Arrêtons Desertec : Verdissons les déserts, au diable les panneaux solaires !
12 septembre 2010 - 08:13
Le projet Desertec (contraction de désert technologique).Alors que le projet Nawapa de LaRouche fait de l’homme l’ingénieur de la biosphère, le Club de Rome poursuit son œuvre de destruction de la nature. Dernière avatar de ce Club qui, en 1972, avait organisé la résurgence des idées de Malthus avec son rapport « Halte à la Croissance », le projet Desertec. Beaucoup ont entendu parler de ce projet pharaonique qui prévoit d’installer au Sahara de dizaines de milliers de panneaux solaires pour fournir de l’électricité à l’Europe. Après avoir pillé les ressources pétrolières et gazières des pays du Sud, voici que les pays riches tentent de voler les déserts pour se procurer la nouvelle ressource en vogue : le soleil !
Surfant sur la peur qu’il a lui-même contribué à créer, sur l’épuisement à venir des énergies fossiles et la mort possible de la planète par le réchauffement climatique, le Club de Rome propose désormais de s’installer sur tous les déserts de la planète pour capter cette denrée rare. C’est le concept Desertec, imaginé par Gerhard Knies, un économiste suisse membre du Club de Rome. Selon lui, plus de 90 % de la population mondiale habitant à moins de 3000 kilomètres d’une région désertique, il suffirait donc d’équiper ces zones de centrales thermiques solaires pour couvrir les besoins de toute la planète. « En occupant seulement trois millièmes des 40 millions de km2 de déserts, on peut générer sans émission de CO2 les 18 000 TWh/an que consomme aujourd’hui l’humanité, calcule-t-il. Cela correspond à 20 m2 de désert par personne. »
Rappelons que le Club de Rome est une association créée et utilisée par les éléments les plus malthusiens de l’Empire britannique pour promouvoir des politiques de décroissance et de dépopulation à l’échelle mondiale. C’est en 2003 qu’avec la participation de la Fondation hambourgeoise pour la protection du climat et le National Energy Research Center de Jordanie (NERC), le Club de Rome fonda la Coopération transméditerranéenne pour les énergies renouvelables (TREC). C’est elle qui, en collaboration avec le centre aérospatial allemand, a développé le concept Desertec. Soixante personnalités influentes, parmi lesquelles le prince Hassan bin Talal de Jordanie, font partie de ce groupe qui mène une véritable opération de propagande à l’échelle mondiale auprès des gouvernements et des investisseurs privés pour promouvoir l’utilisation de l’énergie solaire et éolienne.
Passé du concept au stade de la technologie, Desertec est emmené par un consortium en grande partie allemand, formé par le réassureur allemand Munich Re, la Deutsche Bank, l’espagnol Abengoa, le suisse ABB et les entreprises Siemens, Eon, RWE et l’algérien Cevital. Au total seize entreprises et institutions financières participent au projet.
Concrètement, le projet Desertec au Sahara coûterait 400 milliards d’euros d’ici 2050. Selon un rapport de l’IRIS de juin 2010, il prévoit l’installation d’une trentaine de centrales thermiques solaires à concentration de taille moyenne entre 50 et 200 MWe sur une vingtaine de sites s’étendant du Maroc à l’Arabie saoudite en passant par l’Espagne, la Sicile et la Grèce. Le transport d’électricité se fera par câbles sous-marins à courant continu haute tension.
Desertec, alternative ou gouffre financier ?
Venons-en maintenant à l’analyse de la faisabilité de ce projet. Sachant qu’en 2050, nous serons dix milliards d’êtres humains sur terre avec des besoins fortement accrus en énergie, eau potable, nourriture et infrastructures, est-il vraiment raisonnable d’investir 400 milliards d’euros pour réaliser ce projet ?
On nous dit qu’il fournira 15 % (environ 100 GWe) [1] de la consommation de l’Europe en électricité, en plus de celle des pays producteurs, tout en les approvisionnant en eau potable. En outre, il permettrait de créer des milliers d’emplois. Etudions cela de plus près.
