Fès: Les fondouks de la médina restaurés et labellisés
Ils font partie des projets financés par la MCC
Leur réouverture créera une dynamique socio-économique
Les fondouks Chemmaïne-Sbitriyyine, fondés par les Almoravides (1056-1147), seront dédiés à un “Centre de la culture et l’artisanat communautaire de haut de gamme”. Cet ensemble d’une superficie utile de 1.075 m2, comprend 8 ateliers finition/vente, 29 aires d’exposition vente, 3 cafés, une banque, un restaurant et d’autres espaces communs (Ph. YSA)
«100.000 habitants dont 30.000 artisans, 14.000 bâtisses sur 400 ha de superficie, plusieurs centaines de ruelles constituant des labyrinthes, 24 km de murailles, 17 portes monumentales, etc.». Le patrimoine de la médina de Fès ne se résume pas dans la statistique de ce qu’elle recèle. Mais, il y a bien des merveilles qui font rêver les 400.000 à 500.000 touristes qui s’y rendent annuellement pour un voyage dans les temps et l’histoire. Parmi ces merveilles figurent les fondouks Chemmaïne, Sbitriyyine, Barka et Staouniyyine.
En effet, ces sites ont retrouvé leur splendeur d’antan après un travail de rénovation couronné par la création d’un label baptisé «Fanadik Fès». L’Agence pour le développement et la réhabilitation de la ville de Fès (Ader-Fès), qui en a assuré la maîtrise d’ouvrage, dans le cadre du projet «Artisanat et médina de Fès», a mené une opération de communication tous azimuts. Conscients du rôle des médias dans la promotion des monuments fraîchement restaurés, les responsables de l’agence annoncent également la mise en place d’un nouveau concept de management.
Il y a douze ans, nous écrivions «Fès: Les fondouks à l’abandon attendent leur restauration » (voir L’Economiste Edition n° 1829 du 10/08/2004). Dans notre article, nous avons signalé que sur les 115 fondouks de l’ancienne médina, 71 étaient délabrés et certains devenaient un terrain propice pour la contrebande. Notre appel a été entendu. En partie. Puisque des tractations avaient été menées avec les Habous pour aboutir à une formule de réhabilitation des fondouks dans l’ancienne médina. Joyaux de l’architecture arabo-islamique, ces fondouks jouaient un rôle très important dans l’animation commerciale des villes historiques. Leur nombre témoigne de la prospérité économique de la ville de Fès dans le passé. En 2004, ces endroits étaient presque tous détériorés, menaçant ruine ou carrément des ruines.
En effet, il existe deux catégories de fondouks. Les premiers sont des lieux de résidence pour les commerçants et leurs montures. L’espace intérieur de ce type de fondouks est généralement constitué d’un rez-de-chaussée et deux ou trois étages articulés autour d’un patio, comme c’est le cas pour les medersa et les vieilles demeures. Les seconds, appelés fondouks de stockage de marchandises et aussi fondouks de commerçants, sont composés, dans bien des cas, de chambres, de boutiques (donnant sur la rue ou sur la place adjacente du bâtiment) et des ateliers d’artisanat. Il est à signaler que les fondouks qui hébergent les bêtes de somme au rez-de-chaussée sont situés loin du centre de la médina à proximité des portes historiques. Cependant, ces fondouks ont subi des transformations en raison du développement urbain, de la pression démographique et des mutations socioéconomiques qu’a connues la médina. Par conséquent, certains ont disparu, d’autres ont été laissés à l’abandon et ceux qui restent sont en ruine.
Dans le cadre du projet «Artisanat et médina de Fès», il a été procédé à la réhabilitation de ces fondouks datant du XIIIe et XIVe siècles. L’objectif de cette opération consiste à insuffler une nouvelle dynamique socioéconomique et culturelle dans un contexte chargé d’histoire et de patrimoine. «Il s’agit de faire de ces fondouks des bassins créateurs d’emplois et de richesse, de booster l’attractivité touristique et de créer des activités économiques lucratives et rentables dont les revenus seront réinjectés dans les opérations de conservation du patrimoine culturel de la médina de Fès», estime Fouad Serrhini, DG de l’Ader. Et de poursuivre: «Le Souverain nous avait recommandé l’adoption d’une vision dynamique quant à la préservation de ces endroits, en visant à intégrer le patrimoine dans les projets de développement et non seulement à l’embaumer dans une vision de sacralisation du passé». Le but étant de créer une dynamique socioéconomique dans une médina ou la pauvreté est palpable. Le projet lancé en 2007 visait ainsi la revalorisation de l’héritage historique incluant la réhabilitation de quatre sites historiques (Chemmaïne/Sbitriyyine, Baraka et Staouniyyine) et l’ensemble urbain, situé autour de la Place Lalla Ydouna avec l’objectif de valoriser ce site historique qui date de près de huit siècles. Ces projets font partie du pacte I de la Millennium Challenge Corporation (MCC) dont l’investissement réalisé avoisine les 700 millions de dollars.
Donner une vie au patrimoine
Outre une restauration à l’identique, le Roi a voulu, à travers le grand projet de la refondation de la médina (27 monuments, fondouks, et maisons menaçant ruine), donner une nouvelle vie au patrimoine. Ainsi, à titre d’exemple, l’ensemble Chemmaïne-Sbitriyyine, fondé par les Almoravides (1056-1147), sera dédié à un «Centre de la culture et l’artisanat communautaire de haut de gamme». Pour sa part, le fondouk Barka, construit au début du XVIIIe siècle et qui, selon certains historiens, a été dans le passé réservé à la traite des femmes, sera réservé à un «centre de créativité artisanale féminine». Enfin, le fondouk Staouniyyine, fréquenté essentiellement par des commerçants tétouanais qui lui ont donné leur nom, sera dédié à un «Centre d’innovation de l’artisanat du tissage».
Le 08 Avril 2016
SOURCE WEB Par L’economiste