Evaluation des établissements du RDTR en vue de leur labellisation
Belkacem Kabbachi est professeur et
chercheur à la faculté des sciences de l'université Ibn Zohr d'Agadir.
Son champ de travail est l'environnement selon deux axes de travail. Le premier
axe est le géotourisme, l'écotourisme et la valorisation du patrimoine naturel.
Le second axe s'occupe des problèmes de l'environnement comme la
désertification, le changement climatique ou l'étude des milieux naturels. La
formation proposée aux étudiants mène notamment à un master spécialisé dans le
tourisme naturel. Il a été missionné par le Réseau de Développement Touristique Rural (RDTR)
pour visiter les établissements membres et procéder à leur évaluation visant à
la délivrance d'un label exprimé par
l'affichage de 1 à 4 fibules.
Almaouja.com - Pouvez nous expliquer le contenu de votre
mission actuelle au sein du RDTR ?
Belkacem Kabbachi - Dans cette
mission, il s'agit de visiter les
différents établissements membres du RDTR, c'est à dire dans les province
d'Agadir, Taroudant, Chtouka-Aït Baha, Tiznit, Tinghir, Zagora et Ouarzazate,
afin de mener une opération d'évaluation visant à leur classification sous la
forme d'un label caractérisée par 1 à 4 fibules.
Cette opération d'évaluation se
déroule selon une grille de critères qui s'articule sous deux chapitres.Le
premier chapitre concerne la qualité des prestations fournies par
l'établissement d'hébergement et le deuxième concerne le management
environnemental.
Cette grille a été élaborée en
concertation avec les Gîtes de France afin de bénéficier de leur longue
expérience. Il s'agit donc de la phase officielle de la labellisation des
membres du RDTR, cette labellisation venant complèter le classement
administratif existant qui distingue seulement les types d'établissements (gîte
rural, auberge, maison d'hôte etc ...). Ici, cette classification concerne la
qualité des établissements et est spécifique au réseau RDTR. C'est la première
opération de ce genre à l'échelle nationale.
Almaouja.com - Cette grille de critères comporte combien
de points à observer ?
BK - La première étape consiste
tout d'abord à faire signer par le responsable de l'établissement la charte
qualité environnement du RDTR. Cette charte a déjà été étudiée entre tous les
membres et est désormais proposée à leur adhésion. La grille de labellisation
comporte ensuite une série de points étalée sur une vingtaine de pages comme
par exemple les sanitaires, la restauration, l'isolation des chambres etc...
Almaouja.com - Pouvez-vous nous expliquer mieux en quoi
consiste le volet de management environnemental puisque le chapitre des
critères sur la qualité des prestations est assez logique à imaginer ?
BK - Prenons l'exemple du point qui
consiste à savoir s'il y a eu ou pas une étude d'impact sur l'environnement.
Cette étude est obligatoire depuis peu au niveau national mais tous ne l'ont
pas fait puisque la législation est récente. Il y a ensuite un ensemble de
questionnements sur la gestion de l'eau, de l'énergie, des déchets, sur
l'utilisation des produits chimiques. Il importe aussi de connaitre les
implications de l'établissement avec son environnement social. Il importe de
savoir si l'établissement a une relation de soutien avec la culture locale,
s'il existe une communication environnementale tournée vers l'extérieur. Enfin
nous avons le point concernant les ressources humaines pour savoir si un plan
de formation à l'environnement est prévu ou pas pour le personnel.
Almaouja.com - La note finale va être décidée dans un
second temps.
BK - Oui, après dépouillement des
résultats, un comité interne au RDTR va étudier les dossiers et fixer les
notations finales pour la délivrance des fibules. Cette étape va certes
provoquer des déceptions mais il faut garder à l'esprit que l'effort de qualité
est un des éléments importants de la stratégie nationale du tourisme.
Almaouja.com - Combien d'établissements avez-vous visité ?
BK - Au final, cela concernera 45
établissements, tous membres du réseau RDTR et qui ont signé la charte qualité
environnement.
