Les villes nouvelles, une expérience ratée ?
Les cas de Tamesna et Tamansourt Cadre de vie, transport, sécurité,…
pointés du doigt
11 cités nouvelles en projet
Abdellatif Jouahri, wali de BAM, avait prévenu: les villes nouvelles ne doivent pas être des réponses à l’exode rural et synonymes de «bidonvilles» où pourrait prospérer l’économie informelle qui plombe la croissance. Tamansourt comme Tamesna, qui étaient censées représenter un projet pilote dans le programme ville nouvelle, sont considérées comme un quasi-échec
LE Conseil du développement et de la solidarité (CDS), un groupe de réflexion présidé par Mohamed Benamour, a placé la barre trop haut. Il a consacré sa première sortie, mercredi dernier, à un thème d’actualité: «Ville nouvelle, vies nouvelles». D’emblée, un consensus sur le constat d’échec des deux villes nouvelles: Tamesna et Tamansourt
La difficulté liée à la mobilité et l’indisponibilité des équipements collectifs: pas d’écoles, problèmes de raccordement aux réseaux d’électricité, d’eau et d’assainissement. A croire que ces deux villes étaient conçues pour des couples sans enfants. Et surtout le problème de transport qui plombe les villes nouvelles de manière générale. Un des intervenants le dira beaucoup plus clairement: une ville nouvelle a besoin d’un moteur économique, des activités viables et un transport fluide. La sécurité est devenue aussi une composante essentielle
La rencontre a été
également l’occasion de poser la question de savoir quelles sont les
motivations de la création des villes nouvelles. La finalité dominante porte
sur la recherche d’opportunités foncières. En tout cas, dans le cas marocain,
on s’est aperçu de l’absence de vocation économique et d’une préoccupation
d’aménagement du territoire. Une ville suppose une vie sociale, avec des
enseignes.
L’un s’est demandé où se trouvait le coiffeur, le cimetière? Autant de
questions auxquelles une ville nouvelle doit trouver des réponses. Ali Ghanam,
ancien wali et actuel patron de la
CGI, résumera la problématique en rappelant que la création
des villes nouvelles a servi à désengorger les villes qui offraient de
l’emploi. Abdellatif Jouahri, wali de Banque Al-Maghrib, avait prévenu: les
villes nouvelles ne doivent pas être des réponses à l’exode rural et synonymes
de «bidonvilles» où pourrait prospérer l’économie informelle qui plombe la
croissance
Pour Said El Hadi, président du conseil de surveillance de TMSA, il s’agit de trouver une articulation entre le projet économique portuaire et l’urbanisme. Chrafat, la ville nouvelle du côté de Tanger, et TMSA (pour son extension future) sont concurrentes sur le sol
Pour Jean Luc Rolan,
bourgmestre et président d’Ottignies-Louvain-la-Neuve en Belgique, la ville
nouvelle a été pensée comme le modèle urbain italien qui est celui de la médina
où se mélangent toutes les fonctions d’une ville. Avec un projet d’université
intégrant toutes les fonctions urbaines.
Au Maroc, sur 15 sites potentiels, 2 ont été lancés. A cela s’ajoutent 11
villes qui ont déjà été identifiées comme la ville de Zenata entre Casablanca
et Mohammedia, Tagadirt et Chrafate. La réalisation de ce programme met en
exergue plusieurs enjeux, notamment la capacité de ces entités à attirer hommes
et capitaux, le positionnement au niveau du développement urbain du territoire
et la relation entre la ville-mère et son satellite. S’ajoutent aussi le mode
de gouvernance, l’équilibre financier du projet ou encore la mise à disposition
des infrastructures et des équipements collectifs
Pour Saâd Hassar, secrétaire d’Etat auprès du ministre de l’Intérieur et ancien pilote de la villes Sala Al Jadida, «la réussite des projets de ville nouvelles requiert l’implication de tous les acteurs concernés, qu’il s’agisse de l’Etat, des élus, du secteur privé ou des citoyens. Un management efficace est aussi l’une des clés de réussite d’une ville nouvelle». Chakib Benmoussa, président du Conseil économique et social, et ancien ministre de l’Intérieur, partage cet avis. Pour lui, «le succès d’une ville nouvelle est tributaire d’une bonne gouvernance et d’un management à la hauteur, qui implique la maîtrise des coûts et des délais»
Sur un autre
registre, une étude réalisée par le cabinet Valyans Consulting a défini un
certain nombre de pré-requis pour qu’une ville nouvelle puisse offrir un espace
de vie intégré. Ainsi, elle doit être desservie par un réseau de transport
interne et externe, autonome avec des services de santé et d’éducation. Elle
doit également contribuer à la cohésion sociale et à l’accès à la propriété
avec des habitations de qualité à prix attractifs pour toutes les catégories
socioprofessionnelles. Pour Mohcine Jazouli, PDG de ce cabinet, «tous ces
éléments doivent être pris en compte dans la réalisation du programme des
villes nouvelles afin qu’elles soient de véritables leviers de développement».
