UN GOLFEUR REPRÉSENTE 5 TOURISTES CLASSIQUES LE NOUVEAU FILON DU GOLF
UNE DIZAINE DE PARCOURS «SIGNÉS» ET L’ORGANISATION DE GRANDS TOURNOIS MARRAKECH VEUT UNE PART DE CE MARCHÉ DE 65 MILLIONS DE VOYAGES/AN Samanah a opté pour la signature de Nicklaus Design pour son 18 trous d’une superficie de 100 ha. Son concept allie intégration, paysagisme et qualité golfique Marrakech mise sur le golf pour doper ses recettes et ses nuitées surfant sur la vague du haut de gamme. C’est une niche qui est en pleine expansion et devrait devenir un des credo de la ville de Marrakech qui compte aujourd’hui 7 greens et trois autres en cours de finalisation. En effet, l’ensemble des projets touristiques immobiliers qui ont vu le jour ou ceux qui sont encore en chantier ont programmé des terrains de golf. Si ces projets sont respectés, Marrakech devrait doubler le nombre de ses greens d’ici 3 ans. Le tourisme golfique est un créneau qui attire une clientèle généralement aisée «très dépensière». Un golfeur équivaut 5 touristes classiques, analyse ce professionnel. Le touriste classique dépense en moyenne 1.000 euros, tandis que le golfeur en dépense 4 fois plus et fait trois à quatre voyages par an. «Un golfeur ne saura se résigner tant qu’il n’aura pas joué dans l’ensemble des terrains de la ville», estime ce même expert. Un filon que les voyagistes comptent exploiter en multipliant des formules à la carte combinant parcours, massages et visites. Dans le monde, on estime le nombre de golfeurs à plus de 65 millions, dont 8 millions qui voyagent régulièrement à l’international pour découvrir de nouveaux parcours, selon l’Organisation internationale des tour-operateurs de golf (IAGTO). Pour échapper à la grisaille hivernale, de nombreux amateurs de la petite balle blanche optent pour le Maroc. C’est pour cela que les parcours de golf sont devenus incontournables. Marrakech dispose aujourd’hui d’une offre assez importante et le Conseil régional du tourisme (CRT) en fait une des priorités de son plan d’action. Avec le segment du luxe, cette niche est un marché à haute contribution. Une meilleure communication pourrait lui permettre de vendre les atouts auprès des agences spécialisées qui génèrent 50% des forfaits golfiques contre 40% pour les agences classiques et 8% des packages qui se vendant en direct. Le plan d’action opérationnel de Marrakech, réalisé par le cabinet Monitor, a d’ailleurs identifié 7 marchés cibles. Outre ceux dits fidèles (Italie, Pays-Bas et Belgique), il y a l’Espagne, l’Allemagne et bien sûr la France et la Grande-Bretagne. Pour l’heure, Marrakech attire principalement les golfeurs britanniques et français. La particularité de Marrakech réside aussi dans les signatures de ses terrains conçus par des sommités dans le golf. D’abord, les précurseurs: le Royal golf réalisé en 1923 et modernisé à plusieurs reprises a été conçu par plusieurs architectes dont Arnaud Massy et Gustave Golias alors que le Palmeraie golf club, élu meilleur golf resort en 2008, est signé Robert Trent Jones. Les nouveaux entrants suivent la même tendance. Ainsi, Samanah s’est offert Nickaus pour architecte, alors que le green de l’Amelkis a été conçu par Cabell B. Robinson. Al Maaden, quant à lui, a fait appel à Kyle Philipps. Et pour répondre aux besoins de ses clients, les plus exigeants, Al Maaden a même créé une académie de caddies (porteur et conseiller du golfeur) qui forme du personnel pour ses besoins, mais aussi pour d’autres. Les trois terrains de golf en cours d’achèvement ont eux aussi fait appel à de grandes signatures: Sir Greg Norman pour Royal ranches, Niall Cameroun pour Assoufid, Francisco Segales pour Atlas golf Resort. Il n’en reste pas moins que 10 parcours de golf ou même 20 ne suffisent pas pour se positionner en véritable destination golfique face à d’autres qui comptent les greens par centaines. C’est d’ailleurs pour cela que Monitor recommande une structuration du circuit de golf au Maroc avec un arrêt de deux à trois jours à Marrakech et des packages prenant en compte les terrains des villes avoisinantes comme ceux d’Essaouira ou encore Agadir. En revanche, Marrakech peut se positionner en tant qu’organisateur avec des packages variés. Son calendrier golfique comprend des tournois organisés parfois par un green comme le Samanah Master ou encore par RAM ainsi qu’une dizaine d’autres petits évènements. Il n’existe pas encore d’offre complète de tournois de grande envergure tout au long de l’année. Tournoi Une nouvelle compétition vient de faire son entrée et s’inscrit désormais dans le calendrier de Marrakech pour deux ans. Il s’agit du Ladies european Tour (LET), dénommée «Lalla Aicha Tour Scholl» qui a démarré le 27 novembre et se poursuivra jusqu’au 19 décembre. Le tournoi comprend un double parcours Amelkis et le golf Al Maaden et auquel participe 229 joueuses de 29 nations. Marrakech a été retenue pour LET face aux candidatures de l’Espagne et du Portugal. En chiffres, ce tournoi génère quelque 2.417 nuitées et près de 5.000 repas. 1 million de m3 d’eau par an pour un green Sur le plan économique, le green est certes un formidable produit d’appel pour la clientèle à haute contribution, mais nécessite surtout d’importantes ressources en eau. Un green a besoin de plus d’un million de m3 par an. Les responsables ont anticipé ce développement dès 2006. Ils ont trouvé la parade avec la création de la station de traitement des eaux usées dont le chef de file est la Radeema. Sa capacité est de 33 millions de m3 d’eau. Les eaux traitées sont acheminées par refoulement sur 80 km pour alimenter les terrains de golf situés au nord de la ville, mais aussi ceux à venir. Pour l’heure, la station de traitement des eaux usées de Marrakech peut assurer les besoins en eau d’arrosage jusqu’à l’horizon 2018. Si l’expérience réussit, il y aurait une extension pour augmenter le volume de production de 25%. La réalisation de cette infrastructure novatrice, première du genre au niveau du continent africain, a nécessité un investissement de près de 1,23 milliard de DH. Les promoteurs des golfs eux-mêmes ont mis la main à la poche pour financer les infrastructures de mobilisation d’eau. Ainsi, ils ont contribué, selon la superficie de leurs projets et leurs besoins en eau, en moyenne à hauteur de 30 millions de DH par projet. Même s’ils ont financé le traitement tertiaire et le réseau de réutilisation de la station, les promoteurs payent les redevances en eau à la Radeema au tarif convenu avec la régie: soit 2,5 DH/m3. SOURCE WE Par B. B. L’ECONOMISTE