Desarticulé, Desertec continue son lobbying au Maroc
Après le désistement de plusieurs grandes sociétés et sa séparation avec Fondation Desertec, le consortium Desertec Industrial Initiative (Dii), s’est tourné vers les pays du MENA, lors de sa conférence annuelle, les 30 et 31 octobre 2013, à Skhirat, pour les convaincre d’investir massivement dans les énergies renouvelables.
La société First Solar, précédemment "partenaire associé" a rejoint les actionnaires de la Desertec Industrial Initiative le 11 mars 2013. (photo First Solar)
MEDITERRANEE. Desertec Industrial Initiative (Dii) s’est présentée seule lors de sa conférence annuelle, à Skhirat, près de Rabat, mercredi et jeudi 31 octobre 2013. Le consortium d’industriels intervenant dans les énergies renouvelables en particulier solaire est séparé, depuis le 1er juillet 2013, de la Desertec Foundation alors que leur projet commun était d’installer d’immenses fermes solaires au Maghreb et d’exporter l’énergie ainsi produite vers l’Europe. Devant un parterre de responsables européens et de la zone MENA, Paul van Son, le CEO de Dii, a tenté de convaincre chacun d’investir dans les énergies renouvelable.
« Le fonctionnement de Dii est très compréhensible. Ce sont des
sociétés qui mettent de l’argent dans ce projet, elles veulent donc que cela
porte ses fruits, qu’elles puissent signer des contrats, générer du
business ; c’est l’objectif de la conférence à Skhirat : elles
viennent faire du lobbying pour activer ce marché auprès des grands
donneurs d’ordre », explique Badr Ikken, directeur général de
l’Institut de Recherche en Énergies Solaires et Énergies Nouvelles (IRESEN).
Exporter l'électricité n'est plus une priorité
La volonté de voir les gouvernements, comme celui du Maroc, investir dans le secteur est d’autant plus fort que le consortium industriel a été affaibli par plusieurs désistements. En 2012, les sociétés allemandes Bosch et Siemens quittaient notamment le navire.
« Je pense que Dii peut continuer aujourd’hui s’il change sa vision.
L’idée de départ était probablement trop ambitieuse. Elle suppose des
investissements astronomiques. Qui peut les engager dans un tel contexte de
crise, d’instabilité régionale lié aux révolutions arabes ? Dii doit s’adapter
aux nouvelles conditions et essayer de séduire les pays de la région MENA »,
estime Driss Zejli, président de la société marocaine de développement des
énergies renouvelables.
Dii y semble prêt. « Honnêtement, voici quatre ans, l’acheminement de
l'énergie depuis l'Afrique du Nord constituait la raison d’être de Desertec.
Nous avons abandonné cette vision unidimensionnelle. Il s'agit à présent de
créer des marchés intégrés dans lesquels l'énergie renouvelable apportera ses
avantages », a expliqué Paul van Son, PDG de Dii, le 31 mai 2013 face
à la presse. A Skhirat, le CEO de Dii a encore insisté sur la nécessité de
« mettre en œuvre des applications pratiques et [de se garder] de
créer un mirage. »
Etablir les réseaux avant tout
La Fondation qui s’était saisie de cette sortie médiatique pour se séparer de Dii relativise à son tour beaucoup aujourd’hui, l’importance de l’exportation de l’électricité vers l’Europe. La résistance de l’Espagne, exportatrice d’énergie solaire l’a progressivement détourné du Maroc. « Il n’y a pas que le Maroc. Aujourd’hui nous travaillons sur d’autres zones comme les déserts de Mongolie et d’Australie. Il est très compliqué de mettre en œuvre Desertec au Maghreb car il ne dispose pas à l’heure actuelle des infrastructures nécessaires et envisager d’exporter l’énergie en Europe pose beaucoup de problèmes que ne posent pas d’autres régions du monde », admet également Thiemo Gropp, co-fondateur de la Fondation Desertec.
Une troisième voie se dessine, pour Badr Ikken : l’installation des connexions entre l’Europe et le Maghreb pourra servir tant à l’exportation qu’à l’importation d’énergie. « Aujourd’hui, l’Espagne est excédentaire en matière d’énergie solaire et même l’Allemagne par moments », explique-t-il. Les réseaux mis en place serviraient alors au Maroc, et au Maghreb à importer l’électricité européenne excédentaire et donc moins chère puis à exporter, si la demande s’inverse.
SOURCE WEB Par Julie Chaudier, Econostrum
4 Novembre 2013
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