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Le tourisme marocain de l'après-COVID-19 : simple relance de l'activité ou refonte profonde du modèle touristique

Le tourisme marocain de l'après-COVID-19 : simple relance de l'activité ou refonte profonde du modèle touristique

Le tourisme étant l’unique produit de consommation pour lequel le client/consommateur doit se déplacer pour consommer sur le lieu de production, l’interruption brutale des circulations nationales et internationales due à la crise de la COVID-19 s’est traduite par un arrêt brutal de l’activité, alors que le manque à gagner en termes de balance des paiements, d’emplois et contribution à l’économie en général est très important, surtout pour des pays comme le Maroc où l’activité a un poids considérable dans l’économie et la société. L’article privilégie pour le cas du Maroc l’hypothèse que la crise n’a pas seulement mis le tourisme à l’arrêt depuis le 20 mars, mais qu’elle a aussi révélé ses faiblesses structurelles. Il propose de ce fait une réflexion à long terme pour une révision globale du modèle touristique marocain. Pour cela il rappelle les différentes crises qui ont frappé régulièrement ce tourisme, avant de s’arrêter sur ses principaux points faibles, que la crise a révélés et accentués, pour ensuite entrevoir quelques pistes pour revisiter ce modèle touristique. Dans cette révision, la demande domestique devrait être placée au centre du dispositif au lieu d’être toujours considérée comme un simple palliatif.

Introduction

Il est admis que, partout dans le monde, le tourisme a été parmi les secteurs les plus touchés par la crise sanitaire de 2020. Étant l’unique produit de consommation pour lequel le consommateur doit se déplacer pour consommer sur le lieu de production, l’interruption brutale des circulations nationales et internationales s’est traduite par un arrêt de l’activité. Or, le manque à gagner est très important, surtout pour des pays comme le Maroc où l’activité a un poids considérable dans l’économie et la société. C’est ainsi que, selon diverses sources, le tourisme serait au Maroc le deuxième secteur contributeur au produit intérieur brut (PIB) et créateur d’emplois. Il a généré des recettes de 73,1 milliards de dirhams (DH)1 en 2018, ce qui correspond selon l’Office des changes à 18 % des exportations des biens et services de la même année. Il est l’un des premiers contributeurs à la balance des paiements, a représenté 6,8 % du PIB en 2018 et généré 548 000 emplois directs, soit près de 5 % de l’emploi, dans l’ensemble de l’économie.

Il va de soi qu’à la veille d’une sortie du confinement annoncée, les réflexions, les débats, les scénarios et les plans se multiplient quant au tourisme de l’après-COVID-19. Cependant, ces réflexions et propositions tournent toutes autour de la relance du secteur dans l’immédiat, soit à court terme (comment organiser les établissements sur le plan sanitaire), soit à moyen terme (quelles actions entamer et quel segment cibler pour faire revenir les touristes). Or, pour le Maroc, on peut faire l’hypothèse que la crise qui a frappé la planète n’a pas seulement mis le tourisme à l’arrêt depuis le 20 mars, mais elle a aussi révélé les faiblesses structurelles de cette activité économique. Il faut donc aussi une réflexion sur les suites à long terme. Ne faut-il pas mettre à profit cette pause imposée pour non pas réfléchir aux seuls moyens de relancer le secteur dans l’immédiat, mais revoir de fond en comble le modèle du tourisme que le Maroc a choisi dès les années 1960, en se plaçant sur le marché du tourisme international ? Car bien avant le COVID-19, le modèle touristique marocain, qui est le même tout autour du bassin méditerranéen, a donné de sérieux signes de vieillesse. Cela vient en partie du fait que le produit offert, les aménagements et le fonctionnement ne tiennent plus compte des mutations du tourisme international dit postfordiste. La question qui se pose alors est : Après cette pause forcée, le Maroc doit-il continuer à suivre le même modèle touristique ou bien doit-il se contenter de relancer simplement l’activité en utilisant des palliatifs à chaque baisse et attendre la prochaine crise ?

Pour y répondre, nous proposons une démarche en trois temps. En premier, il faut rappeler que si la crise actuelle est inédite, il y a eu durant toute l’histoire du tourisme marocain moderne une succession de crises qui se sont traduites toujours par des baisses plus ou moins importantes.

Ces crises étant toutes liées au fait que le modèle touristique marocain est fortement dépendant d’une clientèle étrangère, la seule solution préconisée à chaque fois recourt à la demande interne, toujours utilisée comme substitution. Et cette fois-ci encore on ne déroge pas à la règle.

Or, cette demande domestique, bien réelle, doit être conçue dans le cadre d’une révision globale du modèle touristique marocain et non comme un simple palliatif à l’occasion de chaque crise.

Ce modèle souffre de nombreux handicaps que la crise a révélés et accentués et la deuxième 1 Un euro équivaut à 10,8 dirhams (DH) (cours du 20 juin 2020).3 partie de cet article s’arrêtera sur l’analyse de ces handicaps avant d’entrevoir, dans une troisième partie, quelques pistes pour revisiter le modèle touristique marocain.

SOURCE WEB PAR ACADEMIA

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