Entretien avec Jean-Pierre Elong Mbassi, SG des Cités et gouvernements locaux unis-Afrique
«En matière de financement des villes, le Maroc a fait beaucoup de progrès»
Le Matin : Pourquoi la tenue d’un sommet consacré au
financement des villes africaines ?
Jean-Pierre Elong Mbassi : Les villes d’Afrique sont celles
qui expriment le plus d’attentes en matière de services de base, en matière de
mise à niveau des investissements et en matière de création d’emploi. Aussi, l’Afrique sera le pôle humain le plus important
dans les 50 prochaines années et on s’attend à ce qu’il y ait 800 millions de demandes d’emplois
supplémentaires d’ici à 2050. Il faut donc que le monde s’intéresse à la
manière dont les villes africaines vont répondre à cette demande. Ainsi, nous
organisons depuis un certain temps une série de réflexions autour du financement des villes africaines. Nous
attirons l’attention des gouvernements nationaux ainsi que des partenaires au
développement sur l’urgence de mettre en place des stratégies adaptées pour que
les villes d’Afrique ne soient pas en retard dans les dépenses liées aux
investissements.
Existe-t-il des exemples ou des pistes bien précises à suivre dans
ce sens ?
Il y a plusieurs façons de financer les villes. Il y a la façon qui consiste
pour l’État ou la collectivité de dégager de ses ressources propres de quoi
investir. On sait d’avance que cette solution n’est pas à l’échelle des
problèmes et des attentes. Comme pour tout investissement de longue durée on va
avoir recours à un intermédiaire pour apporter de l’argent et qu’on va payer
petit à petit. Donc, première question, c’est où trouver l’argent à emprunter, puis, deuxième question, c’est comment rembourser l’argent emprunté. À
ce niveau, il faut interroger la
capacité du marché financier à apporter de l’argent pour que les villes
puissent investir et renforcer la capacité des villes à rembourser les prêts.
C’était là le sens de la conférence
«REsolutions Afrique» de Marrakech sur le financement des villes. Ce que
nous souhaitons, c’est qu’on regarde la panoplie des possibilités qui sont
offertes en fonction du niveau de développement des différentes villes, étant
donné que les villes ainsi que les pays ne sont pas au même niveau de
développement. Donc, nous avons essayé d’explorer l’ensemble des possibilités
et voir ce qu’on pouvait recommander à différents types des collectivités
locales au niveau des différents types de décentralisation.
Quelle perception avez-vous, dans ce contexte, du modèle des
villes marocaines ?
Nous avons, dans les CGLU Afrique, fait une étude sur l’environnement
institutionnel pour l’action des villes et des collectivités locales. Nous
avons évalué 50 pays pour déterminer quelles sont les villes qui offrent le
meilleur environnement à l’action des villes et des collectivités locales.
L’Afrique du Sud arrive en premier et le Maroc comme deuxième pays
africain.
L’avantage du Maroc par rapport aux autres pays est évident. Le Royaume a décidé qu’une part importante
des ressources de la TVA soit versée aux collectivités territoriales.
Aussi, le Maroc va se lancer maintenant
dans la régionalisation avancée. Nous constatons donc qu’il y a un effort
résolu du pays pour aller vers une gestion décentralisée des affaires
publiques. Il faut reconnaitre que le Maroc a déjà fait beaucoup de progrès.
C’est un modèle qui a été évoqué lors des travaux de la conférence «REsolutions Afrique» de Marrakech ?
Oui. Cela a été à l’ordre du jour de ce sommet. Nous avons vu les étapes supplémentaires qu’un pays comme le Maroc, qui a déjà fait beaucoup, doit encore accomplir pour que ses collectivités locales soient au niveau de ce qui est requis.
21 décembre 2014 –
SOURCE WEB Par Brahim Mokhliss, LE MATIN
Tags : Jean-Pierre Elong Mbassi -En matière de financement des villes, le Maroc a fait beaucoup de progrès- l’Afrique sera le pôle humain le plus important dans les 50 prochaines années-800 millions de demandes d’emplois supplémentaires d’ici à 2050- réflexions autour du financement des villes africaines- où trouver l’argent à emprunter- comment rembourser l’argent emprunté- interroger la capacité du marché financier à apporter de l’argent pour que les villes puissent investir et renforcer la capacité des villes à rembourser les prêts- conférence «REsolutions Afrique» de Marrakech- Le Royaume a décidé qu’une part importante des ressources de la TVA soit versée aux collectivités territoriales- le Maroc va se lancer maintenant dans la régionalisation avancée-