Gros plan sur le touriste espagnol
Dans toute économie qu’elle soit macro ou micro, locale ou internationale, industrielle ou de service, le client demeure le nerf de la guerre. Il est nommé roi dans toutes les circonstances, bénéficie
de toutes les attentions pour qu'il soit satisfait du produit qu’il
achète. Chose qui n’est pas toujours évidente quand on sait que ses
exigences sont devenues de plus en plus pointues. Dans le secteur du
tourisme, ces exigences sont carrément contraignantes. Et pour cause le
touriste n’emporte pas le produit chez lui, il va chez le produit dont la qualité est beaucoup plus immatérielle que matérielle, le consomme et le juge sur place. Il
est toujours en contact direct avec le fournisseur qu’il soit
distributeur (TO, agence de voyage) transporteur (compagnie aérienne) ou
hébergeur (hôtels, maisons d’hôtes et autres). Autant dire qu’il faut savoir tout sur le touriste à travers sa nationalité pour décrypter sa mentalité, son comportement, ses spécificités sociales, culturelles et économiques. Au delà du marketing usuel, la communication passe par la maitrise de la langue du touriste, ses us et coutumes, ses désirs et ses ressentiments. On
frise la psychanalyse dans ce qu’on appelle l’ « espionnage »
touristique. Un espionnage, bien entendu, on ne peut plus légal. La
preuve par l’Espagne.
L’Espagne qui est notre plus proche voisin dans l’autre rive de la
Méditerranée, est un marché émetteur de premier rang au niveau du
tourisme mondial. Ce qui ne l’a pas empêché d’exporter ses propres
touristes vers d’autres pays notamment en Europe et dans une moindre
mesure en Afrique du nord et particulièrement le Maroc. Situé à la
pointe de la Méditerranée, juste en face du Maroc, l’Espagne s’étend sur
une superficie de 505 370 km qui longe des frontières avec la France et
le Portugal. Une position stratégique qui lui a conféré pendant des
siècles, un rôle majeur dans le commerce international où ce pays est
devenu une puissance maritime et coloniale. Ce qui explique la diversité
de son tissu socioculturel qui a été particulièrement enrichi quand l’Espagne a subi la domination arabe pendant des siecles.
A la fin du XXème siècle, l’Espagne a connu un essor économique
conséquent surtout lorsqu’il est devenu membre de l’Union Européenne
(UE).
Il compte aujourd’hui plus de 47 millions d’habitants répartis dans les
plus grandes villes notamment la capitale Madrid (3, 27 millions H)
Barcelone (1,62M), Valencia (0,8O M) et Séville (0,70M). La population
espagnole est relativement jeune puisque près de 40% de la population
est situé dans une tranche d’âge qui varie entre 0 et 44 ans et que 80% des habitants ont moins de 60 ans.
Un potentiel humain considérable qui a connu une bonne période
d’activités économique avant que la crise économique mondiale de 2008,
ne vienne le frapper de plein fouet.
L’Espagne a été le plus durement touché au sein de l’UE, du coup il
compte le plus haut taux de chômage enregistré dans l’OCDE soit 22,8 %.
Mais depuis quelque temps la péninsule ibérique connaît une certaine
embellie avec une croissance du PIB de 0,7%, un taux d’inflation de 2,3%
et un revenu moyen mensuel de 2000 Euro. Il est vrai que ce léger
redressement n’a pas encore impacté le taux de départ des Espagnols à l’étranger qui demeure très inferieur à celui de ses voisins en se calant à 8,4%.
D’ailleurs les destinations les plus prisées des Espagnols demeurent la
France avec 2, 78 millions, le Portugal(1,55M), l’Italie (1,47M),
l‘Angleterre ( 0 ,89M) et l’Allemagne (0,79M). Par contre les touristes
espagnols égalent plus ou moins leurs homologues italiens et belges en
matière de durée de séjour moyen (DMS 8,7 jours) et en dépense moyenne
par séjour (706,2 E). Des dépenses qui sont réparties en package
TO(20%), au transport (19%), à l’hébergement( 23%) et 38% aux activités ,
à la restauration et au shopping. Ils partent généralement en vacances
pendant le mois d’aout et raffolent beaucoup plus pour les sites
culturels, les villes spécifiques que les destinations balnéaires. Ils
puisent leurs informations relatives à leurs destinations
essentiellement dans les sites Web des agences de voyages (El corte
inglec, Halcon viajes, viajes Iberia), des TO (Orizonia, Globalia,
Pullman), des hôtels et des compagnies aériennes. Ils ont toutefois une
préférence pour les guides de voyage Michelin et lonely Planet et les
sites d’agence de voyage en ligne « lastminute ».
