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Débat sur le droit à l'eau

La gestion de cette ressource naturelle incombe à l'Etat et non aux sociétés privées

\"http://www.lematin.ma/Images/Picto/flecheRouge.gif\" Publié le : 09.01.2011 | 11h09

 

Le Maroc est classé parmi les 20 pays les plus pauvres au monde en ressources en eau. Signe de la réduction de cette réduction de cette ressource naturelle, le stress hydrique commence à devenir une réalité dans certaines de nos régions. Quant aux climatologues, ils annoncent pour le Maroc une pénurie d'eau à l'horizon 2020.

 

 

 

 

 

 

 

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Dans ce contexte, et selon les experts, l'eau devient un secteur stratégique dont la gestion doit rester entre les mains des pouvoirs publics. « Les sources d'eau comme les autres minerais, phosphate, fer, cuivre... sont un bien public qui ne doit nullement être privatisé. Cette ressource stratégique doit rester entre les mains de l'Etat», a souligné Mehdi Lahlou, président de l'Association pour le contrat mondial de l'eau (ACME-Maroc), lors de la rencontre organisée dernièrement à Rabat, en partenariat avec l'Espace associatif sur le thème : « Le droit à l'eau au Maroc entre le discours et la réalité »

Sur ce sujet, la réalité est amère pour les montagnards. Mohamed Aït Hamza, chercheur l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM), a bien rappelé aux participants que «la montagne est la source de l'eau, mais que sa population en est privée. « Les projets agricoles installés autour des sources ont asséché les nappes phréatiques», a-t-il ajouté. Un autre intervenant, lui, a interpellé les autorités chargées de l'eau : « Quand les responsables nous indiquent qu'ils ont réalisé un taux d'approvisionnement en eau de 90% dans le milieu rural, parlent-ils de la seule fontaine installée dans un village ou de branchements individuels ?»

Si le Maroc s'est doté d'une infrastructure hydraulique constituée de 128 grands barrages, certains invités ont signalé que cet effort national bénéficie davantage aux grands agriculteurs qu'aux petits exploitants. Plus que cela, leur production est tournée vers l'exportation. Pendant ce temps, nous continuons à import des produits agricoles. Pour remédier à cette situation, la société civile appelle à intégrer le droit à l'eau dans la Constitution comme cela s'est fait ailleurs. « Certains pays ont constitutionnalisé le droit à l'eau. Ils considèrent même la première tranche de la facture d'eau consacrée à l'hygiène, l'alimentation, comme un droit et donc gratuit », a souligné Aziz Latrach, membre d'ACME-Maroc

Autre difficulté qui entrave le secteur, la mal-gouvernance. Plusieurs ministères (Finances, Intérieur, Agriculture, etc.) sont concernés et chargés par la gestion de l'eau. « Nous ne savons pas qui fait quoi ? », a lancé un invité. Résultat de cette dilution des responsabilités, les eaux nationales superficielles et souterraines sont polluées par les rejets industriels et les produits chimiques utilisés par l'agriculture. Les eaux souterraines sont également menacées par l'habitat insalubre installé sur des champs de captage d'eau comme à Fouarate près de Kénitra qui alimentent Rabat

Autre constat, le Maroc perd annuellement un barrage à cause de l'envasement généré par l'érosion. Pour inverser la tendance, un plan national de reboisement du bassin versant a été réalisé mais il n'a pas atteint ses objectifs

Pendant ce temps, la pression sur les ressources hydriques s'accentue à cause de la croissance démographique et du réchauffement climatique avec des périodes de sécheresse en perspective. « Dans l'avenir, la tension provoquée par la demande d'eau de plus en plus rare sera à l'origine de conflits entre pays comme cela a été le cas pour le pétrole », a souligné Said Tbel, de l'Espace associatif.

Plans d'action

Les auteurs de la dernière étude relative à la nouvelle Stratégie nationale du secteur de l'eau indiquent qu'elle « devrait permettre de soutenir le développement du Maroc dans la durée, en satisfaisant les besoins de la croissance et en le protégeant face aux effets imprévisibles du réchauffement climatique ». Cette stratégie propose six plans d'action : « un plan d'action environnemental portant sur la gestion, la préservation et la protection des ressources en eau, un plan d'action relatif à la gestion efficiente de la demande en eau et un plan d'action pour la réalisation des aménagements de mobilisation des ressources en eau. Les autres plans : « mise en place d'une organisation opérationnelle permettant de faire face aux sécheresses extrêmes et aux inondations, l'amélioration de la structure et les pratiques de recouvrement des coûts des infrastructures de mobilisation, de gestion et de distribution de l'eau et enfin l'instauration de mesures institutionnelles et d'accompagnement nécessaires au déploiement à moyen terme de la stratégie de développement du secteur de l'eau».

 

Source : WEB  Par Rachid Tarik | LE MATIN