Destination Maroc Jeu de pouvoir trouble du ministre du Tourisme Les dommages collatéraux après les attentats de Paris
Les professionnels du tourisme ont bien du mal à cacher leurs
inquiétudes. La crise est aux portes
d’un secteur qui aura connu une embellie de courte durée. Depuis les
attentats qui ont frappé Paris début janvier, les dommages collatéraux ne se
sont pas fait attendre. La destination
Maroc est loin d’avoir le vent en poupe. Les amalgames s’en
sont mêlés. Dans l’imaginaire collectif des touristes, la destination qui
vendait l’émerveillement des sens ne serait pas sans risques.
« Charlie-Hebdo,
terrorisme, Daech : les pays musulmans à vocation touristique sont exposés en
ce moment à tous les raccourcis. Et de tels préjugés peuvent porter un coup
de massue au secteur du tourisme. D’autant que le tourisme – et c’est valable
partout dans le monde- est une affaire de perception et de sensations.
Une mauvaise image, quelles qu’en soient l’origine et la cause, provoque des
dégâts incommensurables », explique cet opérateur de Marrakech. L’attitude de Salaheddine Mezouar, le
ministre des Affaires étrangères, n’a fait que renforcer les doutes. En
communiquant officiellement sur sa non participation à la marche
républicaine organisée pour condamner les attentats parisiens, ce responsable
gouvernemental aura contribué aux difficultés et turbulences que traverse
le secteur touristique en terre marocaine.
Une cellule de veille pour seule réponse
Mais c’est la non réaction
du gouvernement Benkirane qui suscite l’étonnement de tous ceux et celles qui
ont fait le pari de l’industrie du tourisme. Après les attentats perpétrés
au cœur de la capitale française, la
crise « destination Maroc » est partie pour durer. Les annulations ont
commencé. Les peurs et les hantises finissent par convaincre les hésitants et
les tangents.
« Les opérateurs attendent
des réponses et des solutions concrètes. Et c’est à l’autorité politique du
secteur d’en prendre la responsabilité.
Le ministre du Tourisme,
Lahcen Haddad, regarde ailleurs, se
contentant du SMIG en matière de réaction. On dirait qu’il est dans le déni de
la crise!», s’indigne cet hôtelier d’Agadir, une ville qui a vu son taux de
fréquentation s’effondrer.
Fervent adepte de la méthode Coué, le ministre haraki en charge de
ce secteur est plus prompt à faire dans l’onanisme et l’auto-célébration sur le
mode de «ce nombre de nuitées qui n’en finit pas d’augmenter». «Ce n’est
sûrement pas la cellule de veille que le ministère a mise en place au lendemain
des attentats de Charlie Hebdo et de l’hyper casher, une cellule destinée à
suivre les effets de la crise conjoncturelle pouvant avoir un impact sur le
secteur, qui va venir à bout de la crise. C’est comme si on voulait éviter le
naufrage d’un bateau en utilisant une petite cuillère. Aucune vraie décision n’a été prise par M. Haddad qui multiplie les
déclarations devant les caméras pour vendre du vent alors qu’il y a péril
en la demeure. Un tel comportement nous inquiète », confie le directeur d’un
palace de la capitale avant d’en appeler à une stratégie de communication
agressive . « Il ne suffit pas de dire que le Maroc est une exception.
Aujourd’hui, il faut savoir vendre et bien vendre cette exception
marocaine », poursuit-il.
Un mystérieux plan d’action ministériel
Et comme si la gravité de la situation ne suffisait pas, le
ministre du Tourisme entretient la confusion en annonçant la prochaine adoption
d’un très mystérieux plan d’action. Lahcen Haddad a en effet affirmé à nos
confrères de «Medias 24» qu’il avait élaboré son plan d’action à lui. Un plan
d’action qu’il aurait établi avec l’ensemble des opérateurs touristiques. Il
n’en attend que la validation par la Confédération nationale du tourisme. Quant
au contenu d’une telle stratégie, les mesures qu’elle propose, les réponses
qu’elle donne, le ministre du Tourisme refuse d’en dire un mot. «Trop tôt»,
argue-t-il.
«Qu’attend donc M. Haddad pour mettre en œuvre son plan dont
personne n’a entendu parler? Que la crise s’installe et que le secteur fasse
naufrage! Il est bien placé pour savoir qu’au Maroc le tourisme représente
12% du PIB et que les recettes en devises qu’il génère représentent 31%
des exportations des biens et services», s’exclame cette propriétaire d’agence
de voyages installée à Rabat.
A l’évidence ce responsable gouvernemental appartenant au
Mouvement populaire tient à marquer son territoire, même avec du vent,
emboîtant le pas à l’Office national marocain du tourisme
En attendant, l’ONMT tire son épingle
dans ce jeu trouble de pouvoir. Son
plan d’action est bel et bien prêt et attend d’être adopté. Il est
construit autour de quatre grands axes : promouvoir la destination Maroc,
rassurer les marchés, diversifier les marchés émetteurs pour ne plus dépendre du marché français qui a
dégringolé de 50% en décembre dernier et développer enfin le marché national.
Une opération en direction des Marocains du monde a été bouclée grâce à un
partenariat que l’Office du tourisme a conclu avec la Banque centrale
populaire.
28 Janvier 2015
SOURCE WEB Par Narjis Rerhaye Libération
Tags : La crise est aux portes du secteur Touristique Maroc qui aura
connu une embellie de courte durée- La destination Maroc est loin d’avoir
le vent en poupe- Charlie-Hebdo, terrorisme, Daech : les pays musulmans à
vocation touristique sont exposés en ce moment à tous les raccourcis-
L’attitude de Salaheddine Mezouar, le ministre des Affaires étrangères,
n’a fait que renforcer les doutes- c’est la non réaction du gouvernement
Benkirane qui suscite l’étonnement de tous ceux et celles qui ont fait le pari
de l’industrie du tourisme- la crise « destination Maroc » est partie pour
durer- Les opérateurs attendent des réponses et des solutions concrètes- Le
ministre du Tourisme, Lahcen Haddad, regarde ailleurs- Aucune vraie décision n’a
été prise par M. Haddad qui multiplie les déclarations devant les caméras pour
vendre du vent- l’ONMT tire son épingle dans ce jeu trouble de pouvoir- Son plan
d’action est bel et bien prêt et attend d’être adopté- ne plus dépendre du
marché français qui a dégringolé de 50% en décembre dernier et développer enfin
le marché national-