Tourisme 20 MMDH d’investissements attendus en 2014
Le ministère du Tourisme a présenté le bilan de l’activité touristique en 2013. Les chiffres sont éloquents mais le satisfecit est tempéré par la quasi-stagnation des recettes du secteur. 2014, qui est bien partie, sera meilleure selon Lahcen Haddad.
Côté investissement, quelques 20 MMDH sont attendus, soit un milliard de plus qu’en 2013.
C’est un Lahcen Haddad visiblement satisfait de son bilan d’activité de 2013 qui est venu faire face aux journalistes ce mardi 18 mars à l’hôtel Tour Hassan de Rabat. Pendant près d’un tour d’horloge, le ministre du Tourisme s’est attelé à la présentation des résultats de son secteur et a tenté de répondre aux nombreuses questions de la presse nationale et internationale venue en masse. La principale équation a consisté, pour Haddad, à expliquer le paradoxe du tourisme national : record d’arrivées (10,04 millions, soit +7% par rapport à 2012), mais hausse faible, voire quasi-stagnation des recettes récoltées (les chiffres officiels font désormais état de 60 MMDH, contre 57,5 MMDH, comme annoncé lors d’un bilan provisoire). «La pression sur les hôteliers» en serait la principale raison, indique le ministre. En plus clair, et comme on le confirme du côté de la Confédération nationale du tourisme (CNT), «face à la crise économique européenne qui impacte les budgets des touristes, les hôteliers marocains ont décidé de baisser leurs tarifs». Conséquence, les opérateurs n’ont pas vraiment pu tirer leur épingle du jeu, bien que ce secteur stratégique représente aujourd’hui environ 6 à 7% du PIB, avec un chiffre d’affaires global calculé par le ministre à 100 MMDH. «Pour les recettes, je pense que 2014 sera meilleure que 2013, avec une croissance attendue de 2 à 3%», pronostique Haddad, qui table sur une hausse de 8% de l’activité touristique. «Peut mieux faire» ou «insuffisant» diront les professionnels, qui estiment que le Maroc doit réaliser une croissance annuelle à 2 chiffres, grâce à une conjoncture favorable. Par ailleurs, il faut noter que les touristes étrangers (TSE) représentent 70% des visiteurs du royaume, contre 30% pour les Marocains résidant à l’étranger (MRE). Quant au taux d’occupation des hôtels, il s’est certes bonifié de 4 points, mais peine toujours à dépasser les 43%.
Investissements
Côté investissement, l’année en cours s’annonce également charnière pour le Maroc. Dans l’entourage de Haddad, on avance le montant de 20 MMDH d’investissements touristiques, soit un peu plus que les 19 MMDH réalisés en 2013. La Vision 2020 parie sur un investissement global de 150 MMDH. «Les investisseurs principaux proviennent des pays du Golfe et d’autres pays européens et d’Amérique», souffle Imad Berrakad, président du directoire de la Société marocaine d’investissement touristique (SMIT). À partir de 2014, l’enveloppe devrait redescendre à 15 MMDH par an, poursuit la même source. En tout cas, le Maroc, qui profite encore du ralentissement de ses concurrents maghrébins et de l’Égypte, a intérêt à accélérer son tempo avant que les investisseurs ne lorgnent vers d’autres destinations voisines.
Diversifier l’offre aérienne
Par rapport à la question de l’aérien, l’entrée en vigueur dans quelques jours (en avril) de la «taxe Haddad» hantent les esprits et suscitent encore des inquiétudes. Il n’empêche que les autorités se disent confiantes et misent sur la diversification des compagnies desservant le Maroc. En plus des vols charters et des low-cost, il faut aussi privilégier les compagnies classiques. Les dessertes aériennes empêchent à la destination de se distinguer auprès de certains marchés prometteurs comme la Turquie, avec laquelle s’impose la nécessité d’établir une liaison aérienne quotidienne. En plus de l’aérien, la destination Maroc a aussi besoin de diversifier son produit. Aujourd’hui, le produit culturel représente 80% de l’offre. Pour un pays qui compte 3.500 km de côtes, l’élargissement de l’offre balnéaire est à l’ordre du jour selon haddad. Les tourismes religieux, golfique et d’affaires sont autant de niches qui devraient aider à améliorer les résultats, aussi bien en termes d’arrivées… que de recettes.
«Les ADT, pas si simple que cela»
Lahcen Haddad ,
ministère du Tourisme
Les ÉCO : Pour 2014, quels sont les principaux marchés émetteurs que le Maroc cible en priorité ?
Lahcen Haddad : En plus des marchés traditionnels de l’Europe occidentale, nous ciblons des pays comme la Pologne, dans lequel, le Maroc réalise des progrès importants, comme en Russie. Nous tablons aussi sur une croissance à 2 chiffres sur les pays du Golfe. De bons résultats sont attendus sur le marché subsaharien. D’ailleurs, nous avons levé l’obligation de visas pour les citoyens gabonais et nous étudions l’éventualité de faire de même pour d’autres pays de l’Afrique de l’Ouest. En Asie, nous avons encore du mal à pénétrer le marché chinois, qui est très compliqué. La Chine et la Turquie sont des cibles à retravailler.
Ne pensez-vous pas qu’il est temps pour le Maroc de diversifier son offre en termes de produits touristiques ?
Aujourd’hui, le produit culturel constitue 80% de cette offre touristique. Nous travaillons pour sa diversification, notamment en balnéaire. À ce propos, je pense qu’il est opportun de revoir l’offre de certaines régions, comme le Nord (Tanger, Tétouan…) et voir comment les diversifier. Cela nous permettra d’en faire notre deuxième destination. Par ailleurs, la niche golfique est elle aussi très importante.
Qu’en est-il de la feuille de route sur le tourisme médical ?
Nous sommes en train de la définir. C’est un chantier qui nécessite l’interaction avec le ministère de la Santé. Nous attendons que ce département finalise son projet sur les cliniques privées, avant de nous lancer. Le tourisme médical constitue une niche qui nous intéresse.
Où en êtes-vous sur le chantier des ADT (Agences de développement touristique) ?
Il faut reconnaître que la mise en place des ADT a pris du retard. La principale raison en est que ce sont des établissements publics qu’il faut créer et cela n’est ni simple ni facile. Mais nous sommes à la phase finale de ce chantier.
On a l’impression que les différents contrats-programmes régionaux signés n’apportent pas de grandes nouveautés, sachant que la plupart des projets étaient déjà prévus ?
Il est vrai qu’une bonne partie de ces projets existaient déjà. Nous ne pouvons pas aller réinventer la roue dans les régions et provinces du royaume. Ces contrats-programmes régionaux ne sont pas les nôtres, mais ceux des régions dans lesquelles ils ont été signés. Notre mission consiste à appuyer et à soutenir ce qui existe au niveau local.
Les chiffres de 2013
10,04 millions de touristes.
19,1 millions de nuitées.
60 MMDH de recettes.
19 MMDH d’investissements.
196.000 : capacité litière exploitable.
20.000 emplois créés.
15 contrats-programmes régionaux signés.
13.000 jeunes formés.
70 nouvelles agences de voyages créées.
Publié le 20-03-2014 à 20:00
SOURCE WEB Par Oumar Baldé Lesecos
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