Caractère officiel de la langue amazighe Parlementaires et acteurs associatifs déplorent le retard législatif
Le pluralisme culturel est un des aspects fondamentaux de la richesse du Maroc. Ph.Kartouch
Les participants à la journée d’étude initiée par la Chambre des conseillers, en partenariat avec la Fédération nationale des associations amazighes, ont déploré le retard pris dans l’adoption des textes portant sur la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe. Ils ont mis en garde contre les répercussions de ce retard sur l’élaboration d’un certain nombre de projets de loi.
«L'amazighité, une responsabilité et un patrimoine national commun à tous les Marocains sans exception», tel a été le thème de la journée d’étude initiée par la Chambre des conseillers en partenariat avec la Fédération nationale des associations amazighes. Le timing choisi pour la tenue de cette rencontre n’est pas fortuit. Elle tombe au lendemain du lancement de la réception des propositions et des mémorandums de la société civile concernant la préparation du projet de loi organique relatif à la mise en œuvre du caractère officiel de l’amazigh. Cette rencontre à laquelle ont pris part plusieurs acteurs associatifs et militants amazighs, des parlementaires et des représentants de l'Institut Royal de la culture amazighe (Ircam) et du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH). Toutefois, le gouvernement n’était pas représenté à cette journée d’étude. De prime abord, les intervenants ont tous déploré le retard accusé dans la mise en œuvre du caractère officiel de la langue amazighe, d’autant que le mandat de l’actuel gouvernement prend fin dans quelques mois, comme l’a rappelé Ahmed Arehmouch, président du Réseau amazigh pour la citoyenneté Azetta. Idem pour Hakim Benchamach, président de la Chambre des conseillers. «Le retard pris dans le processus d’implémentation du caractère officiel de la langue amazighe impacte négativement non seulement la mise en œuvre des dispositions de la Constitution, notamment son article 5, mais aussi la formulation de certaines lois, comme la procédure civile et pénale, les textes relatifs à l’enseignement, la formation, la recherche scientifique et la fonction publique, ainsi que les lois organiques concernant les collectivités territoriales.
La loi sur le caractère officiel de la langue amazighe devait être adoptée en premier et avant les autres lois. Sinon, le gouvernement sera amené à amender ces textes une fois la loi organique relative à la langue amazighe approuvée. Pour étayer son argumentaire, Hakim Benchamach s’appuie sur les observations formulées par certaines organisations onusiennes et qui ont appelé le Maroc à adopter dans les plus brefs délais la loi organique relative à l’officialisation de la langue amazighe. Rappelons ici que l’officialisation de la langue amazighe passe aussi par l’adoption de la loi portant création du Conseil supérieur des langues. De son côté, Aziz Benazouz, chef du groupe parlementaire du PAM à la Chambre des conseillers, a appelé à plus de concertation autour de cette question, d’autant que cette année sera marquée par la tenue des élections législatives. Outre le retard pris dans l’élaboration et l’adoption des lois organiques, Hakim Benchamach considère que les consultations publiques relatives à l’officialisation de la langue amazighe devraient être plus inclusives et porter essentiellement sur les principales questions de la vie quotidienne. Aussi, estime-t-il judicieux que le gouvernement prenne en compte toutes les recommandations et observations contenues dans les mémorandums des ONG. Notons ici que cette journée d’étude s’inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des dispositions de la Constitution, notamment l'article 5, et de l'interaction de la Chambre des conseillers avec les initiatives de la société civile pour la défense des droits culturels et linguistiques, dont celle de la Fédération.
Le 22 Janvier 2016
SOURCE WEB Par LE MATIN