Taxe aérienne le document officiel qui accuse
La taxe controversée instituée par le Budget 2014 malgré les mises en
garde internationales
Le Maroc a fait fi des mises en garde de l'IATA sur la nouvelle taxe aérienne. Bien avant
l'adoption du projet de loi de Finances 2014, l'Association internationale du transport
aérien avait adressé une lettre au ministre
du Tourisme, Lahcen Haddad. Dans cette missive datée du 20 décembre 2013 et
dont l'existence vient d'être révélée, l’IATA avait clairement fait part de son
opposition à l'instauration de la taxe aérienne. «C’est avec inquiétude que
nous avons appris que le gouvernement marocain envisage d’instaurer une
nouvelle taxe sur les billets d'avion pour promouvoir le tourisme». Une taxe dont
l'effet sera contre-productif, estime l'Association. Cette dernière souligne
également les effets négatifs sur le PIB et l"emploi, soutenant qu'ils «ne
pourraient être que néfastes pour la cohésion sociale et l'économie en
général».Dans une annexe à la lettre dont Le Matin détient copie, l'IATA
s'attarde sur les conséquences négatives de cette taxe sur les recettes du
transport aérien et sur l’industrie du tourisme. Concrètement, l'Association
démontre «qu'une taxe de 100 DH par
passager voyageant en classe économique et 400 DH pour les billets en
classe supérieure aurait pour conséquence une diminution de la contribution au
PIB de presque 1,1 milliard de DH». De même, 13 000 emplois seraient menacés au
Maroc.Outre la diminution des recettes et la destruction d'emplois, l’IATA
s’inquiète de la baisse des arrivées des touristes étrangers en 2014, puisque
le coût du voyage par avion devra augmenter d’environ 2,2%. «Le Maroc a connu
en 2012 l’arrivée de 9,6 millions de touristes, dont 4,6 millions (47%) arrivées
par voie aérienne. Une augmentation du prix du voyage de 2,2% induira une
baisse de 2,3% du nombre d’arrivées touristiques par voie aérienne, soit
104.000 touristes en moins par an», avertit l’organisation mondiale. Et des
touristes en moins signifient des recettes en moins. Surtout lorsque l’IATA
nous révèle que quelque 32,4% des dépenses touristiques au Maroc sont le fait
des touristes ayant voyagé par avion. Par ailleurs, l’Organisation s'est
penchée sur la situation financière des compagnies aériennes, en particulier
africaines. «Les compagnies africaines ont subi des pertes d’environ 100
millions de dollars en 2012 et les prévisions pour 2013 sont identiques.Une
mesure comme cette taxe pourrait compromettre encore plus la capacité de ces
compagnies de retrouver leur rentabilité», déclare l’IATA.Selon cette dernière,
Royal Air Maroc est la compagnie la
plus exposée à cette taxe et devrait subir des pertes de revenu d’environ 10
millions de dollars. «Ces facteurs pèseront lourd sur la compagnie nationale et
son retour à l’équilibre sera d’autant plus compromis», développe l’association
internationale qui regroupe 240 compagnies.«De la part de nos membres et en
particulier en soutien à la RAM,
je tiens à vous faire part de notre opposition à la mise en place de cette
nouvelle taxe. L’IATA ainsi que des représentants des compagnies aériennes
opérant au Maroc apprécieraient d’avoir l’opportunité de rencontrer les
représentants du ministère du Tourisme avant cette prise de décision, afin de
discuter de cette taxe.Nous vous demandons respectueusement de reconsidérer
votre position et de revenir sur la taxe du tourisme», écrit Adefunke Adeyemi, directrice des relations
externes en Afrique de l’IATA, signataire de la lettre.
L'IATA rappelle que, dans le rapport sur la
compétitivité de l'industrie du voyage et tourisme du Forum économique mondial,
le Maroc pointe au 71e rang sur 140 pays. «Une des forces relatives du Maroc
vient de la compétitivité des prix : le pays se classe au 61e rang pour le
niveau des taxes sur les billets d'avion et des redevances aéroportuaires. La
taxe voyage menace donc d'affaiblir ce domaine et de compromettre la
compétitivité globale du Maroc dans le tourisme et le voyage».Enfin, l’IATA
estime que «la nouvelle taxe constitue une discrimination contre l'industrie du
transport aérien, qui est la seule ciblée par cette mesure».Malgré tout cet
argumentaire, le gouvernement a maintenu sa taxe, qui doit entrer en vigueur en
avril prochain. Les compagnies opérant sur le Maroc, et à leur tête Royal Air
Maroc, peuvent-elles encore espérer qu'il fera marche arrière ?
Le
Maroc viole-t-il les politiques de l’OACI ?
L’instauration de cette nouvelle taxe aérienne
constituerait une violation par le Maroc des politiques de l’Organisation de
l'aviation civile internationale (OACI) et un non-respect de ses engagements
envers cette institution, à en croire l’IATA. En effet, lors de la 6e
conférence mondiale de transport aérien de l’OACI, tenue en mars 2013, le Maroc
s’est engagé à respecter une note de travail relative à l’imposition du
transport aérien. Cette note proposait que les États éliminent les taxes sur le
transport aérien si les revenus ne sont pas réinvestis dans les
infrastructures. De même, le Maroc s’est engagé à appliquer les politiques de
l’OACI sur la taxation, à éviter de fixer des taxes discriminatoires à l’égard
de l’aviation civile internationale et enfin à éviter la double imposition. Ces
engagements ont été approuvés lors de la 38e assemblée de l’OACI en octobre
dernier.
L’impact
chiffré de la taxe aérienne
Diminution
de la contribution au PIB de 1,1 milliard de DH.
13 000
emplois menacés.
La RAM devrait subir des
pertes d’environ 10 millions de dollars.
Hausse
de 2,2% du coût du voyage par avion au Maroc.
Baisse
de 2,3% du nombre d’arrivées par voie aérienne au Maroc, soit 104 000
touristes en moins.
SOURCE WEB Revue de Presse
Tags : mises en garde de l'IATA- ministre du
Tourisme, Lahcen Haddad- taxe de 100 DH par passager- Royal Air Maroc-
Adefunke Adeyemi, directrice des relations externes en Afrique de l’IATA,
signataire de la lettre-