Planifier et gérer une augmentation significative de visiteurs
De nombreuses stratégies sont déployées pour attirer des touristes. Et si tous ces efforts portaient fruit ? Comment éviter qu’une destination devienne victime de son succès ?
Plusieurs grandes villes et hauts lieux touristiques sont confrontés à la gestion d’un nombre croissant de visiteurs dans un espace toutefois limité. Pour éviter une gestion de crise, des stratégies peuvent être développées en amont. L’Organisation mondiale du tourisme (OMT) a publié en septembre dernier un rapport qui présente 11 stratégies et 68 mesures visant à mieux gérer la croissance de flux touristiques. Bien que le document de l’OMT se veuille un outil pour les grandes villes, d’autres territoires (pays, régions, petites municipalités, etc.) peuvent aussi s’en inspirer. Dans le cadre de cette analyse, trois stratégies sont exposées.
1. Promouvoir une offre favorisant une meilleure répartition des visiteurs
Les principaux attraits et événements d’une destination attirent généralement une majorité de personnes. Pour atténuer cette tendance, les offices de tourisme et les organisations de gestion de la destination (OGD) pourraient promouvoir une variété de lieux et d’attraits dispersés sur tout leur territoire, voire en périphérie.
Faire dévier la route d’une personne qui visite une destination pour la première fois représente un défi de taille, car bien souvent les icônes de ce lieu s’inscrivent parmi les raisons de son déplacement. Toutefois, si on lui propose une offre complémentaire, un touriste pourrait être tenté de bifurquer légèrement de son itinéraire et de se laisser surprendre par de nouvelles suggestions.
Certains voyageurs recherchent justement ces lieux situés à l’écart des grandes foules, d’autres reviennent pour une deuxième fois ou plus, ou effectuent un plus long séjour. Tous figurent parmi la clientèle cible d’une telle stratégie.
Exemple : Play London with Mr Bean
L’agence de promotion officielle de Londres, London & Partners, a lancé à l’automne 2017 l’application gratuite Play London with Mr Bean. L’un des objectifs de cette initiative consiste à disperser les visiteurs sur le territoire et à réduire l’affluence dans certains lieux plus critiques. À travers un jeu, les utilisateurs sont invités à découvrir différents attraits situés aux quatre coins de la métropole. Après chaque visite, ils accumulent des points leur permettant d’obtenir des rabais dans des commerces de la ville.
Dans son rapport annuel, London & Partners affirme que l’application a été téléchargée près de 400 000 fois, un véritable succès selon la firme.
2. Promouvoir une offre hors des heures de pointe et hors saison
Atteindre un équilibre quant à la répartition de touristes au cours d’une journée, d’une semaine ou d’une année constitue un objectif pour bien des organisations touristiques. Relever le défi en vaut la chandelle tant pour la destination que pour les visiteurs, qui profitent d’une meilleure expérience globale.
L’OMT a identifié quelques mesures qui appuient une telle démarche :
Stimuler l’offre événementielle durant les mois les plus creux ;
Établir d’une tarification dynamique pour favoriser la clientèle se déplaçant hors des périodes de pointe ;
Mettre en valeur des expériences uniques, à fort potentiel, qu’on ne retrouve pas nécessairement en haute saison.
Plusieurs solutions technologiques sont également à considérer pour modérer l’attente dans des attraits, festivals ou autres lieux touristiques. Par exemple, des applications qui indiquent en temps réel la durée des délais pour accéder à des lieux précis et qui suggèrent d’autres options lors des heures critiques.
Exemple : Visit Finland
Depuis plusieurs années, la Finlande se démarque par la façon dont elle fait la promotion de ses saisons (lire aussi : Six pratiques inspirantes de la Finlande). Sur son portail, des expériences saisonnières uniques y sont présentées à travers des articles, vidéos et images qui témoignent du caractère authentique de la destination.
Source : Visitfinland.com
À travers son matériel promotionnel, l’OGD n’hésite pas à évoquer ce qui la distingue des autres lieux plus visités dans le monde et à faire ressortir ce qui pourrait plaire de l’expérience typiquement finlandaise.
Source : Visitfinland.com
Les attraits gagnent aussi à s’impliquer dans la promotion de meilleures périodes pour les visiter. À Amsterdam, le Rijksmuseum propose quelques astuces aux visiteurs qui préfèrent se tenir loin des foules et indique clairement les mois, les jours et même les heures les plus achalandés. Pour un visiteur, il s’avère plus simple de planifier son horaire en tenant compte de ces moments de forte affluence.
3. Stimuler la création de nouveaux itinéraires et attraits
Chaque destination possède des atouts méconnus de la plupart des touristes. Créer des itinéraires de type « hors des sentiers battus » et les mettre en valeur avec la collaboration d’offices du tourisme, d’ambassadeurs et de commerçants locaux peut contribuer à mieux répartir les visiteurs sur un territoire.
L’OMT souligne l’importance d’impliquer la population locale dans la création de nouveaux itinéraires pour éviter des frictions entre les visiteurs et les résidents. Cocréer des circuits inédits avec celle-ci favoriserait une meilleure intégration (lire aussi : Pourquoi créer un réseau d’ambassadeurs ?).
La demande pour une offre touristique alternative est bien réelle. Elle se reflète, entre autres, par l’envie des consommateurs de vivre des expériences authentiques, par le désir de découvrir la culture locale ou même par une popularité envers les applications mobiles telle que Spotted by locals. De ce constat découle le défi de répondre aux attentes des clientèles avec le souci de préserver le caractère authentique du nouveau quartier ou territoire à développer.
Exemple : UnDiscovered itineraries de Tourisme Australie
Conscient des idées stéréotypées des touristes qui visitent sa destination, l’OGD de l’Australie a décidé de créer et de promouvoir des expériences inusitées à travers des itinéraires qui sortent des corridors les plus fréquentés.
Le 30 octobre 2018
Source Web : veilletourisme