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La mission tragique de Juan de Prado, missionnaire espagnol brûlé vif au Maroc au XVIIe siècle

La mission tragique de Juan de Prado, missionnaire espagnol brûlé vif au Maroc au XVIIe siècle

Dans les années 1630, l'Église catholique a choisi Juan de Prado, un Espagnol de l'Ordre des Frères Mineurs, pour entreprendre une mission d'évangélisation au Maroc. Cependant, cette mission a suscité l'ire du sultan saadien Al-Walid Ben Zaidan (1631-1636), qui a ordonné que le missionnaire soit brûlé vif.

Depuis le XIIIe siècle, le Maroc a été au cœur de plusieurs missions dépêchées par l'Église catholique pour évangéliser le royaume d'Afrique du Nord. De ce fait, plusieurs missionnaires ont vu leur mission se terminer dans des geôles des sultans du Maroc, les plus chanceux ont été déclarés persona non grata, tandis que d'autres ont été condamnés à mort, comme ce fut le cas du prêtre catholique espagnol Juan de Prado.

Juan de Prado est né à León vers 1563 au sein d'une famille noble. Orphelin à l'âge de cinq ans, il a entrepris des études théologiques qui l'ont amené à rejoindre l'Ordre des Frères Mineurs en 1584. Il occupait un poste important au sein de la province franciscaine de San Diego en 1610, lorsque, trois ans plus tard, il a été appelé par l'Église à mener une mission au Maroc. « En 1613, une épidémie de peste a frappé le Maroc et tué tous les franciscains engagés », dans le pays, raconte-t-on. Juan de Prado a alors été nommé par le pape Urbain VIII comme missionnaire apostolique au chevet de la petite population chrétienne établie dans le royaume.

Avec deux compagnons, le missionnaire a quitté Cadix le 27 novembre à destination de Marrakech. Sa mission consistait à « réconforter les chrétiens qui y étaient détenus en captivité par les Marocains et qui risquaient de perdre leur foi ». Cependant, l'arrivée des trois missionnaires, à un moment où le sultan saadien Al-Walid Ben Zaidan venait à peine d'accéder au pouvoir d'un Maroc déjà fragilisé, n'est pas passée inaperçue.

Selon les plateformes Santi Beati et Catholic Saints, ainsi que l'article « Jews under Islam in early modern Morocco in travel chronicles » (Jewish Culture and History Journal, volume 21, 2020) de Maite Ojeda-Mata, les autorités de Marrakech ont d'abord demandé aux missionnaires de ne pas quitter le Mellah, où vivaient des captifs chrétiens, avant d'exhorter les trois religieux à rebrousser chemin vers l'Espagne. Cependant, cet ordre n'a pas été suivi par Juan de Prado et ses deux compagnons.

Ils ont continué leurs missions, réconfortant les prisonniers et organisant des cérémonies religieuses. Juan de Prado a continué à évangéliser et à promouvoir la foi chrétienne, irritant davantage Al-Walid Ben Zaidan. Le sultan saadien a ordonné que les trois missionnaires soient emprisonnés et condamnés à des travaux forcés.

Malgré les avertissements de Moïse Pallache, conseiller du roi, le sultan saadien a ordonné que Juan de Prado soit brûlé vif. Dans « The Captive Sea : Slavery, Communication, and Commerce in Early Modern Spain and the Mediterranean » (Editions University of Pennsylvania Press, 2018), Daniel Hershenzon raconte que « Lorsque les chrétiens de Marrakech ont cherché des parties du corps du franciscain Juan de Pradin qui avait été brûlé à mort le 24 mai 1631, des renégats locaux ont fait pression sur les autorités musulmanes ». Ils ont ainsi « averti que ces reliques serviraient un culte déshonorant l'islam » pour empêcher que Juan de Prado ne devienne un symbole parmi les captifs.

Ce n'est qu'en 1728, soit près d'un siècle après cette fin tragique, que l'Église a décidé, à travers un décret pontifical, de béatifier Juan de Prado. Dans son argument expliquant cette décision, le pape Benoît XIII a confirmé, le 24 mai 1728, que le Franciscain avait été tué in odium fidei, soit à cause de la haine de la foi chrétienne.

Le 16/04/2024

Rédaction de l’AMDGJB Géoparc Jbel Bani

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