Le tourisme durable au Maroc les conditions du succès
Le 4ème
symposium sur le tourisme durable s'est déroulé ce lundi 24 février 2014 à
Agadir pour faire le point sur les travaux
du partenariat mondial pour le tourisme durable,
plateforme internationale lancée en 2011 et qui regroupe des gouvernements, des
agences de l'ONU, des organisations professionnelles, des organisations non
gouvernementale, soit à ce jour près de 75 membres tous réunis autour de
l'objectif d'inscrire l'activité du tourisme dans les rails du développement
dit durable. Présidé par le Maroc sur la
période 2013 - 2015, ce réseau mondial organisait son rendez vous annuel
pour aborder une donnée essentielle : comment s'assurer que le tourisme
respecte vraiment les critères du développement durable ? Comment mesurer que
les évolutions des pratiques touristiques sont bel et bien en marche ?
Les organisateurs du symposium d'Agadir ont
bien fait d'opter pour une formulation enthousiaste et volontariste de leur
thème de rencontre. "Promotion du
tourisme durable : la mesure du succès".
A l'heure où la banquise se dégrade d'année
après année et où le changement climatique semble désormais tangible aux yeux
de tous, la question de savoir si le développement inéluctable du tourisme, et
fortement recherché par des pays comme le Maroc, n'est pas un piège fatal
relève plus que du principe de précaution mais bien d'un bon sens vital,
presque d'un instinct de survie.
Car le constat global qui peut être fait sur
le tourisme est éloquent : le tourisme est la seule activité économique à avoir
traversée la récente crise financière en maintenant une croissance à deux
chiffres et le tourisme ne cessera d'augmenter. Dans le même temps, l'activité
touristique est porteuse de risque massif pour l'environnement, naturel comme
humain.
Le tourisme a l'obligation de devenir
durable
L'équation est donc simple : le tourisme
reposant sur la découverte des peuples et des territoires, si le développement
du tourisme continue de dégrader les territoires et de dénaturer les peuples,
et bien ces territoires et ces peuples cesseront d'être des objets de
découverte. La solution s'impose à tous : le tourisme a l'obligation de se
développer de manière durable ou bien il deviendra destructeur.
Le Maroc qui ambitionne d'atteindre le chiffre
des 20 millions d'arrivées touristiques en 2020 a pleinement pris
conscience de cet impératif, et ce depuis plusieurs années. La
Ministre déléguée
chargée de l'environnement, Madame Hakima El Haite n'a pas manqué de
rappeller qu'une nouvelle loi cadre sur l'environnement est enfin venue poser
les jalons d'un respect véritable de l'environnement : désormais, toutes les
politiques publiques sont obligées d'intégrer la dimension du développement
durable.
La politique touristique du Maroc avait déjà
anticipé ces nouvelles directives pour orienter le secteur vers un
développement durable. Depuis les expériences
de labellisation écologique (clef verte, plage
bleue...) jusqu'à la mise en place de mécanismes incitatifs ou
contraignants pour assurer la prise en compte de la durabilité par tous les
acteurs du tourisme, le volontarisme des pouvoirs publics n'est pas une posture
mais un réel engagement qui se traduit aussi par la conviction affichée dans le
propos des responsables aux manettes.
Dès mars 2013, un dispositif de pilotage et de
suivi de la durabilité du tourisme a été mis en place et un observatoire
expérimental de l'environnement et du développement durable a été lancé dans la
région de Marrakech afin de mesurer sur le terrain la réalité du succès des
démarches initiées par les ministères.
Car l'enjeu est là et nul part ailleurs : se
fixer l'horizon d'un tourisme durable veut dire rendre le tourisme durable là
où il se vit, c'est à dire dans les territoires, dans les localités du Maroc,
et auprès de ceux qui le font vivre, les opérateurs et les touristes, les
populations elles-mêmes tout comme les gestionnaires de ces territoires.
Rien ne garantit vraiment que le succès
sera au rendez vous
Si le ministère pointe la bonne direction et
pose la bonne feuille de route, le constat au niveau des territoires est bien
différent : entre les intérêts lucratifs à court terme des uns et les urgences
économiques des autres, entre la lenteur du changement de pratiques
touristiques et des modes de gouvernance, à ce jour, rien ne garantit vraiment
que le succès sera au rendez vous.
