Smara, une ville en pleine métamorphose
Province la plus méridionale de la région de Guelmim-Smara, la capitale spirituelle du Sahara n’était, à sa récupération par la mère-patrie en 1975, qu’un petit bourg construit autour de la « Mahadra ». Cette école coranique qui a donné à Smara cette appellation de capitale spirituelle.
En 1975, la population de la province était composée essentiellement de nomades dont le nombre ne dépassait pas les 5.000 âmes qui transhumaient aux alentours de cette école coranique.
Au début des hostilités avec les séparatistes, Smara a constitué un vivier où
les hordes du Polisario venaient kidnapper des habitants sans défense
pour les gaver de leur propagande et leur laver le cerveau afin d’en
faire d’ardents défenseurs de leur cause. Ce qui a donné lieu à la séparation
des familles entre celles établies à Smara et celles séquestrées dans les camps
de Tindouf en Algérie
Les liens entre ces familles qui souffrent de la déchirure ont été exploités par le Polisario pour entretenir à coup de pétrodollars algériens, l’oisiveté et la précarité aidant, des activistes pro-séparatistes. Pour couper l’herbe sous les pieds de ces activistes, les autorités de la province ont eu recours à une politique de proximité qui consiste à responsabiliser toutes les composantes de la société, notamment les élus, chioukhs et les ONG en les associant à la gestion des affaires publiques au niveau de la province, d’une part, mais aussi et surtout en instituant une gouvernance sécuritaire basée sur l’application de la loi tout en tenant compte des spécificités et des coutumes locales
Ce qui fait que seuls les fauteurs de troubles sont sanctionnés par la loi. Ainsi, tous ceux qui exploitaient les actions subversives à des fins de propagande pro-Polisario et qui s’activaient dans les milieux des mineurs et des femmes issus de couches démunies, n’ont plus cette possibilité. Dans ce cadre, les autorités ont mené une campagne de grande envergure de lutte contre la précarité et l’oisiveté dans ces milieux. « On ne peut pas dire qu’il n’y a plus de séparatistes à Smara, mais une chose est sûre, c’est que leur nombre s’est réduit comme peau de chagrin et ce grâce aux efforts de lutte contre la précarité et l’oisiveté dans les rangs de ces catégories », nous a déclaré un acteur associatif de la ville
En 1980, la population de Smara qui est une ville frontalière de grande importance n’excédait pas les 20.000 habitants. En 1990, avec l’arrivée des populations des campements de l’unité dans le cadre de l’opération de l’identification des personnes pour le référendum confirmatif de la marocanité du Sahara, la population est passée à environ 40.000 âmes qui n’aspiraient qu’au minimum vital
Aujourd’hui, c’est une ville moderne qui n’a rien à voir avec le bourg d’antan, avec une population de plus de 70.000 habitants dont les exigences sont celles de citadins qui aspirent à une vie de qualité. Ce qui a amené les autorités à mettre sur pied un Plan de développement urbain (PDU) qui prend en considération les spécificités de cette province tant au niveau artisanal qu’architectural à travers la ville de Smara et les cinq communes rurales qu’elle compte.
Actuellement, Smara dispose d’un réseau de canalisation d’eau potable, long de 120 km, drainant 5.600 m3 par jour et assurant l’alimentation de 8.400 branchements. Le réseau d’assainissement liquide, quant à lui, est long de 51 km assurant un taux de desserte de 55%.
Une centrale électrique de 2.600 kva assure une desserte urbaine alimentant environ
10.000 abonnés représentant un taux de 100% dans le milieu urbain. Même chose
pour le réseau téléphonique qui couvre l’ensemble du milieu urbain
L’évolution urbanistique de la ville s’est faite en plusieurs étapes :
- La première entre 1976 et 1990, consistait en la satisfaction des besoins
urgents et se faisait sans véritable planification
- La seconde qui avait été lancée au milieu des années 90, était le fruit d’une politique volontariste se traduisant par des actions de grande envergure (lancement de plusieurs lotissements et programme de logements)
- La
troisième a été entamée par la mise en place de la 1ère tranche par
l’application du programme de mise à niveau des infrastructures et des
équipements qui a fait l’objet d’une convention de partenariat signée en
2008 et portant sur un montant global de 143,5 millions de dirhams réparti en
deux lots : le premier, de 70 millions de dirhams, consacré à la première
tranche de l’assainissement liquide de la ville qui a débuté en février 2009 et
qui est déjà arrivé à un taux de 62% de réalisation. Le deuxième, d’un montant
de 73,5 millions de dirhams consacré à la réalisation de plusieurs
infrastructures et équipements (équipements socio-éducatifs, éclairage public,
voirie et dallage, etc) au niveau de Smara.
Mais en dépit de tous ces efforts déployés par l’Etat à travers l’exécution de
cette tranche, les infrastructures de la ville restent déficientes et les
principales artères sont nettement insuffisantes par rapport à la dimension que
ne cesse de prendre la ville et l’absence de voies périphériques susceptibles
d’assurer la fluidité de la circulation. Ce qui a incité les services de la
province, en concertation avec les élus, les notables et les composantes de la
société civile, à initier, en partenariat avec l’Agence du Sud et d’autres
partenaires, un plan provincial triennal de mise à niveau et de
développement sur la période 2010-2013.
Ce programme ambitieux a pour objectif de soutenir et compléter les efforts
entrepris lors de la première tranche qui avait abouti à la concrétisation de
l’ensemble des projets retenus dans le cadre du PDU et qui sont en phase
d’exécution finale
La programmation de ce plan triennal vise fondamentalement les objectifs suivants :
- Un développement harmonieux et équilibré de la ville
- Une répartition équitable des équipements publics pour que chaque quartier puisse en bénéficier, selon son développement démographique.
- Des extensions étudiées au nord et au sud de la ville
- Mise en œuvre des opérations de rénovation du tissu ancien de la ville hérité du colonialisme espagnol et des quartiers sous-équipés
Favoriser
les conditions sociales, économiques et culturelles nécessaires au
développement durable.
Cette deuxième tranche permettra aussi de doter la ville de fonctions urbaines
majeures adaptées au contexte physique, social et environnemental. Elle
permettra, par ailleurs, la consolidation des acquis enregistrés à différents
niveaux variés de la vie des populations.
Cette deuxième tranche se répartit en projets structurants et de proximité
Projets structurants
Parmi les projets structurants, on notera :
- L’aménagement des avenues principales de la ville
- La réalisation de voies de contournement
- La construction d’un ouvrage d’art sur Oued Selouane
- La construction d’une route reliant Smara à Sid’Ahmed R’guibi et l’aménagement des entrées principales de la ville sur la RN 14 et la RR101
- La
contribution à la réhabilitation du réseau d’assainissement liquide et
l’achèvement de la STEP ;
- La construction de la gare routière
- La construction d’une salle d’exposition de l’artisanat
- La construction d’un souk hebdomadaire et d’un marché de gros de fruits et légumes
- La construction de la troisième tranche du marché municipal.
Samedi 12 Février 2011
Source : WEB Libération par Ahmadou El-Katab