Sécheresse au Maroc : Un niveau critique des nappes phréatiques et des défis majeurs pour la gestion de l’eau
La sécheresse persistante a gravement affecté les réserves en eau des nappes phréatiques au Maroc, au point que leur niveau a chuté pour la première fois en dessous du volume total d'eau stockée dans les barrages, selon Youssef Filali Guerraoui, président du Centre marocain pour la gouvernance et le management (CMGM). Cette situation inédite souligne l'urgence de la crise hydrique à laquelle le pays est confronté.
Dans une interview accordée à Le360, à la suite du lancement par le roi Mohammed VI, le 29 juillet, d'une feuille de route dédiée à la gestion de l'eau, cet expert a confirmé que les nappes souterraines stratégiques contiennent désormais moins de 4 milliards de mètres cubes d'eau. Il précise qu'en année pluvieuse, les nappes phréatiques devraient normalement surpasser en volume les eaux des barrages. Cependant, en raison de la sécheresse sévère, la situation s'est inversée.
Les chiffres de la Direction générale de l’eau, relevant du ministère de l’Équipement et de l’Eau, confirment cette situation préoccupante. Au 6 juillet 2024, les principaux barrages nationaux n’enregistraient que 4,8 milliards de mètres cubes d'eau, soit un taux de remplissage moyen de seulement 30,2 %, sur une capacité totale de 16,1 milliards de mètres cubes.
Dans son discours du Trône, le roi Mohammed VI a insisté sur la gravité du défi hydrique, appelant à accélérer les projets liés à cette problématique. La stratégie royale prévoit la construction de 14 nouveaux grands barrages d’ici 2027, ainsi que l'extension des infrastructures de dessalement d'eau de mer, notamment la future usine de Casablanca, qui deviendra la plus grande d’Afrique.
Un autre volet clé de cette vision est la connexion des bassins hydrauliques du Nord et du Centre du pays, via des autoroutes de l’eau reliant le Loukkos au barrage Sidi Mohamed Ben Abdellah, et alimentant le barrage El Massira avec un débit total de 45 mètres cubes par seconde.
Youssef Filali Guerraoui a également souligné l'importance de la réutilisation des eaux usées, rappelant que le Maroc n'exploite actuellement que 10 % du volume produit chaque année. Il a plaidé pour une « politique agricole de l’eau » plus efficace, notant que l'agriculture consomme environ 80 % des eaux des barrages. Une gestion optimisée de l'irrigation et l'encouragement des cultures moins gourmandes en eau sont indispensables pour faire face au stress hydrique.
En conclusion, l'expert appelle à une gouvernance rigoureuse de l'eau pour atténuer les risques liés à cette crise hydrique sans précédent.
Le 20/08/2024
Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani
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