Adaptation au changement climatique dans les oasis Préserver la sécurité alimentaire, seul objectif
Impliquer les populations oasiennes (ici dans l'oasis d'Akka) dans la
gestion des risques dus au changement climatique est le principal
objectif du programme d’adaptation en Afrique. Ph. DR.
Déjà
soumises à des conditions météorologiques extrêmes où les températures
caniculaires de l’été alternent avec celles glaciales de l’hiver, les oasis marocaines subissent
de plein fouet les changements climatiques. Ces îlots de verdure en
plein désert s’étalent sur une superficie de 107.324 km² (15% de la
superficie nationale), abritent 1,6 million d’habitants (5,3% de la
population du pays) et concernent huit provinces et 113 Communes.
Celles-ci, en plus d’autres facteurs défavorables tels que le désintérêt
des jeunes pour l’agriculture oasienne, risquent de voir leurs
rendements se réduire de 10 à 15% d’après une étude réalisée par le
ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau et de l’environnement,
intitulée : «Adaptations aux changements climatiques. Pour des oasis
résilientes». Plus inquiétantes encore sont les projections futures du
climat du Maroc réalisées dans le cadre de la Seconde Communication nationale sur le changement climatique, qui
prévoient une tendance à des augmentations moyennes de température de
+0,6 °C, +1,8 °C et +3,2 °C, respectivement pour les horizons 2015, 2045
et 2075. Les baisses moyennes des précipitations seront de l’ordre de
-6%, -13% et -19%, selon les données de la même source. Un maximum de
réchauffement de 1,4 °C pour la région sud-est du Maroc est rapporté par les auteurs d’une autre étude initiée avec l’appui de la GIZ (coopération
allemande) en partenariat avec des acteurs de l’Initiative nationale
pour le développement humain témoignant ainsi d’une situation critique
et alarmante dans le futur. La conjugaison de ces deux phénomènes fera
que, selon les prévisions du ministère de l’Énergie, des mines, de l’eau
et de l’environnement, l’augmentation des besoins en eau agricole est
estimée à + 8% pour Ouarzazate et + 2% pour Zagora, à titre d’exemple.
40% de la surface végétale perdus
«Une
dizaine d’oasis ont déjà perdu plus de 40% de leur surface végétale, ce
qui se répercute sur l’exploitation agricole des oasis, engendre la
dégradation de la qualité de vie des populations oasiennes et met en
réel danger la sécurité alimentaire dans ces zones» avertit la note de
cadrage de la «Deuxième phase du programme d’adaptation au changement
climatique en Afrique».
Face à cette situation, le gouvernement du
Maroc et le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud) se
sont engagés pour mettre en place des programmes visant la préservation
des oasis. La période 2010-2012, rappelle la note de cadrage, a connu la
naissance d’un Projet spécifique d’adaptation au changement climatique
pour des oasis résilientes. Ce projet s’inscrit dans le cadre du Programme d’adaptation en Afrique (AAP) cofinancé
par le gouvernement du Japon et le Pnud, et a visé à gérer et à réduire
les risques posés par le changement climatique. Ce projet a mené dans
trois bassins Oasiens : Guelmime-Tata, vallée du Drâa, bassin du Ziz-Ghriss notamment Errachidia et Arfoud. Les communes de Fezna et d’Asrir (Province
d'Errachidia) ont été retenues pour l’étude des modèles d’adaptation.
«Après une analyse de la vulnérabilité des écosystèmes oasiens, des
projets modèles d'adaptation ont été mis en œuvre principalement la mise
en place avec une coopérative agricole d'un projet agricole résilient
sur 20 hectares avec plantation d'environs 5.000 plants du palmier Mejhoul et 2.500 grenadiers», souligne Brahim Jaafar, coordonnateur national AAP-Maroc.
À cela s'ajoute une étude sur la recharge de la nappe de Fezna et un
projet d'assainissement liquide au profit de 5.000 habitants. Vu le
succès de la première, le Maroc a été retenu parmi les quatre pays (sur
20) pour mener la deuxième phase durant laquelle le recours à
l’informatique pour les prévisions météorologiques sera renforcé,
poursuit notre interlocuteur.
Dix nouvelles stations météo
Dans
le processus de renforcement des systèmes d’alerte contre les risques
climatiques, le ministère de l'Énergie, des mines, de l’eau et de
l’environnement en collaboration avec la météo nationale et les agences
de bassins hydrauliques (Guir-Ziz-Ghériss et Souss-Massa-Drâa), le
projet AAP a apporté un appui au réseau national d’observation géré par
la Direction de la météorologie nationale (DMN), en mettant en place le
long des oasis d’Errachidia à Guelmim, dix stations climatiques
automatiques actuellement fonctionnelles
et qui sont reliées au serveur central mis en place à la DMN.
Le 24 mai 2014
SOURCE WEB Par Samir Benmalek, LE MATIN
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