Almaouja.com - Quel est votre appréciation à ce stade sur
l'état de ces établissements touristiques ?
BK - Il faut déjà dire que c'est
une expérience unique au Maroc que de pouvoir ainsi qualifier un tel nombre
d'établissements. Les établissements visités se situent bien évidemment dans
des degrés différents, autant dans leur approche vis à vis de la qualité des
prestations que de l'approche environnementale. Il faut garder à l'esprit que
les Gîtes de France par exemple n'ont intégré que récemment les critères
environnementaux dans leur grille d'appréciation. Auparavant, ils ne
s'intéressaient qu'aux critères de la qualité des prestations.
Le RDTR a donc mis d'emblée la
barre très haute et intégrant d'office les critères environnementaux, et c'est
une bonne chose car c'est le signe que le réseau s'inscrit dans les
préoccupations globales partégées par tous et aussi parce que nos milieux
naturels sont fragiles, spécialement dans la région Sud du Maroc. Il convient
donc de veiller à ce qu'une bonne gestion se fasse vis à vis de
l'environnement.
Certains des établissements, une
minorité, sont déjà au niveau requis, et d'autres sont encore tout au début
d'un processus qui vise une amélioration. Il y a donc des établissements
modèles à suivre. Mais le plus important est de comprendre que tous ces
établissements, en signant la charte qualité environnement du RDTR, ont surtout
déclaré leur intention durable de s'améliorer en regard de ces préoccupations
de qualité.
C'est ainsi que chaque année, le
RDTR devrait procéder à de nouvelles évaluations et les établissements membres
pourront bien sur gagner une nouvelle fibule selon les progrès réalisés et
d'autres pourront en perdre s'ils manquent au respect des règles édictées.
Almaouja.com - Avez-vous au final été très strict dans
l'établissement de votre jugement ?
BK - Le fait que je sois enseignant
me donne un certain recul par rapport aux évaluations que je pratique. Il faut
éviter les données trop subjectives et nous avons opté pour une notation finale
simplifiée sous la forme d'un bilan bon, moyen ou mauvais.
Almaouja.com - Le processus aboutira sous quel agenda ?
KB - En principe, les premiers
résultats préléminaires devraient être diffusés lors du symposium sur le
tourisme durable qui va se tenir à Agadir le 24 février prochain. Ensuite, les
établissements devraient recevoir leur fibule avant cet été. Nous savons déjà
que des organismes publics comme l'Agence de Développement du Sud, l'Agence de
Développement des Oasis et de l'Arganeraie s'intéressent de près à l'initiative
du RDTR et se montrent intéressés à s'impliquer dans le soutien du
développement qualitatif des établissements d'hébergement du réseau, ce qui
pourra permettre alors la mise en place de formation sur l'important chapitre
du management environnemental.
Almaouja.com - Quelle différence entre ce label RDTR et le
label existant de la Clé
Verte ?
KB - Ici nous avons un label qui intégre à peu près 60 % de
préoccupations sur la qualité des prestation et 40 % de préoccupations sur le
management environnemental. La Clé Verte ne se positionne que sur les questions
environnementales. Il faut comprendre que le souci premier du touriste est
d'abord d'avoir une information fiable sur la qualité des prestations de base
pour ensuite intéger les considérations environnementales. L'équilibre
s'impose entre ces deux considérations d'égale importance.
lundi 17 février 2014 13:06_SOURCE WEB Écrit par La rédaction Almaouja
Tags : Réseau de Développement Touristique
Rural (RDTR)- visiter les différents établissements membres du
RDTR, c'est à dire dans les province d'Agadir, Taroudant, Chtouka-Aït Baha,
Tiznit, Tinghir, Zagora et Ouarzazate- délivrance d'un label exprimé par
l'affichage de 1 à 4 fibules- label qui intégre à peu près 60 % de
préoccupations sur la qualité des prestation et 40 % de préoccupations sur le
management environnemental- La
Clé Verte ne se positionne que sur les questions
environnementales-