La culture de Cactus au Maroc : un potentiel énorme pour un avenir prometteur
Par: admin le Mardi, octobre 13, 2009
Bien qu’introduit depuis longtemps au Maroc, le cactus (figuier de barbarie) ne suscitait par le passé que peu d’intérêt, d’autant plus que cette plante, fortement représentée dans le paysage rural du Royaume, ne fut utilisée que pour délimiter les parcelles cultivées et les sentiers, séparer les propriétés ou constituer des abris pour animaux (Zriba), mais cette donne a changé, au fil des années, avec les recherches scientifiques qui ont démontré les différents avantages de cette culture désormais prometteuse et à forte valeur ajoutée.
La succession des années de sécheresse qu’a connu le Maroc, conjuguée au besoin pressant de trouver des espèces végétales peu exigeantes en eau et à grande adaptation aux conditions de milieu les plus critiques (climat aride, chaleur, terrains pauvres) et à forte valeur alimentaire et fourragère, sont des facteurs parmi d’autres qui ont été derrière le regain d’intérêt que suscite cette culture non seulement au Maroc, qui dispose d’un potentiel énorme dans ce domaine, mais aussi dans nombre de pays à travers le monde.
L’intérêt grandissant pour cette plante miraculeuse a été couronné par la création, par la FAO durant les années 90, d’un réseau international « FAO- CactusNet» , dont le Maroc est membre actif. Et pour preuve, ce réseau, qui organise des messes scientifiques de grande envergure, a décidé de tenir son 7ème Congrès International en octobre 2010 à Agadir, avec la participation de plus de 500 chercheurs et experts de renommée, en provenance de plusieurs pays, notamment le Mexique, l’Argentine, le Chili, le Maroc et l’Italie.
Concernant les multiples avantages de la culture du Cactus, ils sont d’ordre écologique, socio-économique, alimentaire, cosmétique ou encore thérapeutique. Pour le Maroc, un pays où les zones arides et semi-arides occupent de grandes superficies, l’intérêt pour le Cactus comme plante fourragère est évident. Le figuier de barbarie est, en effet, un outil efficace pour l’amélioration des parcours et la création de réserves fourragères mobilisables durant les périodes difficiles.
La forte teneur en eau (90 pc) du Cactus, lui confère un autre rôle aussi important : ses raquettes succulentes peuvent assurer la satisfaction de 80 pc des besoins du bétail en eau d’abreuvement, notamment durant les périodes chaudes où les troupeaux ne cessent de transhumer en quête des points d’eau.
Sur le plan environnemental, la culture du Cactus permet la préservation des sols contre l’érosion, la lutte contre la désertification et la conservation de la biodiversité, tout en contribuant à la régénération des espèces végétales spontanées et à la constitution d’un microclimat favorable au développement d’une faune et une flore très diversifiées.
Les vergers de cactus constituent aussi de très beaux sites pour la recréation et le tourisme rural et de véritables réserves pour les amateurs des activités cynégétiques.
Dans une déclaration à la MAP, M. Abderrahmane Ait Hamou, ingénieur agronome et président de l’Association Nationale pour le Développement du Cactus (ANADEC), a fait savoir que le Cactus est considéré comme étant l’une des plantes les plus rentables économiquement, car elle permet aux agriculteurs de diversifier les activités génératrices de revenu (AGR : apiculture, extraction d’huile de cactus, vente des figues fraîches ou séchées…).
Le Cactus présente également des avantages alimentaires indéniables, puisqu’il peut contribuer à la lutte contre la famine ou encore la malnutrition, a expliqué M. Aït Hamou, faisant remarquer que des recherches très poussées ont démontré que la figue de barbarie est l’un des aliments le plus complet et le plus riche en différents nutriments (sels minéraux, vitamines…), au point qu’il convient de le qualifier de produit « neutraceutique» .
Il a rappelé, dans ce sens, que les fruits peuvent être consommés à l’état frais, congelés, confits ou séchés comme dans certaines régions du sud du Royaume, ou encore transformés en jus, sirop, farine, confiture ou en huile alimentaire de graine.
Concernant les jeunes raquettes (cladodes), il a indiqué que si leur consommation est une habitude alimentaire des Mexicains, au Maroc un tel engouement est quasi-absent sauf pour certains produits préparés par des coopératives féminines comme « Aknari» de Sid Ifni et « Assobar» des Rhamna.
