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AGENCES DE VOYAGES IATA RIEN NE VA PLUS

AGENCES DE VOYAGES  IATA  RIEN NE VA PLUS

Les voyagistes contre les règlements bimensuels

Leur commission passe de 9 à 1% en 10 ans

En raison de la montée en flèche des réservations sur internet, beaucoup d’agences de voyages se demandent si elles pourront toujours exister d’ici 20 ans

«Nous ne sommes plus dans un esprit de partenariat win-win avec l’IATA. Nous avons plus le sentiment d’être face à un rapport de force imposé par l’organisation», regrette Omar Sabri, secrétaire général de la Fédération des agences de voyages au Maroc (Fnavm). Les conditions «sévères» imposées par l’Association internationale du transport aérien (IATA) s’enchaînent et les voyagistes n’en peuvent plus. Et c’est d’ailleurs la raison pour laquelle la Fnavm vient de signer, jeudi dernier, un accord avec la Fédération tunisienne des agences de voyages (FTAV). L’objectif étant de créer une fédération maghrébine des agences de voyages, et de faire «front commun» contre le «diktat» de l’IATA. Eh oui, l’organisation internationale n’est pas non plus en odeur de sainteté dans le pays du jasmin. Le siège de la future fédération sera basé dans un premier temps à Casablanca. Pour commencer, l’organisation qui a récolté près de 250 milliards de dollars en 2012 auprès des agences de voyages (pour les redistribuer aux compagnies aériennes) a réduit leurs commissions sur les billets d’avion au minimum. Le taux est passé de 9 à 1% sur les 10 dernières années. En revanche, des «frais de service» ont été instaurés, avec des tarifs précis. Par exemple, sur les billets à destination d’Europe, les agences prélèvent quelque 300 DH. Sur ceux en direction d’Asie et des Etats-Unis, le tarif est de 400 DH. Sur les vols nationaux, les agences n’ont le droit d’empocher que 50 DH.

Pour les ventes de billets, les transferts d’argent à l’IATA doivent s’opérer impérativement chaque quinzaine du mois par virement bancaire, sous peine de sanctions. «La révolution tunisienne s’est déclenchée le 14 janvier 2011. Le 15, toutes les agences de voyages tunisiennes ont réglé leur dû à l’IATA. C’est dire à quel point l’on craint des différends avec l’organisation», ironise Mohamed Ali Toumi, président de la FTAV. «Moins d’un mois après, l’IATA nous a notifié la révision à la hausse de nos cautions! Ce n’est qu’en faisant du forcing auprès des compagnies aériennes que nous avons pu annuler la décision», poursuit-il. Aujourd’hui, des paiements bimensuels pourraient être exigés, ce qui suscite l’ire des voyagistes, également obligés de transmettre leurs résultats financiers chaque année à l’IATA. Les mauvais élèves se voient imposer des cautions allant de 1,5 à 3 fois leur chiffre d’affaires. Les agences n’ont d’autres choix que d’acquiescer, car il est primordial de disposer de l’accréditation IATA pour pouvoir émettre et distribuer des billets d’avion. Actuellement, environ 50% des agences au Maroc sont accréditées (près de 420 sur un total de 800).

Le transfert du bureau régional de l’organisation (BSP) de Casablanca à Amman en Jordanie il y a quelques mois n’arrange pas les choses non plus. Décalage horaire, discordance des week-ends et différences culturelles dérangent. Les voyagistes, ne pouvant plus accorder de mesures de flexibilité à leur clientèle, digèrent mal les contraintes imposées par l’IATA pour garantir ses revenus. Ils promettent de monter au créneau.

Concurrence déloyale: Le leitmotiv

Hormis la concurrence des sites électroniques de voyages, les agences dénoncent la concurrence «déloyale» des compagnies aériennes. «Ces dernières offrent des tarifs promotionnels de réservation sur leurs sites internet auxquels nous-mêmes nous n’avons pas accès. Ce n’est pas digne de nos partenaires historiques», martèle Khalil Majdi, président de la Fnavm. Les compagnies aériennes pour leur part, même si elles ferment de plus en plus de points de vente, ne peuvent pas faire l’économie d’une présence sur internet. Pour le moment, la situation n’est pas vraiment critique, même si beaucoup d’agences se demandent si elles pourront toujours exister d’ici 20 ans, en raison de la désintermédiation croissante. Pour l’heure, près de 70% des ventes de billets d’avion au Maroc s’opèrent via les agences.

Ahlam NAZIH