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Les parents démunis face à l’échec scolaire L’enseignement privé de qualité est pour les riches

Les parents démunis face à l’échec scolaire  L’enseignement privé de qualité est pour les riches

Partout dans le monde, à la fin de chaque année scolaire, les élèves et leurs parents attendent avec anxiété les résultats des examens et les bulletins scolaires. Au Maroc, pour les enfants de riches qui vont tous dans des écoles privées de qualité, les résultats sont, sans surprise, très bons. Leurs parents reçoivent en direct leurs résultats d’examens et bulletins par émail. Mais pour les démunis, c’est la déception ; l’échec scolaire est devenu une fatalité pour eux. Leurs parents reçoivent les bulletins avec retard ou ne les reçoivent pas, car interceptés ou déchirés. Ils sont surpris, abasourdis, désarmés par l’insuccès de leurs enfants aux examens de fin de cycles. Leurs enfants quittent les bancs de l’école en masse sans diplômes valables, incultes et illettrés.
Les enfants de langue amazighe subissent l’école arabisée, sans trop s’imprégner du discours scolaire. Ils la quittent, les filles pour un mariage précoce et les garçons pour survivre en déracinés.  Beaucoup d’élèves issus de parents pauvres échouent devant le barrage du CEP (fin du primaire). Certains, résignés et frustrés, arrivent en fin de collège sans plus et s’en vont sombrer dans la  délinquance des cités. Une faible partie se hisse jusqu’au lycée. Quelques-uns le traversent en redoublant, échouent en masse au bac et deviennent chômeurs. Les rares qui auront leur bac vont dans des facs, où ils échouent souvent dès le début de leur cursus. D’aucuns espèrent un petit boulot et vont dans les ITA et autres  ISTA de l’OFPPT et en sortent pour chômer. Les causes de  l’échec scolaire quasi certain des démunis sont connues de tous depuis des années (politiques, économiques, familiales, individuelles, pédagogiques, sur-arabisation…). Nombre de Marocains soupçonnent l’Etat de vouloir favoriser un enseignement à deux vitesses. Les moins sceptiques l’accusent de laxisme délibéré pour protéger les privilèges des classes nanties.
L’enseignement privé de qualité, payant, peu arabisé est pour les riches. Il les conduit à l’excellence scolaire, à la réussite avec brio dans les examens et concours et donc à un bel avenir. L’enseignement public au rabais, sur-arabisé, encombré, gratuit, dit obligatoire est pour les pauvres. Il les conduit à la médiocrité en classe, à l’échec aux examens, et, rapidement, à l’abandon scolaire. Les enfants des uns restent démunis et ceux des autres deviennent plus riches. Ce serait là le but visé. La  confiance  envers l’école publique diminue et la méfiance envers ses réformettes augmente. De fait, les textes de base de la politique éducative de l’Etat stipulent clairement - et sans ambages - vouloir former des «hommes musulmans, arabisés, obéissants». On alphabétise en masse, pour avoir des  individus pieux, arabisés, dociles, malléables, manipulables sans peine. Ils saisiront et exécuteront les consignes et instructions écrites sans équivoque. Ils s’enverront des emails en darija, ils rempliront les formulaires usuels, participeront aux mascarades électorales. Ils pourront lire dans les cafés populaires des pages de foot, se disputer fort avec mots orduriers. Ils dévoreront les faits divers des journaux et enrichiront leur lexique et culture de violences. Ils rempliront sans peine les grilles de loto, tiercé et autres jeux qui rempliront les caisses de l’Etat. Ils saisiront les messages des médias et s’en endoctrineront à satiété. Ils s’empliront facilement à fond de chauvinisme naïf, de panarabisme dépassé et d’islamisme aliénant. Ils subiront le matraquage médiatique des chaines  arabes du Golfe. Certains de ces « alphabétisés » formés à l’aune de l’école publique pourront se perfectionner à fond  dans le religieux en s’abreuvant de pages jaunes des livres dits sacrés, vieux de plusieurs siècles mais bien reliés et presque gratuits. Ils y comprendront fort peu de choses mais, fanatisés, ils nous empoisonneront la vie.  
Paix à toi Machiavel, tu as ici des disciples surdoués surtout dans la gente des Voilées et Barbus!


19 Juin 2015
SOURCE WEB Par Mohamed Azergui * Libération

* Professeur universitaire retraité
Tags : Au Maroc, pour les enfants de riches qui vont tous dans des écoles privées de qualité, les résultats sont, sans surprise, très bons- pour les démunis, c’est la déception ; l’échec scolaire est devenu une fatalité, leurs enfants quittent les bancs de l’école en masse sans diplômes valables, incultes et illettrés- Les enfants de langue amazighe subissent l’école arabisée, sans trop s’imprégner du discours scolaire- Beaucoup d’élèves issus de parents pauvres échouent devant le barrage du CEP (fin du primaire)- Nombre de Marocains soupçonnent l’Etat de vouloir favoriser un enseignement à deux vitesses- Les moins sceptiques l’accusent de laxisme délibéré pour protéger les privilèges des classes nanties- L’enseignement privé de qualité, payant, peu arabisé est pour les riches. Il les conduit à l’excellence scolaire, à la réussite avec brio dans les examens et concours et donc à un bel avenir- L’enseignement public au rabais, sur-arabisé, encombré, gratuit, dit obligatoire est pour les pauvres- les textes de base de la politique éducative de l’Etat stipulent clairement - et sans ambages - vouloir former des «hommes musulmans, arabisés, obéissants».-