Sur le site officiel de la fondation Desertec, le Dr Gerhard Knies nous apprend que la durée d’ensoleillement que les panneaux solaires vont recevoir est de 7000 heures par an. Soyons optimistes et considérons que les trente centrales qui seront construites sont d’une puissance de 200 MWe chacune. Un simple calcul montre que tout Desertec ne fournira que 42 000 GWeh/an [2]. Faisons une comparaison avec le nucléaire en prenant comme exemple l’EPR qui sera implanté à Flamanville en 2012. Ce réacteur coûte 5 milliards d’euros avec une puissance de 1600 MWe. Le temps de fonctionnement, en tenant compte des arrêts pour maintenance, est d’environ 8000h/an.
Supposons que l’on décide d’utiliser les 400 milliards consacrés à Desertec dans un vaste programme d’équipement en centrales nucléaires de type EPR. Nous pourrions construire pas moins de 80 réacteurs de ce type. Soyons gentils avec nos amis écolos en considérant que le temps de fonctionnement d’un EPR est de 7000 heures par an, le même que celui des centrales solaires (au lieu de 8000), puis faisons le même calcul que précédemment. Le résultat est que nos 80 EPR fourniront 896 000 GWeh/an. C’est-à-dire que tout Desertec ne fournira que 5 % de l’électricité produite par notre parc nucléaire de 80 EPR, sans compter sa capacité de dessalement de l’eau de mer qui, de toute évidence, dépasse de très loin celle des centrales thermiques solaires.
D’autres inconvénients d’importance sont à soulever. En effet, d’un point de vue économique, il y a un sérieux doute sur la possibilité de sa réussite à grande échelle. Car bien que testé en Californie dans le désert de Kramer Junction et plus récemment en Espagne, la viabilité du transport et de la mise en place de telles infrastructures dans le désert peut s’avérer limitée à cause du climat aride qui ne manquera de détériorer les panneaux. De plus, le coût de production du KWh thermo-solaire est presque de 30 centimes d’euro contre 3 à 5 centimes pour le KWh nucléaire ou fossile, ce qui rend le projet non rentable sans intervention des pouvoirs publics par le biais de subventions et de tarifs d’achats préférentiels. Ajoutons que le coût de transport de l’électricité en courant continu haute tension est très élevé, atteignant 500 M€/1000km pour une ligne de 2GW.
Sur le plan politique, Desertec a un parfum d’éco-colonialisme. En effet, le projet a été ficelé en l’absence des Etats du Sud, qui sont pourtant les pays producteurs. Aucun d’eux n’a été associé à l’élaboration du projet, et encore moins à la nomination de Klaus Töpfer, ancien ministre allemand de l’Environnement, comme ambassadeur du projet auprès de ces pays. Enfin, d’un point de vue stratégique, pourquoi continuer à hypothéquer la sécurité énergétique de l’Europe en restant dans une situation de dépendance vis-à-vis de pays étrangers ?
Un NAWAPA saharien Vs Desertec
En cette année 2010, un milliard d’êtres humains souffrent de famine et deux milliards n’ont pas accès à l’eau potable. Il y a donc urgence pour doubler immédiatement la production agricole mondiale. Alors, au lieu de gâcher des millions de tonnes de maïs pour produire des biocarburants, et de promouvoir le projet DESERTEC, adopté entre-temps comme projet phare par l’Union pour la Méditerranée (UPM), soyons plus créatifs. Pensons à verdir le Sahara au lieu de le tapisser de panneaux solaires.
Avec des réacteurs nucléaires de 4ème génération, nous pouvons produire de l’électricité, de l’eau douce et de l’hydrogène liquide comme carburant, avec possibilité d’obtenir, en faisant un choix adéquat de la réaction chimique du craquage de l’eau, la molécule de nitrate, principal composant des engrais pour l’agriculture. Nous pouvons d’ores et déjà utiliser la grande nappe aquifère qui se situe entre l’Algérie, la Tunisie et la Lybie, [3] pour lancer un équivalent du projet Nawapa en direction du désert, en prévoyant sa réalimentation à partir de l’eau dessalée par des centrales nucléaires installées le long des côtes tunisiennes, en parallèle au projet Transaqua de revitalisation du lac Tchad.
Des projets équivalents peuvent être proposés pour le Moyen-Orient, où ils peuvent servir de fondement au développement et à la paix. Un équivalent du Nawapa permettra de donner des millions d’emplois qualifiés aux jeunes générations, et surtout un sens de leur rôle comme créateurs et ingénieurs de la biosphère.
Source : web Eduardo Garcia