AUDIOVISUEL LE RAPPORT PARLEMENTAIRE ENFIN PRÊT
IL ACCABLE 2M POUR SON RECOURS MASSIF AU «FREE-LANCE»
LA SNRT CRITIQUÉE POUR SA FAIBLE PROGRAMMATION CULTURELLE ET POLITIQUE.LES DÉPUTÉS APPELLENT À UNE RESTRUCTURATION DU PÔLE AUDIOVISUEL
La baisse des subventions publiques a conduit le pôle audiovisuel public à recourir à des programmes à bon marché et, donc, de moindre qualité. Cela concerne aussi bien 2M que la SNRT, selon le rapport de la mission exploratoire
Mieux vaut tard que jamais. La mission exploratoire de la Commission de l’enseignement, de la culture et de la communication de la Chambre des représentants a dévoilé hier son rapport sur les chaînes de télévision publiques. Pourtant, cette mission a été conduite par les députés au cours de l’été 2012. Des divergences sur l’élaboration du rapport ont été à l’origine de ce retard. En tout cas, le ministre de la Communication a appelé les députés à faire preuve d’une grande prudence étant donné que ce constat remonte à 2012. «L’évolution que le secteur a connue n’a donc pas été prise en compte», a souligné Mustapha El Khalfi.
Le rapport accable surtout 2M. Le premier point noir soulevé concerne le recours massif au free-lance qui permet à la chaîne d’Ain Sebaâ à Casablanca de réduire ses coûts. Cela dit, «2M n’a plus embauché en CDI depuis 2008 et ce, malgré un déficit en ressources humaines», a affirmé Abdessamad Haikar, député du PJD et rapporteur de la commission. Le document pointe aussi l’absence d’un système de répartition des missions. Ce qui traduit «une mauvaise gestion des ressources humaines», a-t-il ajouté. La mission exploratoire a toutefois salué les efforts accomplis par 2M pour consacrer la présence féminine. En effet, les femmes représentent 56% du staff de la chaîne d’Ain Sebaâ dirigée par Salim Cheikh qui avait affirmé aux députés que 2M réalise le triple de ce qui est exigé par son cahier des charges.
Outre le volet ressources humaines, le rapport a aussi relevé la dépendance de la chaîne de la publicité. «Face à une baisse des subventions publiques, la santé financière de 2M dépend de plus en plus des recettes publicitaires», a pointé le rapporteur. En fait, la publicité représente 95% des ressources de la chaîne. Or, les députés qui ont réalisé ce rapport redoutent l’impact négatif de cette dépendance sur la liberté éditoriale de 2M. Déjà «la baisse des subventions publiques a poussé la chaîne à acquérir des programmes à bon marché et, donc, de moindre qualité», a ajouté Haikar qui a cité la diffusion de feuilletons turcs. Au-delà de la qualité de la programmation, la mission exploratoire sur le pôle audiovisuel public reproche aussi au département de Salim Cheikh son «manque de transparence» en matière de production externe. «La Soread 2M a omis de nous communiquer la liste des boîtes de production avec lesquelles elle collabore», a fait savoir Haikar.
Selon les députés, la SNRT ne fait pas mieux. Elle est surtout attaquée pour la faiblesse de ses émissions culturelles et politiques. Le document pointe aussi la diffusion de feuilletons doublés en dialecte. «C’est à se demander si cette entreprise dispose de critères précis en matière de diffusion d’émissions», s’est interrogé Rachida Benmassoud, députée de l’USFP et membre de la mission exploratoire. D’ailleurs, la diffusion de séries doublées en dialecte avait provoqué des vagues. En tout cas, «la politique suivie aujourd’hui par la SNRT lui a fait perdre la moitié de ses téléspectateurs», a fait savoir la députée.
Par ailleurs, le rapport fait ressortir «l’absence de transparence dans le recrutement et pointe l’ouverture inutile de bureaux régionaux». Les critiques portent également sur le retard enregistré en matière d’exécution des programmes de formation. D’autant que «le dialogue entre l’administration et le syndicat indépendant des salariés de la SNRT est marqué par une certaine irrégularité». Dans le même ordre, le rapport soulève d’importants écarts de salaire entre les directeurs et les autres salariés sans donner plus de détails. S’y ajoute aussi la centralisation des décisions qui restreint le champ d’action du personnel. Avec autant d’insuffisances, «la structure du pôle audiovisuel public est aujourd’hui dépassée», a lancé Benmassoud. Le rapport recommande d’ailleurs de restructurer ces deux chaînes. L’objectif est de permettre aux salariés d’accomplir leurs missions en toute indépendance. Cette proposition a été favorablement accueillie par le ministre de tutelle. Celui-ci a affirmé que son département s’apprête à lancer une nouvelle vague de réformes, après celle de 2012.
Améliorer la qualité de la programmation
Le rapport de la commission exploratoire sur le pôle audiovisuel public recommande la mise en place d’une charte éditoriale comme un cadre référentiel. Le but étant de protéger les chaînes publiques contre toute influence, notamment publicitaire. De même, le document prône l’élaboration d’une politique définissant les conditions de recours à la production externe. Selon la députée de l’USFP, Rachida Benmassoud, cela permettra de «privilégier la qualité à la quantité».
SOURCE WEB Par Hajar BENEZHA
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