L’affaire du Casino Es Saadi devant le tribunal
La vente de ce terrain serait entachée de malversations et de pots-de-vin
L’Instance nationale de protection des biens publics et Transparency Maroc, partie civile
L’instruction de l’affaire dite du Casino Es Saadi démarre. Le
tribunal de première instance devra entendre les témoignages des uns et des
autres pour cette étrange concession d’un terrain municipal à un hôtelier de la
place. Et surtout écouter un fameux enregistrement sonore impliquant les élus
dans une sombre histoire de corruption. Transparency Maroc vient d’ailleurs de
se constituer partie civile dans cette affaire où le premier accusé est l’ex- président de la municipalité Menara,
Abdelatif Abdouh. Dans ce dossier qui a fait couler beaucoup d’encre,
Abdouh est soupçonné d’avoir touché des pots-de-vin dans la cession en 2001 des
terrains municipaux sur lesquels sont construits le casino et la discothèque de
l’hôtel Es Saadi à 600 DH/m2. L’instruction de ce dossier a été ouverte suite à
une plainte déposée par l’Instance nationale de protection des biens publics.
«Nous souhaitons que lumière soit faite désormais sur ce dossier qui a soulevé
des soupçons sur des pots-de-vin de l’ordre de 100 millions de DH», indique Mohamed Galoussi, président du bureau de
Marrakech de l’instance.
Dans cette affaire, l’Instance s’est appuyée aussi sur des enregistrements
datés de 2007 prouvant, selon les membres de l’instance, des malversations
autour de ce dossier. Et aujourd’hui, Transparency
appuie la démarche. Son conseil national réuni à Casablanca le 28 septembre
dit suivre avec beaucoup d’intérêt l’évolution des affaires de corruption
présentées devant les juridictions de Marrakech et se constitue même partie
civile. Les faits du dossier du Casino Es Saadi remontent à 2001, lorsque la
ville - et plus exactement la municipalité de Ménara Guéliz - avait vendu au propriétaire de l’hôtel Es Saadi, la
société Ferma, le terrain qu’il louait pour l’exploitation d’un casino et
des salles de jeu. La superficie totale représente un hectare. Pour la petite
histoire, le terrain du casino faisait l’objet d’un bail de location depuis
1936 pour une durée de 75 ans, entre la ville de Marrakech et la société Ferma.
L’exploitant dont les principaux
actionnaires sont la famille Bouchet devait rendre le terrain à la ville de
Marrakech une fois la durée du bail achevée. Il en sera autrement.
Techniquement, il n’y a rien à reprocher à la transaction qui s’est déroulée
selon les procédures légales. L’affaire aurait pu s’arrêter là sans des
accusations graves relatées dans les salons cossus de la ville. En 2007, un
ancien élu avait fait éclater le scandale présentant à la police judiciaire le
fameux enregistrement d’une conversation prouvant des malversations. Trois ans
plus tard, c’est l’Instance nationale de protection des biens publics qui
relance le dossier et dépose une plainte. C’est au tribunal maintenant de
juger.
Légal ou pas légal?
Techniquement, la transaction pour le terrain Es Saadi est des plus légales, du moins d’après ce qu’on peut lire sur le PV de la municipalité de Ménara établi en octobre 2001: une offre d’achat, une évaluation du terrain et un vote du conseil municipal, approuvé par les autorités de tutelle, en l’occurrence les ministères de l’Intérieur et des Finances. Ainsi Ferma, la société exploitante, a obtenu le terrain municipal pour 8,3 millions de DH, à raison de 600 DH/ m2 pour le terrain nu et 1.026 DH/m2 pour la superficie construite. Selon l’acheteur, «le prix de vente au m2 a même été revu à la hausse par le wali de Marrakech, après l’évaluation technique». Il précise aussi que la situation géographique du terrain municipal, au milieu des 6,5 ha appartenant à l’établissement, en faisait un terrain inexploitable par un tiers, puisqu’il n’était pas pourvu d’un droit de passage.
SOURCE WEB Par Badra BERRISSOULE L’Economiste
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