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Rêve de conquête du monde pour les robots routiers de Kinshasa

Rêve de conquête du monde pour les robots routiers de Kinshasa

“Conducteurs, vous pouvez laisser le passage aux piétons”. La consigne n’émane pas d’un policier mais de la voix électrique d’un des deux robots routiers de Kinshasa, que le promoteur, une femme d’affaires ingénieur, rêve d’exporter à l’étranger.

La machine haute de 2,50 m vient de replier un bras et de lever l’autre dans un jeu de lumières vertes et rouges. Son manège fait désormais partie du quotidien à Limete, quartier populaire de Kinshasa, où le robot arrête le flux des voitures sur le boulevard Lumumba, large artère chargée de la capitale congolaise.

“Ça c’est notre première génération de robot, on a commencé avec ça”, explique Thérèse Inza, présidente de Women Technology, l’association qui construit ces machines ; “le robot est juste là pour sécuriser” le passage des piétons afin d’éviter les accidents, fréquents dans une ville connue pour sa circulation frénétique.

Le robot de Limete a été mis en service en juin 2013. Son frère plus évolué est en place depuis le mois d’octobre à un carrefour devant le Parlement, où il assure la tâche du “roulage” : les policiers chargés d’assurer la circulation dans la mégalopole kinoise, où les feux tricolores sont encore rares.Placé au milieu du croisement sous le panneau solaire qui lui donne son autonomie, il pivote son buste dont le plastron passe du vert au rouge et lève ses bras comme le ferait un agent pour bloquer une voie et laisser passer les voitures sur l’autre.“Un robot qui est en train de faire la sécurité routière et la régulation routière c’est vraiment made in Congo”, assure Mme Inza. “Nous devons vendre notre intelligence dans d’autres pays, de l’Afrique centrale comme d’ailleurs, pourquoi pas, aux Etats-Unis, en Europe ou en Asie?”, assure-t-elle.Au départ, Woman Technology a été fondée pour offrir des débouchés aux femmes congolaises titulaires d’un diplôme d’ingénieur, mais avec ses robots, Mme Inza rêve de créer des emplois dans tous le pays, avec le soutien de partenaires financiers.Les créatures de sa petite équipe (sept personnes, quatre hommes et trois femmes) doivent être exposées en avril dans des foires internationales au Canada et en Suisse.Le coût de fabrication d’un exemplaire avoisine les 15.000 dollars, explique-t-elle, en faisant visiter le petit atelier aux murs défraîchis et à l’équipement sommaire où sont fabriquées les machines. Pour l’instant, c’est sa société de restauration et de loisirs, Planète J, qui assure le financement des robots, mais à terme, elle escompte que l’activité sera rentable.Rien qu’à Kinshasa, “nous avons identifié 600 carrefours dangereux ou endroits compliqués” où les robots, pourraient être installés, indique Mme Inza, “on a un retour positif” des autorités de la capitale.L’autonomie dont jouissent les robots grâce aux panneaux solaires est un avantage réel dans une agglomération dont des zones entières ne sont pas reliées au réseau électrique.Val Manga, président de la Commission nationale de prévention routière congolaise, est déjà conquis. “C’est un plus en matière de sécurité routière”, dit-il. Et d’ajouter : “Il faut multiplier ces robots roulage intelligents pour qu’on puisse les installer dans les différentes intersections des villes et des agglomérations urbaines de notre pays”.En aluminium et conçus pour résister aux rigueurs du climat équatorial (fortes chaleurs, humidité élevée et grosses pluies), les “robots roulage intelligents”, avec leur allure anthropoïde embarquent toute une électronique poussée.Un système de détection indique au robot des piétons voulant traverser, et des caméras fichées dans ses yeux et ses épaulettes permettent de filmer en permanence la circulation.“Quand le robot capte les images”, il envoie cela à l’aide de l’antenne dressée sur sa tête à un centre où “l’on stocke toutes les données”, explique Claude Diasuka, ingénieur en vidéosurveillance qui participe au projet. Pour l’instant, les robots sont toujours propriété de l’association et ses données ne sont pas utilisées.A terme, lorsque les robots seront remis à la police, ces informations “permettront de poursuivre les gens qui ont commis des infractions”, ajoute-t-il.Faisant valoir les recettes que rapportent à l’Etat les contraventions dans les pays occidentaux, Mme Inza, vante cette possibilité comme une garantie de rentabilité pour les collectivités qui voudraient investir dans les robots de Woman Technology.

Lundi 17 Février 2014_SOURCE WEB Par AFP Libération

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