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Sécurité alimentaire La loi sur la préservation des terres agricoles encore inefficace

Sécurité alimentaire  La loi sur la préservation des terres agricoles encore inefficace

Face à la pression urbanistique, le ministère de l’Agriculture doit élaborer des cartes des terres fertiles à préserver.

L’urbanisation reste le principal danger dans la préservation des terres agricoles.

Alors que des États se sont lancés, ces dernières années, dans une course pour l’achat des terres agricoles en Afrique notamment pour assurer la sécurité alimentaire à leurs populations, une autre course se déroule dans notre pays, visant la destruction des  terres agricoles. Interrogés dernièrement sur ce sujet, le ministre de l’Agriculture et des pêches maritimes, Aziz Akhanouche, et le ministre de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement, Fouad Douiri, ont reconnu l’ampleur du problème. «Nous avons lancé une étude pour déterminer l’étendue du phénomène», a répondu M. Akhanouche. Pourquoi lancer une étude, alors qu’il existe bien une loi (12.90), relative à l’urbanisme et qu’il faut seulement l’appliquer ? 

La loi (12.90) qui a fait l’objet ces dernières années de plusieurs tentatives pour la changer, préconise «le principe de la préservation des terres agricoles à haute productivité de l’urbanisation et des usages autres qu’agricoles, et la préparation à cet effet par le ministère de l’Agriculture des cartes des zones agricoles à préserver

Selon les prévisions des Nations unies, la planète comptera 9 milliards d’habitants en 2050. Dans son rapport «Comment nourrir le monde en 2050 ?», l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a estimé que la production agricole devrait augmenter de 70% entre 2006 et 2050 pour couvrir les besoins alimentaires de la population. Toujours selon la FAO, dans les pays en développement, la couverture de ces nouveaux besoins alimentaires se fera à 71% par l’augmentation des rendements, à 8% par l’augmentation du nombre de récoltes et à 21% par la mise en culture de nouvelles terres.

À l’échelle nationale, au rythme de l’extension non maîtrisée des villes qui se fait aux dépens des terres agricoles de bonne qualité, il sera difficile de trouver de nouvelles terres. Le pire, c’est que ces ponctions s’opèrent sur des terres agricoles irriguées auxquelles l’État avait consacré beaucoup de moyens pour les aménager.

Selon une étude du ministère de l’Agriculture de 2004, la superficie annuellement «grignotée» par les différentes formes d’urbanisation est estimée à 4 000 ha. Mais ce qu’il faut savoir, c’est que le Maroc possède peu de terres fertiles. En effet, la surface agricole propre à l’agriculture est relativement réduite et représente 12% (8,7 millions d’ha) seulement de la superficie totale du pays (71 millions d’ha). Parmi ces terres agricoles cultivables, 13% seulement sont mises en valeur sous irrigation, le reste (soit 87% du potentiel) est exploité en «bour» (non irrigué) et soumis à une dégradation par l’érosion hydrique ou éolienne, l’ensablement, la salinisation et d’autres phénomènes de désertification. «Notre pays a lancé le Plan Maroc vert auquel l’État consentit beaucoup d’argent, mais en même temps il y a destruction des terres agricoles les plus fertiles. Pour garantir la sécurité alimentaire aux générations futures, il faut lancer un débat national sur la destruction des terres agricoles», a indiqué Mohamed Wakrim, ingénieur agronome et acteur associatif.

Selon l’étude, «Les menaces sur les sols dans les pays méditerranéens», publiée par le Plan bleu en 2003, «le taux d’urbanisation dans le bassin méditerranéen devrait passer de 64,3% en 2000 à 72,4% en 2025. Face à ces évolutions, et aux menaces qu’elles entraînent pour l’environnement et le développement à long terme, si les gouvernements veulent traduire dans les faits une volonté politique forte visant à maintenir des espaces non artificialisés, et à limiter les impacts négatifs de l’urbanisation, il leur faudra partout renforcer leurs politiques de gestion intégrée et durable des écosystèmes naturels ou agricoles précieux.» Et d’ajouter : «Pour que ces politiques soient efficaces, et afin de ne pas reproduire les échecs passés, les améliorations doivent porter notamment sur une conception plus cohérente des plans d’aménagement du territoire, une application plus conséquente de ces plans, une mise en place d’outils adaptés à la gestion foncière, et en particulier à la conservation durable des meilleures terres agricoles et des efforts accrus de valorisation de l’agriculture périurbaine». 


Charte mondiale des sols

La Charte mondiale des sols, élaborée en 1981 «préconise la définition d’un ensemble de principes de référence, en vue d’une utilisation plus rationnelle des ressources en sols, et de leur protection contre des dégradations irréversibles. Elle recommande que les décisions concernant l’exploitation et la gestion des terres soient prises dans une optique à long terme, et souligne la nécessité, pour les Etats, d’élaborer des politiques et une législation assurant la protection indispensable des sols.»

Repères

■ La Charte des sols adoptée par le Conseil de l’Europe, lors de la conférence de Stockholm de 1972, fut un premier pas vers la reconnaissance internationale du caractère fragile et limité des sols et de la nécessité de les protéger.

  • La Charte des sols officialisa l’idée que l’environnement, et la gestion des ressources naturelles, doivent être appréhendés de façon systémique, en intégrant les causes directes et indirectes de leur destruction.
  • Le Sommet de Rio 1992 a fait ressortir l’importance d’une gestion écologiquement viable des ressources en sols, dans le cadre du développement durable.

Publié le : 29 Juin 2013 –

SOURCE WEB Par R.T., LE MATIN

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