Le printemps de Ouarzazate viendra un jour
Le renouveau attendra encore à Ouarzazate. Ce qui devait être un moment démocratique majeur dans la vie de la province de Ouarzazate a malheureusement viré au fiasco le plus complet si ce n'est que l'objectif qui était visé par l'ensemble des organisateurs a été atteint : l'ancien est encore à sa place.
L'assemblée générale du Conseil Provincial du Tourisme de Ouarzazate (CPT) qui s'est déroulée ce mardi 28 octobre 2014 restera dans les mémoires comme un mauvais film où s'est joué le plus banal des scénarii : la lutte acharnée d'un clan pour garder le pouvoir, et ses avantages.
L'ambiance était à l'image de la réaction qu'eut jadis le directeur du CPT suite à la publication de la lettre ouverte des professionnels du tourisme en 2013, lettre signée à ce jour par 134 professionnels : mépris, arrogance et baratin.
L'ancien Maroc a gagné. Dont acte. Mais la tristesse est vaste, autant ne pas le cacher.
Triste de voir ces 5 français dont deux venus de Skoura, et pas des moindres puisque lauréat 2014 des Trophées Maroc du tourisme responsable, et un autre quasi vétéran du tourisme à Ouarzazate, qu'il me pardonne cette expression, triste de voir comment les organisateurs les ont traités. Interdits de cotiser sur place, interdits de parole parce que pas adhérents alors qu'ils n'ont jamais reçu la convocation à l'assemblée générale. Ils venaient pour répondre à l'appel lancé sur almaouja.com en soutien au projet de renouveau porté par Iatimad Belkahia et sa liste. Au bout de 2 heures pendant lesquelles la bonne odeur du combat de coqs commençait à envahir la salle, nos 5 français sont partis discrètement, eux aussi avec tristesse.
Triste de voir ces jeunes entrepreneurs marocains se lever et oser se plaindre de n'être pas informés, de n'avoir pas été invités, de ne pas se sentir respectés.
Triste de voir qu'il n'y avait qu'un seul gîte rural de présent, et il n'avait pas reçu de convocation de l'administration du CPT alors qu'ils sont des dizaines dans la province de Ouarzazate et que précisément le tourisme rural est une de ses richesses si ce n'est la principale. Et cela, le CPT s'en fiche.
Sa Majesté Mohammed VI a raison de rappeler le pleine responsabilité du peuple dans la qualité de leurs élus mais reconnaissons que l'exercice démocratique peut être très difficile quand il n'y a plus de règles du jeu. Et là, le jeu fut faussé dès le départ : le choix de la date, le choix de l'heure, le non envoi des convocations à tous les professionnels de la province, la non possibilité de payer sur place sa cotisation, le vote à main levée, le pourrissement de l'atmosphère par le chaos. Un participant a même informé l'assistance avoir découvert que l'administration du CPT avait acheté des adhésions en bloc, ce qui reviendrait, si l'information était avérée, à acheter des voix.
Triste au bout du compte de voir la salle des professionnels du tourisme réunis, en présence de tous les élus de la province, et de tous les directeurs des services administratifs, devenir foule jusqu'à s'insulter et se battre même.
Triste de voir que le seul homme politique qui soutenait la liste Renouveau Ouarzazate, M. Mohamed Azouguigh, a été empêché de s'exprimer. Il a fallu qu'il s'énerve et c'est ce que voulait les organisateurs : du bruit et du chaos.
Les 11 professionnels du tourisme réunis autour d'Iatimad Belkahia avait lancé l'idée d'un scrutin de liste, avec l'exposé comparatif d'un programme d'action et d'une méthode de travail. Ses membres proposaient ainsi de faire jouer la démocratie liste contre liste, projet contre projet et surtout équipe contre équipe, au grand jour, avec le principe fondamental en démocratie : une personne = une voix. Et bien non, les organisateurs refusèrent. Ce fut alors la bonne vieille ancienne méthode, pourtant nullement indiquée dans les statuts : le partage des places entre les corporations dans un brouhaha digne d'un mauvais souk.
