Le Maroc se dote d’un logiciel d’espionnage des smartphones
Attention, Big Brother tient aussi à l’œil les opposants politiques et les activistes de la société civile
Nos smartphones sont espionnés. C’est ce que vient de révéler un rapport publié sur le site du magazine spécialisé en nouvelles technologies "Wired". Selon une enquête menée par "Citizen Lab" de Toronto et Kaspersky, société de logiciels anti-virus, le Maroc figure parmi les pays qui ont acquis un logiciel de surveillance conçu par une société italienne et utilisé pour espionner les téléphones mobiles notamment ceux des militants des droits de l'Homme, des journalistes et des politiciens.Ce logiciel espion aurait notamment servi à surveiller les opposants politiques et les membres des mouvements de protestation marocains lors du déclenchement des mouvements de révolte dans le monde arabe, a précisé le magazine britannique.Une surveillance de plus en plus facile vu la vulnérabilité des principaux systèmes d'exploitation iOS, Android, Blackberry et Windows devant ce logiciel d’espionnage qui peut prendre le contrôle du microphone, de l’appareil photo et des applications, y compris les services de géo-localisation.En effet, les techniques utilisées pour infecter les appareils mobiles ne manquent pas. Il s’agit notamment de faux liens diffusés à travers les réseaux sociaux. Il suffit parfois de cliquer sur un lien ou une pièce jointe reçus par mail sur son smartphone ou son ordinateur pour que ce dernier s’installe et commence sa mission d’espionnage. Des traces de ce virus ont été trouvées dans des applications populaires comme Viber, WhatsApp ou encore Skype. Une fois le smartphone infecté, il peut envoyer toutes les informations qu’il rencontre et ce à travers le réseau sans fil Wi-Fi. Ce procédé peut aller beaucoup plus loin, puisqu’il peut lui-même activer le microphone ou le GPS à distance ou, pire encore, prendre des photos, visualiser les conversations sur WhatsApp, Viber et Skype, des pages Internet mis en cache. Le système peut même agir pour économiser la batterie, éteignant automatiquement le microphone, Wi-Fi et prendre des photos quand il est connecté à l'alimentation. Il peut être réglé pour permettre la mise en marche du GPS lors du démarrage du système.Des révélations qui suscitent un débat sur le respect de libertés individuelles et la vie privée des personnes. Ainsi, si tout ce que nous faisons est absolument contrôlé, que nous le sachions ou non via une surveillance électronique visible ou non (écoutes téléphoniques, vidéosurveillance, filtrage Internet, etc.), il est légitime de s’interroger sur les limites de l’usage de ces méthodes. Cet espionnage doit-il avoir lieu ? Quelles sont les raisons qui peuvent permettre une telle surveillance au-delà d’arguments genre sécurité d’Etat? Et qu’en est-il des données collectées ? Leur collecte et leur traitement ne doivent-ils pas être réglementés de manière suffisamment protectrice des libertés ? Autant de questions qui se posent aujourd’hui avec acuité puisque les citoyens ne sont plus seulement espionnés par l’Etat mais aussi par n’importe quel Geek.
2 Juillet 2014_SOURCE WEB Par Hassan Bentaleb Libération
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