Les experts en cactées confrontent leurs expériences
Le 7ème Congrès international sur
le cactus, tenu à Agadir, la semaine dernière, sous l'égide du ministère
de l'Agriculture et de la Pêche
maritime et l'Organisation de l'ONU pour l'agriculture et l'alimentation (FAO),
était l’occasion pour l’Agence du Sud de présenter les résultats du programme
de valorisation du cactus, initié il y a deux ans dans la province de
Guelmim.
Les résultats préliminaires de ce programme mené avec d'autres partenaires,
révèlent l'importance du potentiel de production qui pourrait être une source
pour de nombreuses activités génératrices d'emplois et de revenus dont
profiterait la population locale, explique le coordinateur national du
programme cactus, Karim Anegay
A cet effet, la première station de conditionnement du fruit frais au Maroc est
opérationnelle, depuis septembre dernier à Ouaâroune, à une vingtaine de
kilomètres de Guelmim, drainant une production que le Programme a rendue
accessible grâce à la consolidation de plus de 170 km de pistes rurales,
précise le coordinateur
Les premières figues de barbarie nettoyées des épines sont ainsi en
vente dans les grandes surfaces nationales depuis le début de ce mois d'octobre
Cette station coordonne l’action des différents acteurs de la filière,
producteurs, collecteurs, transporteurs, tout en ouvrant des perspectives de
commercialisation prometteuses, apportant une importante plus-value souligne M.
Anegay
Bien plus ambitieux et plus optimiste, le directeur général de l'Agence,
Ahmed Hajji, estime qu’il s'agit là d'une première phase qui "ne
représente nullement le potentiel de cette ressource considérable".
"L'Agence du Sud est convaincue de l'important potentiel du cactus qui
transfigurera, à terme, l'économie d'une région entière, avec la création d'une
zone d'activités dédiée à la transformation des produits du cactus ou
cactopôle", explique-t-il
Le développement des conditions de la récolte et de la commercialisation du
fruit frais, constitue la condition sine qua non de la valorisation du produit
dont les deux variétés locales, Aissa et Moussa, sont particulièrement
délicieuses et appréciées par les consommateurs. Elles peuvent être
exploitées sur environ six mois, pour une production pouvant atteindre
près de cinq cent mille tonnes
Le cactopôle intégrera, à terme, différentes unités de valorisation qui
utiliseront la production comme les écarts de triage de la station
Ces diverses unités de valorisation réunies en un seul site destiné
spécifiquement à la filière du cactus, formeront la matrice d'un pôle de
compétences et de compétitivité, générant des emplois directs et indirects qui
se chiffreront en milliers voire en millions d'hommes et jours de travail par
an, souligne M. Hajji
L'ambition de l'Agence est de parvenir à créer le cactopôle de Guelmim, un
véritable quartier industriel en zone rurale visant la production et la
valorisation du cactus, de sorte que les normes environnementales soient
respectées autant que faire se peut et au plus haut degré.
Ce pôle qui devrait bénéficier des facilités qu’offrent les principaux réseaux
d’infrastructures, s’étendrait, à moyen terme, sur une superficie de 25 ha, dans un
emplacement stratégique au bord de la route nationale N1 à une dizaine de
kilomètres au sud-ouest de Guelmim.
M Hajji souligne qu’en menant ce programme novateur de valorisation du cactus,
l'Agence du Sud reste fidèle à sa vision de valorisation des potentialités
naturelles, de dynamisation de l'économie sociale et de consolidation des
spécificités identitaires
Le figuier de Barbarie, seule plante à s'accommoder des conditions climatiques
arides du Sud, possède de nombreux atouts, allant des fruits frais, à valoriser
dans un cadre "bio", aux technologies high-tech d'extraction de
molécules utiles pour la diététique et la cosmétique, en passant par une
multitude de produits du terroir à haute valeur ajoutée
"Pour lui permettre d’évoluer en pôle d'excellence compétitif à l'échelle
nationale et internationale, ce potentiel devra bénéficier d'un appui
considérable en termes de recherches et développement, mais il aura surtout
besoin du soutien inconditionnel des collectivités territoriales
concernées", assure le directeur général de l'Agence du Sud
Pour vulgariser son message au niveau des partenaires potentiels, il a été
procédé à l’invitation de huit présidents de communes relevant de la
province de Guelmim ainsi que du président de la Chambre provinciale
d'agriculture afin qu’ils prennent part aux travaux du Congrès d'Agadir, auquel
ont participé d'éminents experts venus d'une trentaine de pays.
Afin de leur permettre de se rendre compte directement des réalisations
effectives de l'Agence sur le terrain, les 300 congressistes ont été invités à
effectuer une visite dans la province de Guelmim. Cette visite les mènera à la
station de conditionnement de fruit frais à Ouaâroune et à la coopérative de
transformation produisant confiture, nectar, filet de raquettes et huile de
pépins de figues de Barbaire dans l'oasis pittoresque de Tighmert
Dans les provinces du Sud, la figue de Barbarie qui est un fruit de saison,
représente une ressource fourragère de premier ordre depuis plusieurs siècles
et avec plus de soixante mille hectares situés dans un rayon de moins de cent
kilomètres autour de Guelmim, c’est ce qui amène certains à parler de
l'or vert du désert. Sa valorisation passe par la perpétuation de
sa consommation. Ce qui ne peut se réaliser qu’à travers la transformation de
ce fruit en conserves. Sachant que plus de 500.000 tonnes de fruits sont
produits dans la région, dont près de 90% périssent avant la cueillette, faute
de logistique adéquate pour le conditionnement et en raison de la faiblesse des
moyens de commercialisation
Le défi à relever pour un bon nombre de pays producteurs de figues de
Barbarie comme le Maroc, reste celui de soutenir le développement d'une
véritable industrie cosmétique et pharmaceutique liée à ce produit.
Jeudi 28 Octobre 2010
Source : web LIBERATION Ahmadou El-Katab