Hormis toutes les informations qui ont été dévoilées par les participants et qui justifieraient à elles seules l'invalidation de cette assemblée, la principale et plus importante responsabilité de l'ancien CPT et de son équipe dirigeante qui aurait du les amener à ne pas oser se représenter, c'est d'avoir pendant 3 années et encore aujourd'hui, brisé l'harmonie entre les professionnels, pourri le lien humain dans le collectif, alimenté les haines et les jalousies.
Et tout cela dans un seul but : le pouvoir et donc l'argent.
Rabat, le silence amer de l'indifférence
La question la plus troublante au bout du compte est de savoir pourquoi les autorités centrales ont fermé les yeux.
Imaginons 5 mn que MASEN, grand acteur public impliqué sur Ouarzazate, eut envoyé un observateur. Qu'est ce qui se serait passé ? N'y aurait-il pas eu plus de sérénité et de sérieux ? Le débat adulte n'aurait-il pas pu avoir lieu comme il se doit en 2014 dans un Maroc moderne ?
Il sera rétorqué que ce n'est pas le job de MASEN. Et pourtant que penser d'une agence publique dirigée par un professionnel, M. Bakkoury, à la double casquette, solaire et politique, agence qui s'évertue à soutenir le développement de Ouarzazate dans le sillon de la centrale Noor ? Nous répondrons que c'est justement un excellent maillage parce que le développement humain a besoin pour réussir d'un logiciel politique. Soutenir Ouarzazate passe par le soutien à l'émergence d'une nouvelle élite et à l'apprentissage, forcément laborieux, de nouveaux comportements au sein du collectif.
Il est impossible d'éviter cette équation et MASEN devrait assumer son rôle d'accompagnateur de la croissance de Ouarzazate, avec discrétion mais avec performance comme ils aiment à l'être.
La réalité est ce qu'elle est : il était impossible que la liste Ouarzazate Renouveau ne puisse gagner seule, sans l'appui de Rabat, d'autant plus que quasiment 100 % des élus et des services administratifs présents ont voté pour le maintien de l'ancienne présidence.
Le germe du renouveau est planté dans l'ancien
M. Driss Alaoui Mdaghri l'a clairement dit alors sur la scène du Morocco Solar Festival : c'est l'art qui est désormais l'unique vecteur de développement de nos sociétés humaines. Il faut entendre ici l'art total de l'être. L'art d'être dans la société, l'art de faire vivre tel ou tel métier, l'art d'être médecin par exemple, l'art d'être un acteur politique ou associatif. Cet art total est un système où certains comportements ou états d'esprit sont bannis de la collégialité et du collectif tout simplement parce qu'ils ne sont pas beaux.
L'art d'être un collectif en charge du tourisme dans un des territoires du Maroc : cela nécessite un apprentissage, et donc un accompagnement et c'est normal.
La tristesse cependant s'évanouira vite : si ce n'est pas ce coup là, le nouveau Maroc émergera peut être à Ouarzazate dans 3 ans. Et puis soyons certains que le germe du renouveau est présent dans le CPT actuel. L'ancien n'est déjà plus tout à fait le même.
Restons optimistes.
Cette assemblée générale est venue confirmer la thèse développée par almaouja depuis son lancement : c'est avec l'aide de forces extérieures, de leur implication concrète et durable, et bienveillante, aux côtés des ouarzazi, que Ouarzazate s'en sortira.
Laissée seule à elle-même, pas d'espoir.
Alors soyons fous et rêvons une fois encore : imaginons dans 6 mois une femme candidate du renouveau de Ouarzazate lors des prochaines élections communales. Imaginons une équipe de personnes compétentes et expérimentée qui fasse campagne autour d'un programme clair et précis pour Ouarzazate. Imaginons pour une fois que la population se mette à voter.
Cet impossible peut être rendu réel avec l'art du bon jardinier.
En attendant, et pour paraphraser le poète qui toujours aura la raison avec lui : revenez, revenez nombreux et vite, déposer partout dans Ouarzazate la semence magique du renouveau.
30 octobre 2014 16:31
SOURCE WEB Par Eric Anglade Almaouja
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