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Réhabilitation des oasis Le stress hydrique ruine les chances de sauvegarde

Réhabilitation des oasis  Le stress hydrique ruine les chances de sauvegarde

Le surpompage de la nappe fragilise les palmiers et fait proliférer le bayoud

Le système traditionnel de distribution crée des situations de rente…

… qui neutralisent toute possibilité d’amélioration culturale

La réhabilitation des oasis est une préoccupation axée principalement sur la problématique de l’eau

Les oasis sont en danger, c’est un fait. Et même si les transformations économiques et sociales continuent d’aggraver le phénomène, aucune mesure n’a réellement été prise en dépit des nombreuses études et recommandations. Un tel laisser-aller risque de conduire ces havres, autrefois réputés de paix et de prospérité, à un état de désolation et de dégradation avancé, bouleversant ainsi tout un écosystème pourtant fertile et lucratif.

L’Aménagement du territoire en fait aujourd’hui sa cause et une priorité nationale. Dans une étude spécialement consacrée aux oasis, ce département érige une véritable stratégie de développement qui, si elle était appliquée dans les règles de l’art, permettrait de sauver ce patrimoine. Aussi, la réussite du programme d’aménagement et de réhabilitation des oasis s’inscrit dans une optique de développement durable, est-il indiqué dans le document.
La réhabilitation des oasis est une préoccupation axée principalement sur la problématique de l’eau. En effet, l’eau devient de plus en plus rare. Les raisons sont multiples: sécheresse, augmentation des besoins, pompage abusif des nappes au-delà de la capacité du milieu. La pénurie des ressources hydrauliques est ainsi un enjeu majeur pour les espaces oasiens qui connaissent un déséquilibre entre l’accroissement de la population et les ressources en raison de l’absence d’un ajustement entre la capacité du milieu et le peuplement. Ce stress hydrique a pour conséquence l’affaiblissement des arbres et la prolifération du bayoud, maladie qui détruit les palmiers dattiers. Les auteurs de l’étude reviennent aussi sur les multiples causes qui sont à l’origine de cette débâcle. Et c’est le système traditionnel d’appropriation et de distribution de l’eau qui est principalement mis en cause. Il met en place, selon les enquêteurs, des situations de rente inacceptables qui neutralisent toute possibilité d’amélioration culturale. Et les 2% d’espaces cultivés sont malmenés par le sur-pompage des nappes. Et cerise sur le gâteau, les prélèvements effectués par les nouvelles exploitations installées en périphérie des palmeraies se font au détriment de la palmeraie. Les comportements traditionnels y résistent plus fortement qu’ailleurs.

Tous les facteurs jouent dans ce sens: forte ruralité, analphabétisme féminin élevé, carence des équipements en tout genre, relève l’étude réalisée par le département de l’Aménagement du territoire.

En revanche, note avec satisfaction le rapport, la part des transferts des RME représente environ 60% des revenus monétaires. Cet apport financier régulier est donc la principale base économique. Parmi les actions stratégiques proposées pour redresser la situation, la reconversion progressive de l’agriculture oasienne par l’agriculture paysagère et le développement de l’agriculture bio.

Il s’agit aussi de veiller à l’économie de l’eau en inversant la posture par la dotation selon la demande et selon les vocations de chaque bassin. Il faudrait aussi veiller à la réduction de la pression démographique au niveau de la palmeraie par la consolidation des centres, en termes de services publics et de services d’intérêt économique général, pour qu’ils assurent un emploi de proximité et deviennent des lieux de production de valeur ajoutée. La coopération internationale doit aussi être mobilisée pour la sauvegarde des écosystèmes et la préservation de la biodiversité de ce cachet architectural et patrimoine local. Enfin, la mise en place des conditions de promotion d’un tourisme oasien pourrait contribuer à les faire émerger en tant que niche potentielle.

Cohérence horizontale

Pour ce qui est des mesures institutionnelles d’accompagnement, l’étude conseille de renforcer la cohérence horizontale des programmes de développement en agissant au niveau des sous-bassins. D’autre part, il faut mener de pair une planification socio-économique et un aménagement du territoire en instaurant de nouveaux outils de planification (contrats-plans et contrats-programmes). Pour rappel, les espaces oasiens correspondent aux bassins versants du Ziz-Gheriss et du Draâ de même que les régions intermédiaires. En tout, quelque 8 millions d’hectares constituent la plupart des oasis du pays, soit près de 90% du patrimoine phoénicicole.

SOURCE WEB PAar   Fatiha Nakhli  L’Economiste