L’Espagne qui est un pays touristique par excellence reçoit plus de 70
millions de visiteurs par an, devrait en principe inspirer les
responsables du tourisme marocain quant au secret de cette réussite. Pis
encore, notre pays ne profite aucunement de la proximité géographique
et de la maitrise de la langue espagnole dans le nord et le sud du
Maroc, pour importer un tourisme de masse en provenance de notre voisin.
Même si le taux de croissance moyen des arrivées connaît depuis 2005
une augmentation annuelle de 7%, on reste en deça des 200000 visiteurs
en 2011.
Trop peu par rapport aux millions d’espagnols qui sillonnent l’Europe,
encore faut-il préciser que depuis le pic de 2010(204000), la courbe
d’arrivées ne cesse de décroitre. Il en est de même pour la courbe des
nuitées qui a chuté de 25% entre 2010 et 2011.
Certes la crise est passée par là, mais comment expliquer ces
dysfonctionnements dans les connexions aériennes entre les deux pays
avec une fréquence de 93 vols. Casablanca qui s’accapare la part belle
du gâteau avec 37 liaisons( Madrid, Barcelone, Valence, Malaga) , arrive
en troisième position en matière de nuitées loin derrière Marrakech( à
peine 20 connexions) et Tanger(21).
La capitale Rabat ne compte que trois liaisons avec Madrid. Pis encore
Agadir n’est pas relié aux points aériens espagnols, tout comme Fès et
autres contrées du sud, pourtant pleines de sites naturelles et
spécifiques dont raffolent les touristes espagnoles. C’est dire que le
ministre Haddad et sa compagnie de l’ONMT, connaissent peu ou proue du
comportement d’achat touristique des Espagnols. Ces derniers disposent
de 30 jours de congés et de 15 jours fériés dont notamment les vacances
de Noel (du 23 décembre au 8 janvier), de Pâques (de 30 mars au 9 avril)
et des vacances d’été (de 27 juin au 9 septembre). Autant dire que les
opportunités ne manquent pas face aux multiples atouts de la proximité.
Cela dépend certainement des manœuvres d’approche commerciale de nos
responsables vis à vis des deux grandes fédérations des agences de
voyages espagnoles, des multiples TO et autres réseaux de vente en
ligne. Nos voisins espagnols respirent pourtant l’air méditerranéen
comme nous avec une sensibilité très poussée aux relations personnelles.
Ce qui ne nécessite aucunement un savoir faire extraordinaire, sinon
une invitation à une convivialité très porteuse avant de passer au
négoce. C’est ce qui prône en tout cas « l’espionnage touristique » qui
conforte allègrement la légendaire chaleur humaine des Espagnols.
16 Février 2015 11:48
SOURCE WEB Par La Vie Touristique
Tags : le client demeure le nerf de la guerre, il est nommé roi dans
toutes les circonstances- Le touriste va chez le produit dont la qualité
est beaucoup plus immatérielle que matérielle, le consomme et le juge
sur place- savoir tout sur le touriste à travers sa nationalité pour
décrypter sa mentalité- la communication passe par la maitrise de la
langue du touriste, ses us et coutumes, ses désirs et ses ressentiments-
l’Espagne a subi la domination arabe pendant des siecles- A la fin du
XXème siècle, l’Espagne est devenu membre de l’Union Européenne (UE)-
80% des habitants de l’Espagne ont moins de 60 ans- le taux de départ
des Espagnols à l’étranger qui demeure très inferieur à celui de ses
voisins en se calant à 8,4%-