha de
palmiers»,
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A Faija,
sur une superficie totale irriguée de 1.357 ha, la pastèque vient en
tête avec une superficie de 972,75 ha, suivie par le henné avec 112,25
ha et le palmier dattier avec 98,25 ha
compare Mhamed El Fasskaoui, directeur de l’Agence du bassin hydraulique de Souss Massa et Draâ.
La surexploitation de l’eau d’irrigation n’est pas le seul danger de la
culture des pastèques. Le gain important issu de cette culture en fait
une culture concurrente. En effet, les projets d'irrigation localisée
pour la filière pastèque sont subventionnés à hauteur de 80% allant
jusqu’à 100%. Certes, la filière réalise des profits importants pour les
agriculteurs, allant jusqu’à 60.000 DH de gain net par hectare. Il
s’ensuit une concurrence en superficie et en consommation d’eau avec les
autres cultures oasiennes. En somme, la filière, bien que rentable et à
forte valeur économique pour la région, a démontré qu’elle ne dure que
quelques années dans les zones oasiennes. Alors que les ressources en
eau se raréfient et la demande augmente, Zagora doit faire un arbitrage.
Cette situation pose avec insistance l’importance de la rationalisation
de l’utilisation de l’eau.
La nappe Faija: Un déficit de 5 millions de m3 en eau
Le
cas de la nappe phréatique de Faija mérite d’être cité. C’est la
principale ressource en eau qui alimente la culture des pastèques dans
cette région. L’Agence du bassin hydraulique a effectué en 2014 une
étude spécifique au niveau de celle-ci afin de déterminer la meilleure
façon de rationaliser l’utilisation de cette nappe. Un déficit de 5
millions de mètres cubes en eau par an a été identifié. L’eau consommée
équivaut à 15,57 m3/sec alors que l’eau qui alimente la nappe ne dépasse
pas 10,34 m3/sec. Le volume d’eau utilisée dans l’agriculture est le
plus important et représente 11,93 m3/sec comparé à l’eau potable qui
est de seulement 0,8 m3/sec. Ce déséquilibre est le résultat de la
surexploitation des eaux superficielles, particulièrement suite à la culture intensive de la pastèque dans cette région.
Une culture migrante
Une
tendance à la baisse des superficies cultivées des pastèques a été
remarquée depuis 2009. Selon une note de veille sur la filière pastèque
du ministère de l’Agriculture, la moyenne de superficie cultivée est
passée de 17.300 ha (2005-2009) à 14.300 ha (2009-2013), soit un recul
de 21%. Cette baisse s’est accompagnée d’une délocalisation de la
production des régions du centre et du nord vers les région du sud du
Maroc, notamment le Tadla, le Haouz et le Souss. Le Draâ
accueille cette culture depuis plus d’une dizaine d’années. Néanmoins,
l’historique de la culture des pastèques dans les zones oasiennes
démontre que c’est une culture qui ne dure pas. D’abord à cause de la
rareté des ressources hydriques. Mais aussi suite à l’appauvrissement
des sols après juste quelques années. «Pour s’en rendre compte, il
suffit de constater les anciennes plantations de pastèques à Guelmim qui
sont désertées aujourd’hui» rappelle Mhamed El Fasskaoui, directeur
général de l’Agence du bassin hydraulique SM et Draâ Tafilalt. Cette
région a été pourtant fortement productrice de pastèques entre 2007 et
2010. Le rendement par hectare de la culture ayant chuté, les terres
ont été tout simplement abandonnées, car rien ne pousse dans une terre
ayant servi pour la culture de pastèques.
Le 06 Décembre 2015
SOURCE WEB Par L’éconmiste
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d’une filière maraîchère– Association marocaine des producteurs et
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Akchbabe, président de l’Association des amis de l’environnement de
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