Entretien avec Hassan Benjelloun, réalisateur «Notre cinéma est en pleine efferv
Publié le : 29.12.2010 | 10h57 Récemment primé au Festival international du film arabe à Oran pour son long métrage «Les oubliés de l\'histoire», Hassan Benjelloun revient sur ce nouveau long métrage et sur son parcours cinématographique. Le Matin. Vous avez remporté le prix du meilleur scénario pour le long métrage «Les oubliés de l\'histoire». Que représente pour vous cette distinction ? Hassan Benjelloun: C\'est un prix très important pour moi. J\'en suis vraiment fier car c\'est une reconnaissance pour mes efforts dans le domaine de la scénarisation, puisque c\'est un prix décerné pour la qualité du scénario Comment est née l\'idée de ce long métrage ? En fait, c\'est un film sur l\'immigration et, bien sûr, tout ce qui se passe de l\'autre côté de la rive méditerranéenne. Il s\'agissait donc de montrer la réalité de ces pays d\'accueil et comment les immigrés sont reçus. Il y est également question d\'exploitation de l\'immigration clandestine. C\'est donc toute une documentation qui a été réunie dans ce sens. On a visité plusieurs pays européens et arabes pour pouvoir collecter le maximum d\'informations afin de créer une fiction proche de la réalité. «Les oubliés de l\'histoire» est en quelque sorte une fiction documentaire Est-ce que vous avez été confronté à des défis particuliers lors de la réalisation de ce film ? Je pense que toute adaptation, toute réalisation d\'un film est un défi. D\'abord au niveau du casting, le choix des comédiens est très important. Ensuite, il y a le côté financement, c\'est-à-dire comment trouver des fonds pour financer le film. C\'est donc tout un ensemble de facteurs qui sont à considérer et qui représentent autant de défis à soulever pour le réalisateur comme pour toute l\'équipe du tournage Est-ce qu\'il y a des cinéastes internationaux qui ont marqué votre parcours de réalisateur ? Oui, bien sûr. Il y a beaucoup de cinéastes que j\'apprécie comme Francis Ford Coppola, Martin Scorcese, Claude Lelouch en France, Alain Parker. Mais ce sont surtout les scènes et séquences de films qui me touchent le plus. Par exemple « Apocalypse Now » ou encore « le Parrain » où on peut voir des scènes absolument magnifiques Est-ce que vous écrivez vos scénarios vous-même ? Tout à fait. J\'écris moi-même mes scénarios avec une équipe constituée de 3 à 4 personnes au maximum. A ce propos, je voudrais insister sur le fait qu\'un film est avant tout un travail d\'équipe qui se répercute dans la qualité de l\'œuvre en général Est-ce que vous pensez qu\'il y a un manque de scénarios au Maroc ? En effet, on dit souvent que le cinéma marocain manque de scénarios, mais je constate que dans les festivals à travers le monde, le film marocain a plutôt le don de décrocher des prix de scénarios (rires). Dubai, à Oran, à Namur, ce sont tous des festivals de renommée internationale où les scénarios marocains ont justement été primés. De ce fait, franchement, je ne sais pas si on peut vraiment parler de manque de scénario dans le cinéma marocain. Mais c\'est une bonne chose de dire que le scénario marocain se fait rare pour motiver la création dans ce sens Avez-vous un livre dont vous aimeriez faire l\'adaptation au grand écran ? J\'aime beaucoup les livres d\'Amine Mâalouf. C\'est un auteur qui m\'a toujours fasciné. Par exemple, il y a « le Lion africain » que je voudrais bien adapter, mais il faut des moyens énormes pour le faire Selon vous, où en est le cinéma marocain ? Le cinéma marocain, selon moi, est en effervescence. En effet, actuellement on a plus de salles de projections, plus de festivals de renommée internationale. Egalement, on peut voir l\'ouverture de plusieurs écoles de cinéma, de théâtre et ce à travers tout le Royaume. C\'est donc un grand pas pour notre pays où le cinéma est en train de se développer à grande échelle. Ce qui est une fierté pour les professionnels de l\'industrie cinématographique marocaine. A propos du réalisateur Hassan Benjelloun est né le 12 avril 1950, à la ville de Settat. Pharmacien passionné du 7e art, il a réalisé entre 1976 et 1979 des reportages de films médicaux avant de retourner s\'inscrire au Conservatoire libre du cinéma français (CLCF) de Paris. Diplôme en poche, il réalisa en 1983 son premier court métrage : «Sens unique ». A compter de 1990, Hassan Benjelloun enchaîne plusieurs longs métrages, dont la «Fête des autres» (1990), «Yarit» (1994), les «Amis d\'hier» (1997), les «Lèvres du silence» et «Jugement d\'une femme» (2000) et «le Pote» en 2002. Sélectionné en compétition pour le Festival panafricain de cinéma et de la télévision d\'Ouagadougou de 2005, le long métrage «la Chambre noire», réalisé en 2004, y a reçu l\'Etalon d\'argent qui représente le 2e prix de cette compétition Ce film est une adaptation du livre éponyme de Jaouad Mdidech. Par la suite, il réalisera le film «Où vas-tu Moshé?» qui relate l\'exode massif des juifs en Israël. Repères Parcours Hassan Benjelloun réalise son premier court métrage en 1983 qui s\'intitule « A sens unique » En 1984, il assiste Abdelkader Lagtaa dans l\'émission « Image et Son » et crée en collaboration avec d\'autres cinéastes marocains, dont feu Mohammed Reggab, la société Film Maghreb. Ils réalisent ensemble des films institutionnels, documentaires et publicitaires (1985-1990). En 1989, il s\'associe à quatre autres réalisateurs marocains et créent ensemble le Groupement de Casablanca, qui a donné naissance à cinq longs métrages, dont la « Fête des Autres », premier long métrage de Hassan Benjelloun. SOURCE WEB Par Afaf Sakhi | LE MATIN