L E Q U A L I T A T I F DANS LE CADRE DE LA VISION 2020 DU TOURISME
REFLEXION AVRIL
2014
Le QUALITATIF c’est ce qui
concerne LA QUALITE.
Qu’est-ce que la
QUALITE ? C’est une « manière d’être
caractéristique et non mesurable (ce terme est très important), d’un bien, d’un
service ou d’un être ».
On va ainsi parler de bonne ou de
mauvaise qualité, on va parler d’augmenter la qualité, on va parler du mot
QUALITE sans jamais donner de définition précise de son contenu. Ce sujet est vaste
et contrairement aux apparences extrêmement difficile. Je rappelle que je parle
de « l’industrie touristique » et non de l’industrie en général.
Aujourd’hui, dans le domaine industriel, des normes précises ont été mises en
place pour tendre vers l’excellence et l’on peut dire que l’on y parvient, mais
ce type de normalisation est-il applicable au monde du tourisme ?
Nous avons effectué, avec un petit groupe de travail au
sein de l’association CONVERGENCE, une enquête sur ce sujet qui englobe
les différents secteurs du tourisme : l’aérien, les tours opérateurs,
l’hôtellerie, la restauration, les agences de voyages réceptives, les
aménageurs développeurs, les transporteurs terrestres, les Antiquaires, les
bazars, les commerces de cuir et accessoires de luxe, les guides, la presse
spécialisée… A la simple question posée : « qu’est-ce que la
qualité » nous avons reçu mille et une réponses sans jamais pouvoir en
retenir une seule satisfaisante. La conclusion de cette enquête qui avait tout
de même fait l’objet d’un mémoire avait été: « Ces mille détails qui font
la différence!».
La difficulté provient du fait que la qualité est impalpable,
elle est perceptible, elle n’est pas susceptible d’être normée.
La qualité des uns n’est pas la qualité des autres. Chacun d’entre nous à une
notion différente de la qualité sans qu’il soit possible de dire qui a raison.
La qualité revêt de multiples facettes et porte sur de très nombreux aspects.
Il y a quelques années certains auteurs américains s’étaient fait les chantres
de la « qualité totale ». Parfait voilà la solution : n’entrons
pas dans les détails et parlons de « la qualité totale » ! Hélas
pas plus que pour la qualité simple il n’y a de recette pour la qualité totale.
La qualité reste et restera (j’allais dire Dieu merci !) une affaire
personnelle, intime, propre à chacun d’entre nous et variable selon sa
personnalité, son histoire, sa culture, le pays, l’époque, etc.
Il existe également de nombreux « postes » de
qualité. On peut ainsi évoquer tour à tour la qualité du personnel, la qualité
des installations, la qualité du service, la qualité de la nourriture, la
qualité de l’hygiène, etc. sans oublier le célèbre « rapport
qualité-prix » qui finalement, derrière la banalité de son apparence,
répond déjà partiellement à notre question. La qualité n’a de sens ou de valeur
que par rapport à quelque chose d’autre en l’occurrence le prix. Il doit être
possible de trouver d’autres éléments comparatifs.
Il est donc difficile de « normer » la
qualité ou de la définir par une « loi ». A-t-on déjà vu un ministère
du tourisme, une organisation syndicale hôtelière ou un club de restauration
prétendre légiférer ou règlementer la qualité ? Mêmes les normes de
classement des hôtels ou des restaurants ne peuvent être assimilées à des
définitions de qualité. Elles ne sont que des listes de minimums d’équipements
ou de services à mettre en place pour obtenir une reconnaissance et orienter le
choix de la clientèle. C’est cette dernière qui décidera ensuite, par son
comportement c’est-à-dire par le renouvellement de sa fréquentation ou par sa
désertion si le produit est ou n’est pas de qualité.
C’est donc à chacun d’entre nous, acteurs du tourisme, de
s’interroger pour savoir ce qu’il doit faire pour que son comportement ou sa
prestation soit de qualité.
Le contraire de QUALITATIF est QUANTITATIF, le contraire de
QUALITE est QUANTITE mais également DEFAUT. Ce mot a donc aussi plusieurs
acceptions.
