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STRESS HYDRIQUE COMMENT FAIRE FACE AUX MENACES

   STRESS HYDRIQUE  COMMENT FAIRE FACE AUX MENACES

RENFORCER L’ARSENAL PRÉVENTIF POUR LIMITER LES PERTES D’EAU

GÉNÉRALISER LA CAPTATION DES EAUX PLUVIALES, RENFORCER LE DESSALEMENT DE L’EAU DE MER

A PEINE 15% DES EAUX USÉES SONT TRAITÉES

On ne le dira jamais assez: le stress hydrique est l’un des grands défis que le Maroc devra relever dans les prochaines années. Surtout avec un déficit en eau qui devra atteindre 5 milliards de m3/an en 2030 contre 2 milliards actuellement. Radius, un cabinet spécialisé dans l’organisation de séminaires stratégiques, a fait appel à des experts, notamment de l’ONEE, pour préparer un livre blanc sur les mesures à mettre en place pour assurer une gestion durable de la ressource. En tête des recommandations, l’optimisation des réseaux de distribution. L’idée est de limiter les pertes d’eau en s’attaquant particulièrement à la vétusté des canalisations. L’approche est déjà adoptée par l’ONEE, qui dispose d’un programme dédié à la lutte contre les fuites dans les installations de production et de distribution à travers notamment la réhabilitation du matériel. Radius ne recommande pas d’acquérir de nouvelles installations, souvent trop coûteuses, mais plutôt de renforcer l’arsenal préventif. L’idéal serait de mettre en place un programme d’inspection continue pour améliorer l’étanchéité du réseau. Les experts de Radius visent essentiellement les collecteurs visitables, qui demeurent la principale source de fuite des eaux usées.

Pour accompagner la hausse des besoins en eau, qui devraient atteindre près de 15,8 milliards de m3 en 2030 contre 11 milliards en 2010, Radius préconise la diversification des ressources d’approvisionnement. Ainsi, le dessalement des eaux de mer s’avère essentiel pour les régions du Sud, bien que cette technique soit coûteuse. Les experts de Radius estiment que  les avancées technologiques inversent la courbe des coûts, faisant ainsi du dessalement une solution très compétitive. De même, la captation des eaux pluviales, un procédé déployé actuellement dans le cadre du projet d’appui à la gestion intégrée des ressources en eau (AGIRE), devrait être généralisée à l’ensemble des régions du pays, estiment les experts de Radius. Surtout que la technique reste peu coûteuse, est-il indiqué. Parallèlement, les efforts doivent être intensifiés en matière de préservation de la qualité de l’eau potable. Car, «si cette ressource ne comporte pas de risques sanitaires majeurs, son utilisation plurisectorielle  génère des externalités négatives», selon le cabinet Radius. Au Maroc, les normes de traitement ne sont ni fixes ni généralisées à tous les secteurs, lit-on dans le document. Or, «la qualité de l’eau dépend des normes de traitement adoptées et de la fiabilité des installations». D’où l’intérêt de mettre en place un dispositif technique et opérationnel destiné à généraliser la production d’une eau de qualité sur tout le territoire.

Il est également conseillé d’améliorer le système de traitement des eaux usées. Aujourd’hui, «sur un ensemble de 750 millions de m3 de ressources usées, seules 15% sont traitées dans des conditions non optimales», précise-t-on. Le cabinet Radius qualifie le système d’assainissement de déficitaire, nécessitant davantage de moyens financiers, du fait de l’envergure des équipements requis. Mais les experts s’accordent à dire que le coût de construction et d’exploitation d’une station de traitement des eaux usées est deux fois moindre que celui d’une station de dessalement de l’eau de mer. Néanmoins, l’épuration des eaux usées dépendra autant du nombre de stations qui seront installées que du choix des technologies à mettre en place. En fait, Radius met en garde contre certains procédés qui offrent un traitement optimal, mais qui restent très consommateurs d’énergie. En tout cas, la technique s’avère nécessaire pour réduire le déficit hydrique que connaissent certaines régions. D’ailleurs, le traitement des eaux usées dans la région d’Agadir a permis de baisser ce déficit de 50 millions de m3 par an. Une fois traitées, ces eaux doivent être réutilisées, pour répondre notamment à la demande croissante de certaines régions touristiques, industrielles et agricoles, qui cherchent à préserver l’eau potable pour la consommation humaine. Pour convaincre, les experts de Radius font valoir les retombées positives de la réutilisation des eaux usées sur l’activité agricole. Celle-ci permet à l’agriculteur de minimiser ses dépenses en irrigation. Ainsi, le remplacement des engrais par une source de nutriment moins coûteuse, comme les eaux usées traitées, devient une solution prometteuse, affirment les auteurs de cette étude. D’autant plus que la ressource épurée est riche en matières organiques comme le phosphore, l’azote organique et les micronutriments.D’un point de vue environnemental, l’épuration permet de valoriser les sous-produits des eaux usées, particulièrement les boues qui sont actuellement rejetées en grande partie dans les décharges. Néanmoins, cette solution risque de se heurter à des obstacles de taille. Les experts de Radius citent notamment la difficulté de mobiliser les opérateurs économiques, particulièrement les agriculteurs et les exploitants de golf qui préfèrent utiliser l’eau souterraine, jugée moins chère. 

Partenariat public privé

Les experts du cabinet Radius se sont penchés sur le modèle de gouvernance et de financement à adopter pour lutter contre le stress hydrique. Ils recommandent ainsi de réviser le cadre contractuel qui lie aujourd’hui l’Etat aux régies publiques. Certes, «l’expérience de déléguer la gestion de l’eau à une régie a connu un succès dans certaines villes comme Marrakech, mais elle a toutefois montré ses limites en termes de capacités techniques, financières et humaines», lit-on dans le livre blanc. Aujourd’hui, l’idéal serait de recourir au secteur privé dans le cadre de partenariat public privé (PPP). Mais il faudra mettre en place des mécanismes de garantie et de performance en matière d’investissements publics et de rentabilité. 

18 Juillet 2014_SOURCE WEB Par Hajar BENEZHA

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