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Produits du terroir Des jardins potagers pour contrer la malnutrition

Produits du terroir  Des jardins potagers pour contrer la malnutrition

Dans le cadre d’un projet de lutte contre la pauvreté en Afrique à travers la promotion de l’agriculture de proximité lancé par l’ONG italienne Slow Food, plus d’une dizaine d’expériences pilotes ont été réalisées au Maroc.

L’agriculture équitable permet aux petits paysans de mieux bénéficier des fruits de leurs efforts.

Lors de la dernière édition de Terra Madre, le rendez-vous des défenseurs de l’alimentation juste et propre, organisé par l’association Slow Food (SF) en octobre 2010 à Turin, il a été annoncé le projet de création de 1 000 jardins potagers (scolaire, familial, ou communautaire) pour lutter contre la malnutrition en milieu rural en Afrique. Selon les responsables de cette organisation non gouvernementale (ONG) italienne, une trentaine de jardins devraient être créés au Maroc.

À deux mois de l’édition Terra Madre 2012, prévue du 25 au 29 octobre prochain, qu’est-ce qui a été réalisé au Maroc depuis l’annonce de cette initiative de lutte contre la pauvreté et la malnutrition ? «Jusqu’à maintenant, nous avons créé 14 jardins potagers pilotes à travers tout le territoire, dont la majorité se trouve dans la région d’Errachidia», a répondu Zoubida Charrouf, enseignante chercheuse au département de chimie à la Faculté des sciences de l’université Mohammed V-Agdal à Rabat et présidente de l’association Slow Food Maroc.

Toujours à l’échelle nationale, cette dernière annonce également organiser, avant la fin de l’année, des rencontres entre petits agriculteurs et chefs de cuisine des grands hôtels. Cette initiative, qui vise à écourter la chaîne de production et de distribution, a pour objectif également de réduire le rôle des intermédiaires. Autre initiative en perspective, l’organisation des filières (formation et création de coopératives) pour des produits du terroir, à l’instar de ce qui a été réalisé pour l’argan pour favoriser un développement local dans des zones rurales. «Nous allons commencer par la céréale l’épeautre, connue sur le nom “Chekalya”. Au Maroc, cette espèce végétale est actuellement menacée de disparition dans le Rif marocain où elle a été longtemps cultivée et sa paille utilisée dans la confection de toitures, de bâts de mulet et de matelas. C’est une céréale naturellement pauvre en gluten, donc très bénéfique surtout pour les personnes qui veulent limiter leur consommation en gluten, et riche en magnésium et protéines, d’une qualité nutritive reconnue supérieure au blé. En France, le prix du pain fabriqué à partir de cette céréale est 15 fois supérieur à celui du pain normal», a ajouté Mme Charrouf.

Parallèlement à des produits déjà développés (safran, le cumin et sel de Zerradoune, etc.), Slow Food Maroc compte également développer le gombo, une culture potagère donnant des fruits tendres, nutritifs et diététiques d’assez bon rapport, très prisés. Sa culture est assez exigeante en irrigation, de la plantation jusqu’à la récolte.

Elle est actuellement commercialisée sans transformation, avec des conditions de stockage proche du haricot vert. À l’échelle nationale, l’agriculture propre et de proximité est également défendue par l’ONG Terre et Humanisme Maroc. Cette antenne nationale de l’association française, fondée par l’écologiste Pierre Rabhi a lancé le projet de construction d’un centre international de l’agro-écologie dans le sud du Maroc qui servira notamment à former de petits agriculteurs à ce mode de production durable. L’édition «Terra Madre 2012» se déroulera en même temps que le «Salon international du goût». Pour la première fois, ces deux rendez-vous dédiés à l’alimentation constitueront un même événement, entièrement ouvert au public.

Des communautés de la nourriture du monde entier seront présentes à ce rendez-vous international. Bon nombre d’entre elles tiendront un stand, où leur propre histoire sera contée à travers les produits présentés. Environ 1 000 exposants venus de 100 pays sont attendus. Le droit à l’alimentation, l’accaparement des terres agricoles en Afrique, la politique agricole commune de l’Union européenne (UE), le lien entre alimentation et santé, le changement climatique et le bien-être animal figureront parmi les nombreux thèmes qui seront discutés au cours d’une quarantaine de conférences. 


Politique agricole commune

Dans l’Union européenne, Slow Food souhaite encourager la nouvelle politique agricole commune (PAC) à devenir un vecteur de rajeunissement du monde rural en rendant sa dignité au travail agricole. Cela passe par des revenus décents, la création de réseaux au travers du monde agroalimentaire, un soutien à la formation et des connaissances intergénérationnelles des jeunes agriculteurs, une simplification des procédures administratives et la mise en place de subventions pour la création de nouveaux projets.

La PAC doit également articuler la nouvelle structure du système agroalimentaire autour des productions durables à petite et moyenne échelle en révisant les appellations d’origine, en délivrant une gratification aux producteurs qui défendent la biodiversité traditionnelle et locale, en introduisant une éducation environnementale dans les écoles et des campagnes de sensibilisation, en créant des débouchés pour ces producteurs à petite et moyenne échelles.

Repères

  • Le 10 décembre de chaque année, Slow Food célèbre le Terra Madre Day. C’est un rendez-vous qui réunit paysans, petits agriculteurs, cuisiniers, enseignants, étudiants, etc.
  • L’épeautre a été rencontré dans les régions de Taounate, Ghafsaye, Ouazzane et Ksar El Kbir. Le diagnostic a mis en évidence la contrainte majeure de sa culture qu’est le décorticage des graines.
  • Le financement de machines de décorticage aux coopératives locales en zone de la production de l’épeautre permettra la relance de cette culture et sa valorisation.

Publié le : 19 Août 2012 –

SOURCE WEB Par Rachid Tarik, LE MATIN