Il y a quelques années, la Vision 2010, nous a fixé un
objectif ambitieux : 10 millions de touristes à l’horizon 2010. Ceci est
un objectif QUANTITATIF. Je ne me souviens pas qu’elle ait précisé la nature ou
le type de touristes qu’elle souhaitait. Je ne me souviens pas non plus qu’elle
ait précisé si elle désirait que ces touristes soient reçus de telle ou telle
manière ou dans tel ou tel cadre. Elle a laissé aux divers rouages de
l’activité touristique le soin d’en juger et de faire ce qu’il fallait non
seulement pour que ces touristes viennent mais aussi qu’ils restent et surtout
qu’ils reviennent! Et donc qu’ils soient satisfaits.
Elle nous a donc laissé la responsabilité du QUALITATIF!
C’est bien ainsi et chacun est dans son rôle. La vision 2010 a fixé des objectifs et
elle nous confie leur réalisation. Nous avons donc tous acteurs du tourisme une
très lourde responsabilité dans ce domaine.
La vision 2010 était QUANTITATIVE, la vision 2020 est QUALITATIVE.
Il ne faut pas confondre QUALITE et PRODUIT ou NIVEAU DE
PRESTATIONS.
Dans l’esprit collectif, il suffit de construire un 4
étoiles ou un 5 étoiles pour que la QUALITE existe. C’est
oublier bien vite un certain nombre de composantes essentielles de la
qualité comme la compétence, la formation, les contrôles, les règles
internes, le management, l’hygiène, la fraicheur des produits, etc.
Rien ne garanti à priori qu’un établissement classé en 4
étoiles soit de meilleure qualité qu’un établissement classé en 3 voire 2
étoiles. Chacun d’entre nous a eu à connaître de tristes expériences dans ce
domaine ! Il est vrai que la qualité à un coût (parfois élevé) et qu’il
faut aussi savoir ne pas faire de sur-qualité surtout lorsque l’utilisateur ne
le demande pas ! Il est fondamental pour les professionnels de déterminer
avec précision le niveau du produit qu’ils souhaitent proposer et d’adapter la
qualité au prix de la prestation fournie. Sortir de ce schéma conduit à ce que
l’on constate trop souvent (notamment pour compenser le manque de qualité) des
établissements dits de haut de gamme, « bradés » au prix
d’établissements de moindre classification qui doivent donc à leur tour, sans
que leur produit soit en cause, baisser leur prix de vente pour rester
concurrentiels et attractifs.
L’urgence aujourd’hui est la PRISE DE CONSCIENCE de
tous les intervenants de ce qu’est la QUALITE et surtout d’y parvenir. Cette prise de
conscience doit passer par l’inventaire quasi exhaustif des défauts de qualité
et par la recherche puis la mise en place des moyens de réduire jusqu’à les
faire disparaître ces divers défauts.
Pour citer les plus graves et les plus fréquents au
Maroc :
-
L’incompréhension
de la notion d’entreprise qui fait que chacun travaille d’abord pour soi,
-
L’organisation
du moindre effort et l’alignement de l’action sur le niveau le plus bas,
-
La
recherche du profit maximal à court terme au lieu de privilégier la durée et la
sécurité,
-
Le
manque de motivation au détriment du « plan de carrière » ou de la
progression au sein de l’entreprise,
-
Le
manque de connaissance de la réelle capacité de chacun à tenir un emploi
précis,
-
Le refus
des responsabilités qui fait qu’il existe peu ou pas
« d’encadrement » et donc de hiérarchie dans l’entreprise,
-
Etc.
Comment pallier, dès maintenant, ce manque de qualité ou
cette insuffisance de qualité qui risque à plus ou moins long terme de nuire
gravement à tous les efforts d’investissement qui auront été entrepris au cours
des dernières années et risque de voir le Maroc rétrograder dans la liste des
pays à forte activité touristique ?
Il ne s’agit pas d’apprendre à chaque marocain toutes les
règles tendant à l’excellence. La tâche serait trop lourde et vouée très
certainement à l’échec. Il s’agit, dès que possible dans l’enseignement pour
les jeunes générations et à partir d’un niveau qui reste à définir pour les
générations déjà en cours de formation, de MODIFIER LES MENTALITES, d’inculquer
LA NOTION DE
RESPONSABILITE et de favoriser la
PRISE DE RESPONBILITES, de développer l’aptitude au
MANAGEMENT D’EQUIPES et à la
FORMATION DE FORMATEURS…
Alors et alors seulement l’horizon 2020 du tourisme
marocain sera largement ouvert quel que soit le nombre de touristes.
SOURCE
WEB Par Jamal Filali Président ASSOCIATION NATIONALE CONVERGENCE TOURISME ET
UNIVERSITE