Tourisme: Fortes inquiétudes
Les attentats de Bruxelles et Istanbul compliquent la relance de la destination
Le repli des arrivées persiste: -7,7% au 1er trimestre de l’année
Les professionnels se préparent au pire: -30% de clients français vers le Maroc
Chaque évènement sécuritaire a eu son lot d’impacts sur la perception des touristes étrangers pour les destinations nord-africaines. Le Maroc n’y a pas échappé
La menace est désormais structurelle. Au moment où la destination espère encore remonter dans le top of mind des touristes étrangers, les attentats d’Istanbul et de Bruxelles, quelques semaines plus tôt, exacerbent les appréhensions sur la capacité de résilience de la destination. Si le Royaume n’est pas directement touché par ces derniers évènements et les impacts encore «prématurés à estimer», selon une source de l’Office national marocain du tourisme (ONMT), le pays perd clairement en attractivité et dégringole dans le classement des voyageurs des principaux marchés émetteurs. En plus du recul de 7,7% annoncé par le ministère du Tourisme sur les arrivées internationales à fin mars dernier (chiffres disponibles), qui confirme un repli structurel de l’activité, le dernier warning en date provient des tour-opérateurs français. Ces derniers, qui ne prennent en compte que le canal des voyages à forfait, rapportent dans leur dernier baromètre, tombé mercredi 29 juin, un recul de 30% des ventes à destination du Maroc.
Par ailleurs, les nuitées ont également reculé de 0,7% au premier trimestre de l’année, entraînant légèrement la valeur ajoutée du secteur de 0,1%. La montée de l’insécurité dans la région pénalise l’activité touristique et reporte sine die les décisions et budgets voyages. Curieusement, ce sont les principaux marchés émetteurs, les pourvoyeurs traditionnels (France, Allemagne et Royaume-Uni) qui ont enregistré des contre-performances sur les arrivées. Le manque à gagner a été compensé par la hausse des arrivées en provenance des Pays-Bas (+3%), Belgique (+4%) et Espagne (+1%). Ce qui a permis de rééquilibrer les trois indicateurs (arrivées, nuitées, recettes).
Les flux en provenance de la France, de l’Espagne et de la Belgique sont les plus impactés par «l’effet Daesh». Le Maroc semble toutefois avoir profité du désamour des Allemands pour le marché égyptien
Sur le marché local, les professionnels se préparent au pire après Istanbul, surtout en ce début de saison estivale. «Il y aura un impact énorme sur le tourisme, en général, et les destinations arabo-musulmanes, en particulier», lance Fouzi Zemrani, vice-président de la Confédération nationale du tourisme (CNT). «Même si l’on n’est pas directement touchés, ces évènements refroidissent toutes les intentions de voyage. Aucun aéroport au monde n’est à l’abri. Nous sommes dans une situation anxiogène énorme et nous avons très peu de visibilité sur le tourisme dans le monde et au Maroc, en particulier. La destination souffre énormément de cela », poursuit Zemrani. Même son de cloche chez les voyagistes marocains. Le ralentissement des flux en provenance des marchés traditionnels inquiète les professionnels qui sont unanimes sur la nécessité de communiquer. «Si les effets d’amalgame persistent, malgré toute la communication de ces dernières années suite à cette crise d’image, cela prouve que nous n’avons pas encore trouvé le remède», déplore Othman Cherif Alami, président de l’Association régionale des agences de voyages de la Région de Casablanca-Settat. La tutelle, en partenariat avec l’ONMT, s’était pourtant dotée d’une communication de crise et d’une cellule de veille stratégique pour anticiper les impacts que devrait connaître le secteur. «Il faut un budget et un programme permanent dédiés à ces efforts. Il faut aussi capitaliser sur des opportunités de visibilité internationale comme la prochaine COP22», recommande le voyagiste. «Ce ne sera pas facile, mais il faudrait que nous trouvions une stratégie pour communiquer autrement», renchérit, pour sa part, Fouzi Zemrani.
Pour le moment, encore une fois, le tourisme interne et les flux des MRE devront sauver la mise. D’ailleurs, sur le produit turc, en particulier, les voyagistes marocains affirment n’être qu’à 30% de leurs objectifs commerciaux pour la saison estivale. Ils restent optimistes sur les réservations de début juillet pour relever les ventes sur ce segment, grâce surtout à la réactivité exceptionnelle des autorités turques et la rapide réouverture de l’aéroport suite aux évènements d’Istanbul.
Le 01 Juillet 2016*
SOURCE WEB Par L’économiste
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