Réglementation énergétique
Maroc le Royaume va se doter de sa première réglementation énergétique du bâtiment
Eric Leysens | 20/10/2010 | 17:40 | Management
Les services du ministère de l'habitat et du tourisme travaillent actuellement à l'établissement d'une réglementation énergétique. La concertation devrait s'achever à la fin de l'année
« Nous faisons notre Grenelle ». En comparant l'actualité marocaine du monde du bâtiment à l'actualité française, Mohamed Berdai, Directeur de la coopération internationale à l'agence de développement des énergies renouvelables et de l'efficacité énergétique (Aderee) souhaite insister sur l'importance du virage que prend le bâtiment dans son pays
Mais si le Maroc se met à réfléchir à une réglementation énergétique, ce n'est pas simplement par mimétisme. La société marocaine évolue. Autour de 150 000 logements sont construits chaque année, le niveau de confort augmente et le taux d'équipement également. Ainsi, le besoin énergétique du pays s'élève au rythme annuel de 5%, la demande d'électricité croît , elle , de 8% par an. Autrement dit, une « réglementation énergétique du bâtiment » se révèle indispensable. Elle touchera l'urbain, le bâti, les équipements et la gestion des services
Imposer un coefficient de transmission thermique en fonction du taux de vitrage
Concernant le bâti, la RT marocaine devrait imposer des prescriptions minimales dans le résidentiel sur l'enveloppe opaque, les vitrages et les protections solaires. Tout comme notre RT 2012, ces prescriptions s'imposeront différemment selon les 6 zones qui découperont le Maroc. Les équipes du ministère de l'habitat, en attendant des validations au sommet de l'Etat, préfèrent rester floues sur les futurs critères qui seront imposés au secteur de la construction. Néanmoins, ils laissent entendre que la future réglementation devrait imposer un coefficient de transmission thermique en fonction du taux de vitrage. « On proposera peut-être un soutien financier pour la pose de chauffe-eaux solaires thermiques mais pas pour le photovoltaïque. » Côté énergies renouvelables, Mohamed Berdai s'intéresse plus au « gros potentiel » éolien du Royaume.
A travers un accord cadre avec son homologue marocain, l'Ademe aide le Maroc à réussir l'application de sa première réglementation. L'agence française diagnostique le besoin en formation et fournit une assistance technique à maîtrise d'ouvrage sur des projets démonstrateurs.
L'Ademe insiste sur le potentiel des matériaux bio-sourcés que le royaume chérifien doit développer, notamment des produits à base de terre d'argile
Intégrer l'efficacité énergétique dans les critères de classement des hôtels
Amal Laksiour, qui travaille à la direction technique du ministère de l'habitat, précise que deux études d'impact énergétique, menées par le cabinet "H3C" et "Automatique et industrie", sont en cours sur deux futures villes nouvelles : Charafate à proximité de Tanger et Khyaytta à 20 kms de Casablanca
« On veut intégrer l'efficacité énergétique dans les critères de classement des hôtels ». Bellil Naonal, du ministère du tourisme, reconnaît qu'aujourd'hui rien n'est imposé aux promoteurs et que seuls quelques investisseurs font le choix de développer des projets avec un degré minimal de souci de l'environnement. Elle cite les jardins filtrants du projet d'infrastructure touristique « Mogador » à Essaouira
Aujourd'hui, les différents groupes de travail attendent la validation des bases techniques. L'habillage juridique, qui pourrait mettre en place des pénalités, reste à établir.
Eric Leysens
Source : web LE MONITEUR.FR