A l’issue de la rencontre, les différentes conclusions retenues feront l’objet
d’un livre blanc. «Celui-ci pourra contribuer à la mise en œuvre d’une
véritable stratégie de villes nouvelles intégrées avec la pleine implication de
tous les acteurs publics et privé du secteur», indique Mohamed Benamour,
président du CDS. Le prochain thème de ce think tank portera sur la relation
Sud-Sud à Ouarzazate
Source : web par Soumaya BENCHERKI L’Economiste
sa� 2 a�k �g à Casablanca ! Et bien sûr tout le monde préfère les lots qui donnent la possibilité d'ouvrir des magasins et de faire un R plus 3 ! Avec l'appui et le soutien du wali de Casablanca, M. Halab, une solution a été trouvée et nous avons 500 hectares du domaine, d'Al Omrane et autres institutions qui sont en cours d'acquisition et qui seront mis à la disposition du programme VSB de Casablanca piloté par Idmaj Sakane, société casablancaise locale présidée par le wali, créée pour régler le problème des bidonvilles de Casablanca.
Qui fait quoi dans la résorption des bidonvilles et pourquoi avoir choisi la date de 2012 ?
En 2004, le gouvernement s'était adressé aux communes pour présenter le
programme VSB : le financement et le foncier était offert, Al Omrane et
l'Agence urbaine accompagnaient tout le processus…
On demandait aux communes de veiller à l'accompagnement social et de faire en
sorte qu'il n'y ait pas d'autres bidonvilles qui naissent et aux autorités de
veiller à la coordination. La seule condition que nous demandions était d'avoir
une date butoir ! Les engagements de travaux et de fin de travaux étaient une
décision locale et tout cela est stipulé dans les conventions dûment signées
entre l'Etat et les communes. Nous avons voulu donner du sens à ces engagements
et la date de 2012 qui concernait Casablanca a été avancée.
Dans le programme VSB, qu'est-ce qui a été réalisé et que reste-t-il à faire
?
Nous avons aujourd'hui sur les 85 villes listées VSB, 42 sont aujourd'hui des
villes sans bidonvilles. Sur les 43 qui restent, nous sommes dans certaines
villes à 90, 95% de réalisation. A Tétouan par exemple, il nous reste 60
baraques à éradiquer, 500 baraques de militaires à Meknès, 30 baraques à Oujda,
400 à Tanger. En fait, nous avons 6 villes problématiques dû au déficit du
foncier, au retard dans les autorisations, ou au manque d'adhésion de la
population.
Casablanca, qui représente le tiers des bidonvilles du Maroc, lesquels existent
pour la plupart depuis 1910 et 1920. Il faut se rappeler que c'est dans les
Carrières centrales que s'est développé le mouvement de la résistance ! Nous
avons aussi comme espace urbain problématique, la conurbation de
Rabat-Salé-Témara, Kénitra, ville d'attraction de l'exode qui s'est « enrichie
» de plus de 2.500 ménages en peu de mois, Larache, Marrakech par l'effet de
l'ouverture de la ville et Guercif dans l'Oriental qui dispose de quelques
usines agroalimentaires et qui a attiré quelque 10.000 ménages de toute la
région dans les bidonvilles de la périphérie. Sa Majesté le Roi a donné ses
Hautes instructions pour accélérer le programme. Une commission tripartite,
intérieure, finances et habitat a été constituée pour identifier les zones à
risques, faire l'état des lieux et proposer toutes les solutions possibles pour
mettre fin aux bidonvilles. C'est suite au travail en synergie de cette
commission que la ville de Casablanca dispose de 502 hectares. Beaucoup
de solutions commencent à émerger pour les autres villes.
Vous avez évoqué les problèmes de ménages qui ne veulent pas être
transférées dans des programmes fin prêts parce que, disent-elles, on n'a pas
tenu compte de l'évolution des familles. Ce problème de recensement constitue
une contrainte importante et peut devenir parfois, comme on l'a vu à Laâyoune,
source de révolte. Quelle solution peut-on apporter ?
