Le prochain Ministre du Tourisme a du pain sur la planche.
Il n’a échappé à personne, que le secteur du tourisme est sans Ministre depuis le 21 Octobre 2016, soit un peu plus de cinq mois maintenant.
Certes, il y a un intérim qui est assuré par l’actuel Ministre de l’Agriculture pour gérer les affaires courantes , et cela a été accueilli très favorablement par les professionnels, connaissant l’homme et son dynamisme, mais force est de constater qu’il s’est très peu impliqué dans la gestion quotidienne de ce ministère, et pour cause : il avait à faire dans la reconstruction de son parti politique , dans la formation du nouveau gouvernement et last but not least, sa présence auprès de Sa Majesté, que Dieu l’Assiste, dans la tournée Africaine pour la plus noble des causes. Il a cependant assuré lors de la COP 22 et récemment durant la journée du Tourisme Durable.
D’aucuns vous diront que nous n’avons pas eu de Ministre depuis 2011, mais c’est juste pour se donner bonne conscience, car nous avons bien fait avec, et le renier aujourd’hui serait juste de la malhonnêteté intellectuelle.
Qu’est il attendu d’un Ministre du Tourisme ?
Pour ma part, il doit s’atteler au développement du Tourisme sur la base d’un programme qu’il aura au préalable validé avec ces collègues du gouvernement. Car il ne peut y avoir une politique touristique sans l’aval de l’ensemble des ministres et surtout la conviction du premier d’entre eux que le Tourisme est bon pour notre économie, qu’il est bon pour notre balance commerciale, qu’il est bon pour notre image de marque et surtout qu’il est bon l’avenir de notre jeunesse.
Un pays touristique reflète avant tout une stabilité politique.
Notre secteur a la chance d’avoir été le premier à se doter d’une stratégie sectorielle qui est toujours d’actualité et qui ne demande qu’à être mise en œuvre. La Vision 2020 que d’aucuns encore une fois, s’évertuent à mettre en doute, aussi bien dans sa dimension Territoriale que dans sa dimension Produit, reste entièrement à faire, car elle n’a jamais été entamée de manière volontaire et convaincue ni au niveau Territorial, voire régional, et encore moins au niveau National.
Si nous devons passer en revue l’ensemble des chantiers prévu par le CPN Vision 2020, on se rendra compte, qu’aucun n’a été traité à la manière qui lui sied.
Au niveau du Produit, par exemple, et si on excepte le programme Eco/développement durable qui a été entièrement porté par une personne, tout du moins dans sa partie scientifique, les autres produits sont toujours au stade des études de faisabilité (Azur 2020, Patrimoine et Héritage, Animation sport et loisirs, Affaires et bien être et Tourisme Interne)
Le Tourisme Interne, dont j’ai eu à m’occuper personnellement a été le seul à avoir une croissance continue durant les cinq dernières années mais sans réelle stratégie assumée, aussi bien par le secteur public que par le secteur privé. Sur une série d’actions (12) proposées dés 2012, seule les vacances scolaires par régions ont été adoptées, tous le reste, et notamment le Cheque Vacances, ont été rangé dans le tiroir des rendez vous manqués.
Au niveau de l’investissement, le FMDT qui été le bras financier de la Vision 2020 a été rebaptisé ITHMAR en Octobre 2016, abandonnant ainsi sa vocation touristique pour devenir un “fonds souverain” agissant dans tous les secteurs porteurs de l’économie marocaine. A qui la faute ?
L’ONMT a vu son budget sabré dés 2014 alors qu’il était sensé évoluer en parfaite corrélation avec les recettes en devises générées par le secteur. Aucune des six mesures prévues par le CPN, n’a été mise en œuvre dans le cadre de la promotion des destinations.
Au niveau du Capital Humain et de la formation, nous sommes très loin des objectifs fixés en 2011. Car Vision 2020, ne se décline pas uniquement en nombre de lits créés, mais également en nombre de profils formés et donc d’emplois créés. Pour se faire une idée, il suffit de voir comment nos écoles de tourisme sont gérées, exception faite de l’ISITT. Quand aux écoles internationales implantées au Maroc, j’aimerais bien savoir que deviennent leurs lauréats après le cursus normal ?
Enfin, au niveau de la compétitivité des acteurs, et pour ne parler que de mon domaine, c’est la Berezina. Nous sommes confrontés a des mastodontes de la distribution tels que Booking, Expedia ou autres OTA, sans aucun moyen pour les contrer. Résultât, notre marge de manœuvre s’effrite d’autant plus que les organismes sensés nous accompagner à travers des mécanismes dédiés, notamment la mise en place des plateformes web 3.0, se détournent complétement de notre secteur . Chercher l’erreur?
Bref, le prochain Ministre aura beaucoup à faire, mais il doit savoir, que contrairement à tous les autres, il aura à sa disposition une étude d’évaluation onéreuse d’une Stratégie sectorielle encore dans son emballage d’origine et qu’il devra la mettre en œuvre car elle est frappée du sceau Royal.
Le 01 Avril 2017
SOURCE WEB Par Blogtrotter