Tourisme Les agences de voyages pointent du doigt les sites de deals offrant des produits touristiques
Les voyagistes estiment que ce commerce est illégal au regard de la loi 31-96 portant statut des agences de voyages. Ils vont revoir leur convention avec les hôteliers afin d'instaurer une certaine déontologie et une meilleure collaboration.Les agences de voyages sont-elles menacées par les sites marchands sur Internet qui commercialisent, entre autres choses, des prestations touristiques ? La réponse n’est pas évidente quand on voit le volume de ces transactions commerciales hôtelières ou autres, qui ne représentent, pour l’heure, pas grand-chose dans le e-commerce qui lui-même reste, pour de nombreuses raisons, à l’état embryonnaire. Malgré cela, et cette question a été même à l’ordre du jour lors d’une réunion qui a eu lieu récemment entre la Fédération nationale des agences de voyages (FNAVM) et son homologue, la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH), les voyagistes ont pointé du doigt les sites Internet qui vendent des deals et autres prestations en les achetant (souvent à prix réduits) directement aux hôteliers. Les voyagistes estiment, en effet, que ce commerce est illégal au regard de la loi 31/96 portant statut des agences de voyages qui interdit à quiconque qui n’est pas en possession d’une licence d’agent de voyage délivrée par le ministère du tourisme de vendre des prestations touristiques.Ce que demandent les voyagistes c’est que ces sites marchands, dans la mesure où ils ne disposent pas d’une licence, passent obligatoirement par une agence de voyages marocaine, souligne Ahmed Soukkani, secrétaire général de l’Association des agences de voyages de Casablanca (AVC), moyennant une commission négociée avec ces agences. Du reste, cette pratique est courante chez certains sites de e-commerce pendant que d’autres agissent dans une complète illégalité.
Les centrales d’achat étrangères, l’autre problème des agences
Mais là où le bât blesse en réalité, c’est quand ce sont de grandes centrales étrangères qui ont d’importantes capacités d’achat des lits chez les hôteliers marocains qui se livrent à ce genre de commerce, encaissant leur commission de 20% à la source et en devises à l’étranger, souligne M. Soukkani.Qui plus est, ces centrales de ventes profiteraient même de la “bienveillance” de la plateforme de l’Office national marocain du tourisme (ONMT) pour vendre des produits destinés aux nationaux comme ceux qui sont commercialisés dans le cadre de Kounouz Biladi, tient-il à préciser.Par ailleurs, il semble que certains hôteliers marocains se sont retrouvés eux-mêmes avec de grosses factures non payées par des sites marchands étrangers qui n’offrent aucune garantie de solvabilité.Toujours est-il que, exprimant leurs reproches à l’égard des hôteliers, les voyagistes ont été priés gentiment par ces derniers de revoir un peu leurs business-plans pour être eux-mêmes plus agressifs et concurrentiels sur Internet et proposer leurs services aux hôteliers qui ne demandent pas mieux, particulièrement en cette période de crise où ils peinent à commercialiser leurs lits. Après tout, souligne un hôtelier, que représentent quelques sites de deals sur Internet face à plus de 800 agences de voyages qui ont pignon sur rue ?La balle étant dans les deux camps à la fois, les responsables au niveau de la FNAVM et de la FNIH ont décidé de revoir la convention qui les lie depuis 2001, à l’époque où la majorité des ventes passaient par les grands TO étrangers. Une convention qui n’a jamais été vraiment appliquée. Aujourd’hui, le tour-operating a vu sa place fortement réduite dans le chiffre d’affaires des hôteliers au profit des ventes sur internet qui pèsent de plus en plus lourd. Et c’est une raison suffisante pour que les hôteliers et les voyagistes revoient leur collaboration à l’aune de cette évolution qui est irréversible. Il s’agit de mettre de l’ordre dans leurs relations et d’instaurer une certaine déontologie qui devrait s’appuyer sur une meilleure collaboration, et notamment pour ce qui est des délais et des justificatifs de paiement. En principe, la nouvelle version de la convention devrait être prête dans quelques semaines, sachant qu’il existe déjà un texte de base qui est celui de 2001.
Le président de la Fédération du e-commerce au Maroc (FNEM), Amine Serhane, estime, quant à lui, que rien n’interdit aux sites de e-commerce de travailler avec les hôteliers directement et c’est aux voyagistes de se regrouper pour représenter une force de vente plus forte.
SOURCE WEB Par Mohamed Moujahid. La Vie éco