Rapport de la cour des comptes A quoi sert le ministère du tourisme ?
La publication du rapport de la cour des comptes sur la gestion de l’ONMT en début de mois de mars est très révélatrice.
D’abord le fait que ce rapport analyse le contrat cadre 2001/2010 et
celui de la vision 2020, c’est que ces critiques concerne la globalité
de la politique touristique du Maroc. Secundo et c’est tout aussi
important, il est évident qu’a travers l’ONMT, ce rapport épingle
essentiellement le ministère du tourisme. Voire, et c’est encore plus
significatif, les juristes financiers de la cour des comptes, bottent en
touche les attributions du département du tourisme.
Autant dire que ces derniers considèrent comme beaucoup de
professionnels que le ministère ne sert à rien sinon à enrayer la
machine avec ces lourdeurs bureaucratiques.
D’ailleurs plusieurs pays développés ont intégré le tourisme soit dans
le commerce international ou carrément dans la case diplomatie. La
France que nous copions tout le temps dispose d’un secrétariat d’Etat
auprès du ministère des affaires étrangères chargé du commerce
extérieur, de la promotion du tourisme et des français de l’étranger.
Remarquez que l’on parle directement de la promotion du tourisme, ce qui
correspond exactement à la mission de l’ONMT.
Autant dire que les arguments de ceux qui militent pour la suppression
d’un ministère aussi atone, sont tout à fait fiables et viables.
Moyennant, bien sûr, quelques restructurations avec comme fer de lance
l’ONMT pour le commercial et la SMIT pour l’investissement.
Les deux entités ayant pour mission la promotion du produit marocain et
la promotion de l’investissement touristique au Maroc, une fusion de
l’ONMT et du SMIT en une seule société serait bénéfique. Une société
unique, un guichet unique, une stratégie unique avec l’obligation du
résultat comme dans toute entreprise commerciale. Ce n’est aucunement
une utopie quand on fait le décompte des gabegies relevées par la cour
des comptes depuis 2001. Rien que le ministre Lahcen Haddad et ses
collaborateurs qui voyagent tout le temps en sautant d’un avion à un
autre, sans rentabilité aucune, participent d’une manière conséquente à
cette folie dépensière. On ne comprend pas, par exemple, pourquoi ils se
déplacent aux salons de Madrid et de Berlin quand on sait qu’ils
reviennent souvent bredouilles. A quoi sert le stand marocain avec tous
ces gadgets ostentatoires quand on sait que les tours operateurs
visitent rarement ces foires.
Les bonnes affaires se font ailleurs avec moins de frais et plus
d’efficacité. Normal que parmi les principaux griefs des magistrats de
Driss Jettou figurent les stratégies marketing appuyées sur des études
de marché insuffisantes, pour ne pas dire insignifiantes. Ecore faut-il
préciser que ces stratégies ne font pas l’objet d’études d’impact pour
mesurer leur efficacité. D’ailleurs la cour des comptes épingle dans la
stratégie 2001-2010 les campagnes marketing qui ne sont pas adaptées à
chaque marché. Le changement des marchés touristiques prioritaires sans
justifications plausibles et la non instauration d’un système
d’évaluation de ses performances par marché ou par délégation. Tout a
été passé au peigne fin y compris le fait de ne pas avoir mis en place
un comité de pilotage pour conduire ses actions. Voire, et on se
croirait à l’école primaire, puisque la cour des comptes reproché à
l’office du tourisme marocain de ne pas assez miser sur le numérique.
Quand on n’a pas découvert le rôle important de l’internet dans la
promotion, la commercialisation et la distribution du produit
touristique, c’est qu’il y a un hic ministériel.
C’est très grave d’autant plus que ces mêmes critiques ont été formulées
par la cour des comptes déjà en 2008 quand elle a mis à l’index la
mauvaise gestion des marchés, du portefeuille et des délégations
étrangères.
Il y a sept ans la Cour avait évoqué la nécessité d’établir une
stratégie claire visant à atteindre les objectifs 2010 et souligne la
négligence quant à l’accomplissement de cette mission. «Cet objectif n’a
pas été accompagné par l’élaboration d’un plan clair et bien défini
faisant ressortir les actions à entreprendre, les étapes d’exécution,
les objectifs intermédiaires ainsi que les moyens et les ressources à
mobiliser » C’est dire que rien n’a été fait depuis et que les
recommandations de la cour des comptes sont restées lettres mortes.
C’est dire aussi qu’il ne faut pas s’attendre à ce que la vision 2020
soit plus visible que sa sœur ainée de 2010. Et pour cause le rapport
des juges financiers est très explicite sur une stratégie 2020 qui n’est
pas encore élaborée : « …Malgré l’engagement de plusieurs études
externes pour la définition de la stratégie 2020 et une autre pour sa
mise en oeuvre, l’ONMT n’a pas arrêté, à l’heure actuelle, une stratégie
sur la base des conclusions des trois études précitées et encore moins
des plans marketing et des plans de communication… »
Mais alors que fait le ministère et surtout le ministre Haddad, sinon de
verser dans un optimisme béat ? Le site officiel du ministère du
tourisme est inondé par les activités et les déclarations dithyrambiques
du ministre.
Autrement c’est un site qui ne pèse pas lourd en matière d’informations.
La biographie du ministre et son mot figurent en bonne position dans la
page d’accueil et quand vous cliquez sur une rubrique vous tombez des
nus. Dans « la vision 2020 », vous ne trouvez que quelques lignes de
littérature où la stratégie de ce plan est absente comme par hasard.
Même petite littérature dans la rubrique « Grands chantiers » où on ne
trouve la trace d’aucun chantier des stations balnéaires.
Un ministère avec ses multiples directions qui est incapable de
construire un site internet viable, peut-il planifier une stratégie à
long terme et construire à terme les grands projets ?
La preuve, quatre ans après 2010, et six ans avant 2020 le nombre des
touristes n’a pas encore dépassé le seuil de 10 millions de 2010
puisqu’il 283 000 arrivées au 31 décembre 2014.stagne à 10
20 Mars 2015-03-21
SOURCE WEB Par La Vie Touristique
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