Une intervention du public a bien rappelé que
tous les efforts volontaires des professionnels du tourisme en matière de
développement durable ne serviront à rien si un conseil municipal d'un
territoire ne remplit pas ses obligations de base en matière de service
public.
Dans le même esprit, Hassan Aboutayeb, président du Réseau de Développement du Tourisme Durable,
a insisté lors de son intervention sur l'impossibilité de rendre durable le
tourisme sans la participation active des élus locaux.
Mme
Nada Roudies, Sécrétaire générale du ministère du Tourisme et présidente du
partenariat mondial pour le tourisme durable (2013-2015) a bien conscience que le succès se joue dans ses détails
et au niveau des territoires. Elle explique à almaouja.com combien il importe
de vulgariser ce que l'on entend par le tourisme durable, à tous les niveaux
requis, depuis les instances nationales jusqu'aux acteurs locaux afin que tous
comprennent les avantages concrets du développement durable.
"Nous avons déjà ciblé les opérateurs
privés en lançant en 2013 la caravane de la compétitivité afin d'expliquer aux
entrepreneurs du tourisme que la durabilité est justement un levier de
compétitivité et nous prévoyons pour 2014 d'engager une démarche de
sensibilisation auprès des acteurs publics locaux.
La mise en place des outils de mesure de cette
durabilité au niveau des territoires nous permettra d'engager le dialogue avec
les décideurs locaux, de les conseiller, de les accompagner dans la gestion de
leur territoire. Tous les acteurs doivent travailler ensemble et un grand
effort doit être donné à la gouvernance locale. Les acteurs locaux doivent
devenir les catalyseurs du développement durable. Et c'est pourquoi les
Trophées Maroc du Tourisme durable sont là pour mettre le projecteur sur les
acteurs du succès et ainsi créer une émulation au travers des relais
responsables et engagés."
Le défi du tourisme durable se gagne dans
les territoires
Les responsables du ministère du tourisme le
savent et c'est tant mieux. Les principes du développement durable doivent
devenir concrets et vivants dans les têtes de tous.
Et pourtant à ce jour, aussi paradoxal que
cela puisse paraitre, les communes rurales périphériques d'une ville comme
Ouarzazate, point d'entrée du tourisme de toute une région du Maroc, celle du
Sud Est, sans doute la plus riche du Maroc en ses diversités naturelles et
culturelles, sont couvertes de plastiques éparpillés au vent.
Comment faire mieux doivent se demander les
responsables et tous ceux qui oeuvrent au quotidien pour faire évoluer le
tourisme ?Après avoir pointé l'horizon, peut être est il
venu le temps de prendre le problème à sa base et d'alors prévoir la mise en
place d'un partenariat entre les collectivités locales afin de les placer
devant leur responsabilité ?
C'est dans le territoire que tout se vit,
succès comme échec.
Il
revient à tous les acteurs locaux, du secteur privé comme du secteur public,
dans un esprit de responsabilité, c'est à dire dans une démarche citoyenne, de
prendre en main le destin de leur territoire.
jeudi 27 février
2014 17:39_SOURCE Web par Eric Anglade Al Maouja
Tags : Le 4ème symposium sur le tourisme durable s'est déroulé
ce lundi 24 février 2014 à Agadir-partenariat
mondial pour le tourisme durable- Présidé par le Maroc sur la
période 2013 2015-"Promotion du
tourisme durable la mesure du
succès"- Le tourisme a
l'obligation de devenir durable- La Ministre déléguée chargée de l'environnement,
Madame Hakima El Haite- expériences de labellisation écologique (clef verte, plage bleue...)- Rien ne garantit vraiment que le succès sera
au rendez vous- Hassan Aboutayeb, président du Réseau de
Développement du Tourisme Durable- Mme Nada Roudies, Sécrétaire
générale du ministère du Tourisme et présidente du partenariat mondial pour le
tourisme durable (2013-2015)- Le défi
du tourisme durable se gagne dans les territoires-Il revient à tous les
acteurs locaux, du secteur privé comme du secteur public, dans un esprit de
responsabilité, c'est à dire dans une démarche citoyenne, de prendre en main le
destin de leur territoire