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Les défis de la transition énergétique au Maroc

Les défis de la transition énergétique au Maroc

Le potentiel de création d’emplois de l’économie verte est énorme, assure le CMC

«La question écologique n’est pas le seul enjeu de la transition énergétique; les questions économiques et celles liées à la sécurité d’approvisionnement, dans un contexte de hausse prévue de la consommation, sont également importantes», a souligné le Centre marocain de conjoncture (CMC) dans sa dernière publication mensuelle «Maroc Conjoncture» n° 283. Dans ce spécial, consacré à l’environnement et au changement climatique, le CMC estime qu’il va falloir cependant maîtriser plusieurs défis d’ordre technique, économique et social pour réussir la transition énergique. D’autant plus qu’aujourd’hui, la fourniture d’énergie repose essentiellement sur les combustibles fossiles qui représentent un peu plus de 80% de l’énergie primaire consommée dans le monde et font subir une pression croissante sur l’environnement.

A noter que la demande en énergie au Maroc croît au rythme de 6 à 8% par an. Cette hausse serait essentiellement attribuable au développement socio-économique et à la généralisation de l’électrification rurale qui dépasse actuellement 99,2%, explique le CMC.

Le CMC rappelle, par ailleurs, que le pays reste faiblement pourvu en ressources énergétiques primaires et est très fortement dépendant des importations d’énergie qui représentaient 96% de sa consommation énergétique en 2012 (charbon, pétrole et produits pétroliers des marchés mondiaux, gaz d’Algérie et électricité importée).

Selon les analystes du CMC, la facture énergétique a enregistré un taux de croissance annuel de 18,8% en moyenne depuis 2002, atteignant 107 milliards de dirhams en 2012.  Par ailleurs, « la part des produits énergétiques dans les importations a atteint son niveau maximal en 2012 (27,6%) reflétant essentiellement la hausse des prix des produits énergétiques et l’accroissement de la demande », indiquent-ils.

Dans ce contexte, le CMC note que les sources renouvelables sont devenues des éléments indispensables à la réussite de cette transition énergétique et «doivent être accompagnées de décisions politiques». D’autant qu’en plus de proposer une solution efficace en faveur de l’environnement, «elles  permettent de faire des économies sur les importations d’énergie, de dépenser les fonds à l’intérieur de l’économie nationale plutôt que pour l’importation de combustibles étrangers, générant des retombées économiques et sociales favorables», note-t-il.

Pour rappel, c’est dans ce même contexte que le Maroc s’est doté d’une stratégie énergétique ambitieuse faisant la part belle aux énergies renouvelables. Lancée en 2009, celle-ci entend porter « la contribution des énergies renouvelables dans la production électrique à 42% à l’horizon 2020, dont 14% provenant du solaire, 14% de l’éolien et 14% de l’hydraulique, et 52% en 2030 », précise le CMC.

Des orientations énoncées dans cette stratégie, il ressort que « l’éolien qui pesait 10% en 2015 représentera 15% en 2020 et 20% en 2030. Pour ce qui est du solaire qui détient une part de 2%  en 2015, il devra passer à 14% en 2020, puis 20% en 2030. La part de l’énergie hydroélectrique, quant à elle, s’inscrira en baisse passant de 22% en 2015, à 12% en 2030 », souligne la publication.

Notons que l’investissement global dans le secteur  énergétique entre 2016 et 2030 est estimé à 40 milliards de dollars dont 30 milliards pour les projets de production électrique de sources renouvelables. Et qu’un nouveau dispositif juridique accompagne cette stratégie : la loi n° 13-09 sur les énergies renouvelables libéralise la production d’électricité à partir des sources renouvelables qui n’est plus le monopole de l’ONEE; la loi N°58-15 ouvre aux producteurs d’électricité produite à partir de sources d’énergies renouvelables la possibilité de raccordement aux réseaux électriques urbains et ruraux de basse tension alors que la loi N° 48-15 institue un régulateur national de l’électricité.

Evoquant la question de l’énergie solaire, le CMC indique que « le Maroc se caractérise par un niveau de solarisation de plus de 2300kwh/m2/an, ce qui représente 30% de plus que les meilleurs sites d’Europe et rend le pays particulièrement propice à la production d’énergie solaire ».

Pour rappel, la stratégie solaire marocaine vise à atteindre une capacité de 2000MW en 2020 grâce au développement d’équipements thermiques CSP et photovoltaïques dans cinq zones différentes couvrant une totalité de 10.000 ha.  A terme, souligne le CMC, ces installations auront une production de 4500GWh (18% de la production nationale actuelle).

Sur les défis à relever, le CMC observe que l’architecture institutionnelle adoptée au Maroc demeure très concentrée, ce qui lui a valu les critiques de  plusieurs acteurs qui réclament une décentralisation des compétences énergétiques pour reproduire le succès allemand. Plus ouvert, le modèle allemand  inclut plus facilement les initiatives participatives et renforce la participation des communautés et des villes.

Qu’à cela ne tienne, le CMC assure que le potentiel de création d’emplois de l’économie verte est énorme.

Le 02 Novembre  2016
SOURCE WEB Par Libération

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