Le Cactus (figues et raquettes) revêt en effet des vertus thérapeutiques indéniables, a-t-il poursuivi, notant que ces produits sont utilisés dans la prévention contre certaines maladies comme le diabète, le mauvais cholestérol, les maladies cardio-vasculaires ou encore pour le traitement du rhumatisme, la toux, les infections de l’appareil urinaire, les troubles digestifs, l’ulcère, les diarrhées et les coliques.
Il est connu aussi pour son efficacité comme antirides, ainsi que comme base pour la fabrication de diverses préparations cosmétiques, notamment sous forme de crèmes, de shampoings et d’assouplissants de cheveux.
Ces vertus ont été découvertes très tôt au Mexique, dont cette plante est originaire, puisque le Cactus fût utilisé par l’homme depuis 6.500 ans avant JC et fût l’une des bases de l’alimentation des populations indigènes, avant d’être introduit vers le 16ème siècle dans le nord et le sud de l’Afrique et dans le pourtour Méditerranéen.
La superficie totale du Cactus, pour ce qui est du Maroc, peut être évaluée entre 120.000 et 150.000 ha. La culture est présente sur l’ensemble du territoire mais avec des densités qui varient d’une région à l’autre : les plus fortes concentrations sont constatées à Rhamna (35.000 ha), Sidi Ifni et Aït Ba Aamrane (40.000 ha), Al-Hoceima, Doukala, Oued-Zem et les environs de Casablanca.
Concernant les variétés disponibles au Maroc, M. Ait Hamou a estimé que grâce à la diversité de ses régions écologiques, le Royaume dispose de plusieurs variétés. Il serait juste de dire que chaque région a son propre cultivar. Le cactus « Opuntia ficus indica» est la principale espèce qui s’est adaptée aux conditions locales pour donner ces différents cultivars dont on cite, entre autres : Moussa, Aissa et Achefri (Sidi Ifni), Rhamania (Rhamna), Doukalia (El-Jadida), El-Hadaouiya (Casablanca), Majdoubia (Mohammedia) et Eddallahia (Al-Hociema).
La nouvelle stratégie du développement de l’agriculture Marocaine concrétisée par le Plan Maroc Vert (PMV) est une véritable opportunité pour le développement des différentes filières liées au Cactus, sachant que le PMV prévoit la consécration d’un million d’hectares pour des espèces fruitières peu exigeantes en eau, tel que l’olivier, le caroubier ou encore le cactus, a-t-il poursuivi, estimant que les superficies réservées au Cactus au niveau de chaque région devront connaître une augmentation remarquable, notamment dans les régions de Guelmim-Smara (70.000 ha supplémentaires) et Rhamna (50.000 ha).
M. Aït Hamou a ajouté que si le Cactus est une culture qui cadre parfaitement avec la philosophie et les objectifs du Plan Maroc Vert, la réussite de tous ces programmes nécessite l’adoption d’une approche intégrée portant notamment sur le développement du terroir dans sa globalité.
Cet agronome n’a pas manqué également de plaider en faveur d’une accentuation des efforts afin de maîtriser au mieux les mouvements d’exportation des graines des figues vers l’étranger de manière à ce que la marge des bénéfices reste au Maroc.
Il s’est dit aussi convaincu de la nécessité d’appuyer le développement d’une véritable industrie nationale cosmétique et pharmaceutique liée au Cactus et de promouvoir la recherche scientifique dans ce domaine, se félicitant de l’excellent travail accompli, en permanence, par des chercheurs marocains dans nombre d’universités et d’instituts nationaux dont l’INRA, l’Institut Hassan II de Rabat et d’Agadir, l’université Cadi Ayyad de Marrakech ou encore Hassan I de Settat, entre autres. Des efforts qui se sont soldés par la publication de plusieurs études et recherches et la mise au point de certains produits à base du cactus.
M. Aït Hamou à plaidé aussi pour le renforcement des relations de partenariat avec le Mexique qui dispose d’une longue expérience et d’un grand savoir-faire dans ce domaine. De même, il a invité le secteur privé à investir davantage dans cette activité prometteuse.
Fondée en 2006, l’ANADEC est une ONG marocaine qui a pour objectifs la promotion de la culture du figuier de barbarie, la vulgarisation de nouvelles techniques, l’appui à la recherche-développement aussi bien dans le domaine de production que dans la valorisation des produits. L’association mène plusieurs activités : encadrement, publications écrites et audio-visuelles, séminaires et journées. Ses membres constituent un corps pluridisciplinaires exerçant dans différents domaines : agriculture, agro-industrie, pharmacie, environnement, développement durable et autres.
Source : MAP