Je voudrais dire que la liste des bénéficiaires est une opération qui est
établie en toute transparence par tous les membres d'une commission…L'opérateur
chargé de la réalisation du programme reçoit une liste officielle cachetée et
dûment signée par le caïd, le gouverneur, Al Omrane, l'agence urbaine…
Si cette liste est changée, ce sont les deniers de l'Etat qui sont touchésn,
car l'Etat subventionne les ménages dans le besoin qui répondent à des
conditions précises. Et le ministère de l'Habitat n'a pas le droit de
s'immiscer dans les affaires de gestion locale ou de changer une quelconque
liste ! Reste que le cas des familles composées avec les ménages des enfants
est un véritable problème social qu'il faudra sans doute traiter en commission.
Reste que ce secteur a créé un grand appel pour pouvoir bénéficier de
subventions de l'Etat qui peuvent être évaluées par millions pour chaque
baraque! On parle de 20% de baraques ouvertes et non habitées qui ne sont là
que pour bénéficier de ces subventions, d'où des enquêtes de plus en plus
minutieuses pour déterminer la part du vrai et du faux car tout cela a un coût.
Vous étiez au Forum urbain mondial, qui s'est tenu à Rio de Janeiro, où vous
avez visité des favelas restructurées in situ. En d'autres termes, on ne
déménage pas les populations, on réaménage les bidonvilles en installant les
services publics. Pourquoi ne pas choisir cette voie au Maroc ?
La possibilité existe, on l'a fait dans certains quartiers, mais tout dépend de
qui est propriétaire du foncier.
Quand le foncier appartient aux habitants, on fait le remembrement, on reloge
et tout se passe bien dans le cadre d'un foncier maîtrisé. Malheureusement,
dans la plupart des bidonvilles, les habitants squattent le terrain qu'il faut
rendre à son propriétaire…
En début d'entretien, vous avez parlé de modèle du logement social marocain.
N'est-ce pas présomptueux ?
Non, ce modèle a été nominé et adopté par Cities Alliance et ONU-Habitat comme
étant un projet-phare au niveau mondial. Déjà en 2005, ces institutions nous
avaient demandé de présenter devant quelque 600 experts internationaux à Hanoi
au Vietnam ce programme-phare qui s'appuie sur des spécificités locales. En
2010, dans le bilan de la décennie, Cities Alliance et ONU-Habitat vont
féliciter le Maroc qui est placé au 2ème rang du Top 20 des pays œuvrant à la
résorption des bidonvilles, après l'Indonésie.
Le Maroc s'est vu d'autre part attribué à Shanghai par ONU-Habitat, le Prix
d'honneur de l'habitat 2010 pour son engagement collectif en faveur de
l'amélioration des conditions d'habitat des populations vulnérables vivant dans
les villes. A travers ce prix, partagé avec cinq autres pays, se trouve
récompensé le programme national « Villes sans bidonvilles » lancé en 2004 et
dont le taux de réalisation est de 50% pour la période 2000-2010. L'attribution du prix
a été annoncée par le secrétaire général des Nations unies à Sa Majesté le Roi
lors du Sommet sur les Objectifs du millénaire pour le développent (OMD) qui
s'est tenu à New York, donnant ainsi un caractère plus marqué aux interventions
du Royaume en matière d'appui aux catégories sociales défavorisées et de
réduction de la pauvreté, notamment à travers l'INDH. L'Union européenne a
apporté au Maroc un appui technique et financier par le biais du Programme
d'appui à la résorption de l'habitat insalubre (PARSHI) financé à hauteur de 90 M d'euros.
C'est, il faut le préciser, un des premiers programmes d'appui budgétaire à une
politique sectorielle avec le secteur de l'eau, conclu avec le gouvernement du
Maroc et signé en décembre 2005.
L'objectif spécifique du programme, comme cela a été
précisé dans le rapport, était d'améliorer l'opérationnalité du programme
Villes sans bidonvilles engagé sous l'égide du ministère de l'Habitat et de
l'Urbanisme en 2004 et conçu initialement avec l'appui de la Banque mondiale. La
convention de financement du PARSHI conditionnait 65% des 90 M d'euros d'aide budgétaire
à une matrice de mesures et d'indicateurs de performance. Ces nouveaux axes de
travail se fondent sur l'expertise et les acquis du Maroc en matière de
politique de l'habitat et d'un volontarisme pour la réduction de la pauvreté.
