Tourisme Fès en danger les professionnels tirent la sonnette d\'alarme
La ville est passée d'une croissance moyenne de ses nuitées de 10% par an à une chute de 22% en 2011 et de 20% au premier semestre 2012. Le taux d'occupation est passé de plus de 40% à 30%. Il y a la crise en Europe, mais aussi l'aérien et la baisse de l'effort promotionnel de la ville comme facteurs explicatifs.
Ces derniers mois, les professionnels du tourisme de la ville de Fès et sa région, d’habitude plutôt discrets, se mettent à tirer la sonnette d’alarme et à montrer des signes d’énervement au sujet de la fréquentation de la ville. Normal, puisque la capitale spirituelle a connu durant plusieurs années, et jusqu’en 2009, une hausse continue des arrivées, et surtout des nuitées qui évoluaient au rythme moyen de 10% par an avec un taux d’occupation qui se situait au-delà des 40%. Mais, au terme de cette même année 2009, des signes d’essoufflement de la destination commençaient à apparaître puisque la croissance de 10% du nombre de nuitées réalisée par rapport à 2008 était le fait des touristes résidents, pendant que la part des touristes non résidents enregistrait déjà une légère baisse de 1%, avec une baisse notable des Français dont le nombre a baissé de 10%.
L’année 2010 marque le début d’un retournement de tendance
qui est illustré par la quasi-stagnation des nuitées dans les établissements
d’hébergement classés (+1%) et par un taux d’occupation en baisse de deux
points par rapport à 2009 pour se situer à 38%. La tendance à la baisse s’est
réellement aggravée en 2011, avec une chute des nuitées sur l’année de 22% par
rapport à l’année précédente, et une perte de 8 points pour le taux
d’occupation qui s’établit à 30%. Cette baisse des nuitées est le fait des
touristes étrangers qui ont déserté la destination : leurs nuitées ont baissé
de 30% en 12 mois. Cette baisse est à imputer aux principaux marchés émetteurs
:-35% chez les Français, -54% chez les Espagnols et -45% chez les Italiens,
tous amateurs du tourisme culturel et des atouts que la destination Fès leur
offre.
Quelque chose s’est donc déréglée à Fès, car la tendance se poursuit durant le
premier semestre 2012 qui s’est soldé par une baisse des nuitées de 20% par
rapport au premier semestre 2011.
La ville compte 9 000 lits
La situation est d’autant plus dommageable que la ville était en train d’évoluer de manière intéressante en termes de réalisation de nouveaux lits, notamment dans le créneau des maisons d’hôtes et des riads avec, de surcroît, une certaine maîtrise de ce phénomène, contrairement à ce qui s’est passé à Marrakech, pour ne citer que cette ville. Entre 2009 et 2011, Fès a mis sur le marché 1 000 lits supplémentaires, soit un total de 9 000 lits et les vols point à point qui desservaient la destination profitaient aussi bien aux hôtels traditionnels qu’aux maisons d’hôtes. «Aujourd’hui, témoigne un voyagiste de la ville, Fès connaît une descente aux enfers. On n’a pas l’impression qu’on est en pleine haute saison car les hôtels ont du mal à remplir les chambres et le taux d’occupation ne doit pas dépasser les 30%». Quelles sont les raisons de ces baisses ? Il y a bien sûr la crise qui sévit dans les marchés émetteurs, mais ce n’est pas tout. Le président du Conseil régional du tourisme de la ville (CRT), Aziz Lebbar, estime que la destination n’est plus aussi bien promue que par le passé, et qu’au moment où on assiste à travers le monde à une reprise du tourisme, les responsables de ce secteur au niveau national ne considèrent pas encore le tourisme comme une industrie qui devrait bénéficier des mêmes encouragements que les autres industries.
Il est vrai que la promotion institutionnelle de la ville
n’est plus aussi appuyée qu’avant et que moins de moyens lui sont
alloués par l’ONMT, confirme Driss Faceh, voyagiste et hôtelier. Mais,
nuance-t-il, il ne faut pas toujours accuser l’ONMT quand les professionnels de
la ville sont eux-mêmes incapables de se mettre au même diapason, notamment au
sein du CRT. M. Faceh en veut comme preuve le fait que Fès qui organisait
annuellement une dizaine de manifestations culturelles dans les marchés
émetteurs n’en organise plus aucun. La ville organisait aussi autant
d’éductours et de manifestations promotionnelles à l’étranger.
Et enfin, il y a l’aérien sans lequel aucune destination ne peut maintenir le
cap. En 2009, Fès recevait 132 rotations hebdomadaires. Ce nombre est tombé à
110 en 2011 et à 70 actuellement.
SOURCE WEB Par Mohamed Moujahid. La Vie éco