5 ans de l\'INDH .Penser autrement les politiques publiques
Entretien avec la gouverneur-coordinatrice nationale de l’INDH
Pour la gouverneur-coordinatrice nationale de l’INDH, la prochaine étape nécessite la prise en compte d’un arsenal de mécanismes et d’outils en matière de bonne gouvernance, de ciblage, de formation et de renforcement des capacités
Nadira El Guermaï, gouverneur coordinatrice de l’INDH, dresse le bilan de la 1re phase de l’INDH, défend les acquis, les réalisations mais fait aussi part des contraintes majeures et des pistes d’amélioration. Selon El Guermaï, la prochaine étape nécessite la prise en compte d’un arsenal de mécanismes et d’outils en matière de bonne gouvernance, de ciblage, de formation et de renforcement des capacités, de contrôle et d’audit…
- L’Economiste: Quels enseignements et difficultés ont
été tirés de la 1re phase de l’INDH?
- Nadira Guermaï: Durant sa première phase 2005-2010, l’Initiative a été
marquée par la réalisation de plus de 22.000 projets et actions de
développement, dont 3.700 activités génératrices de revenus au profit de plus
de 5,2 millions de bénéficiaires. Le montant d’investissement global s’élève à
14,1 milliards de DH avec une contribution de l’INDH de 8,4 milliards de DH. Au
cours de la première phase, l’Initiative a tissé de façon graduelle un changement
significatif dans le mode de conduite des politiques publiques, en instaurant
un changement comportemental notoire au sein de la population qui devient de
plus en plus engagée. Grâce à ses fondements et sa démarche, l’Initiative a
renforcé l’ancrage de la confiance en soi et en l’avenir, la culture de la
participation et de la bonne gouvernance en instaurant des procédures
inclusives, en adoptant des stratégies de formation et renforcement des
capacités, de communication de proximité et en exigeant des dispositifs de
suivi, de contrôle et d’évaluation. Globalement, les acquis sont multiples.
Cela va de l’ancrage de la culture de participation, à la dynamisation du tissu
associatif en passant par la promotion de la femme, l’appropriation des projets
ou encore l’amélioration des conditions de vie des bénéficiaires de projets.
Mais il y a aussi l’ancrage de la bonne gouvernance, le renforcement de
l’estime de soi, la dignité, l’émancipation…
Néanmoins, comme tout projet de développement novateur, l’initiative s’est heurtée à certaines difficultés. Il s’agit notamment de la convergence avec les services de l’Etat et les collectivités locales, la mise en place des circuits de commercialisation des AGR, le renforcement du tissu associatif et la pérennité de certains projets
- Justement, comment vous comptez gérer les problèmes de
convergence ?
- D’abord, je tiens à préciser que la convergence est un principe qui ne relève
pas uniquement de l’INDH. Il est plutôt en relation avec la politique du
Gouvernement et concerne toute les politiques publiques. Sa Majesté le Roi
Mohammed VI avait mis l’accent lors du discours fondateur de l’INDH sur la
nécessité de revoir les politiques publiques et les plans communaux de
développement en convergence avec les programmes de l’Initiative. Dès lors, un
effort considérable a été fait dans ce sens par INDH afin d’instaurer des bases
solides pour la mise en œuvre effective de la convergence. C’est ainsi que le
principe de convergence a été consacré par la plateforme de l’INDH (août 2005)
et un séminaire gouvernemental sur la thématique a été tenu à Béni Mellal en
septembre 2006. Depuis, un comité stratégique avait décrété « 2008: Année de la
Convergence». Le comité a aussi décidé la mise en place au niveau de chaque
département, des personnes ressources dédiées à l’INDH. Par ailleurs, les
instances de gouvernance de l’INDH, à travers leur composition tripartite: un
tiers d’élus, un tiers des représentants des services déconcentrés de l’Etat et
un tiers de représentants du tissu associatif restent un vrai espace de
concertation, de synergie et de convergence. L’instauration d’une bonne
convergence nécessite du temps car il faut agir sur les comportements, sur les
modes de fonctionnement, les modes organisationnels…
- Quels ajustements comptez-vous apporter à la deuxième phase?
- La mise en œuvre de la deuxième phase de l’Initiative nécessite la prise en considération des hautes orientations royales ainsi que les recommandations formulées par l’ensemble des partenaires et les résultats des missions d’évaluation, de suivi et d’audits réalisées au cours de la première phase quinquennale de ce projet. L’ensemble des travaux menés lors des ateliers tenus au niveau central, régional et local, avec les différents acteurs élus, associatifs, universitaires, personnes ressources, bénéficiaires, porteurs de projets ont permis de faire ressortir un arsenal de mécanismes et d’outils en matière de bonne gouvernance, de ciblage, de formation et renforcement des capacités, de communication, de pérennité, de suivi évaluation, de contrôle et d’audit, à même de permettre des ajustements et des redressements pour la deuxième étape.
Ingénierie
La première phase de l’INDH a rencontré de nombreuses lacunes et déficits en termes de qualification des acteurs. Aux yeux de Nadira El Guermaï, «les lacunes et le manque de qualifications sont en grande partie dus au caractère novateur de l’INDH qui est venue avec une nouvelle approche, un nouveau style de management et de gestion de projets, basés sur la participation, la transparence, la contractualisation, la culture du suivi et de l’évaluation». L’Initiative a également permis de faire émerger de nouveaux besoins auprès des populations.
Ce qui requiert, selon El Guermaï, des compétences et des profils spécifiques. Pour accompagner ces changements, tout un arsenal d’outils et de dispositifs a été mis en place à l’instar de manuels de procédures, de stratégie de formation et de renforcement des capacités déclinés en plans territoriaux, la formation des chefs de service en matière d’ingénierie de formation continue et de capitalisation.
Source : WEB Propos recueillis par Ilham BOUMNADE L’Economiste