Leur développement ne peut que renforcer la visibilité des actions du Maroc à
l'échelle internationale et mieux répondre aux défis d'une urbanisation
croissante et d'une nécessaire inclusion urbaine. Je voudrais aussi rappeler
que l'ONU-Habitat a proposé au Maroc d'organiser une conférence internationale
des Top 20, c'est-à-dire des vingt pays qui ont agit sur la résorption des
bidonvilles et la réalisation des OMD à fin 2011. Cette réunion, destinée à
échanger sur les expériences des pays en matière d'amélioration des conditions
de vie des populations vulnérables dans les villes, s'inscrit notamment dans le
prolongement de l'attribution du Prix d'honneur pour l'habitat 2010. L'habitat social, et
je voudrais le rappeler, c'est la préoccupation première des ménages qui sont
déjà en butte à une série de préoccupations, chômage, pauvreté, exclusion.
C'est une excellente transition M. le ministre pour rappeler l'échec du
Maroc en matière de maîtrise d'ouvrage social, en d'autres termes de l'échec de
l'accompagnement social ?
Oui, il faut travailler dans ce sens. Nous sommes en train de lier l'INDH avec
toute sa philosophie et le programme VSB car tout deux tentent, dans une
logique intégrée, de lutter contre la pauvreté et améliorer les revenus des
ménages. Cela demande de la synergie et de la convergence, cela demande de
travailler ensemble sur un même territoire. Il faut une territorialisation du
développement et cela passe par un changement de culture managériale qui fait
appel à l'intelligence collective. C'est l'esprit même du discours royal du 20
Août dernier, qui appelait à la convergence territoriale qui est actuellement
modélisée par certains présidents de régions comme Tétouan, Marrakech,
Oujda…Aujourd'hui la convergence se fait sur la base d'une loi et de documents
d'urbanisme pour faire des équipements publics, dispensaires, écoles,
commissariats de police, foyers, décidés par les ministères dans le cadre du
comité technique. Des conseils de région ou des institutions comme la CDG travaillent sur la
convergence de projets. Mais il faut se rappeler que c'est la commune qui fait
le plan d'aménagement mis en œuvre par le président de la commune. Le plan est
affiché pendant un mois et chaque citoyen peut intervenir et suivre
l'aménagement de la ville. Quand ce plan est publié au BO, il devient une loi
et personne ne peut y toucher !
Quelle est votre relation actuelle avec Al Omrane ?
En quelques mots. Il faut laisser le nouveau président et sa nouvelle équipe
travailler et évoluer dans la sérénité et le calme avec ce magnifique pôle de
compétences composé d'ingénieurs, d'architectes, de financiers,
d'administrateurs et de techniciens qui forment le groupe Al Omrane.
La nouvelle équipe hérite du premier établissement public en termes
d'investissement, obligé de travailler dans la transversalité, notamment avec
les walis, les gouverneurs, les collectivités locales et les administrations,
un secteur profondément complexe en relation avec le social, l'économique, le
politique et le culturel. Par contre, je demanderai aux «faux guides» de
s'abstenir. Les faux guides sont ceux qu'on n'appelle pas, ils imposent leurs
«services», parlent en mauvaise langue, trafiquent l'histoire ou qui
l'inventent quand celle-ci n'existe pas.
In fine, quelles sont ses missions et comment est-il rémunéré ?
Al Omrane aujourd'hui a des missions claires : il réalise pour le compte de
l'Etat (ministère de l'Habitat) le programme du gouvernement qui traduit les
Hautes orientations royales, avec un financement total ou partiel du ministère
(près de 2 milliards de DH par an). Il est spécialisé dans l'habitat social
(projets de lutte contre l'habitat insalubre et logement social) et participe à
la régulation du marché immobilier national avec une mission de complémentarité
et non de conflit avec le secteur privé.
Al Omrane est rémunéré par 7% de l'investissement public du ministère de
l'Habitat qu'il gère (soit près de 140 MDH par an pour le fonctionnement du
groupe : salaires des fonctionnaires, voitures, déplacement, loyers locaux…).
Al Omrane peut réaliser son propre programme sur son foncier suivant les règles
et procédures arrêtées par la tutelle et des programmes validés par son conseil
de surveillance. La réforme du secteur public de l'habitat est toujours en
cours.
Le groupe a achevé les premiers chantiers de réformes, entreprend d'autres et
devrait lancer de nouvelles réformes. Au vu de la priorité nationale donnée par
Sa Majesté le Roi Mohammed VI à l'habitat social, le Maroc d'aujourd'hui et de
demain a besoin d'un secteur public d'habitat fort, audacieux et immunisé.
Source : WEB Par LE MATIN