Efficacité énergétique L’Intérieur veut impliquer les communes
Leur rôle est décisif vu les secteurs énergivores sous leur tutelle
L’aspect efficacité énergétique «doit être intégré dans tous les appels d’offres»
Transport en commun, éclairage public… les domaines concernés
Le développement d’un système d’éclairage public efficace est l’un des projets phares qui sera mis en avant lors de la COP22 à Marrakech. La cité ocre a adopté cette approche appelée à être dupliquée dans d’autres villes (Ph. Bziouat)
Comment les villes peuvent contribuer à la concrétisation de la stratégie nationale d’efficacité énergétique? Quelles opportunités pourront-elles y trouver? C’est à ces questions qu’ont tenté de répondre les participants à la Conférence organisée par le Fonds d’équipement communal du ministère de l’Intérieur, hier à Rabat? A l’approche de la COP22, prévue à Marrakech en décembre prochain, les collectivités locales sont mises à contribution pour présenter des initiatives écologiques à mettre en avant lors de ce sommet mondial de l’environnement. La cité ocre a déjà identifié les projets qui seront mis en avant, notamment dans les domaines du transport en commun, de l’éclairage public ou encore de la station d’épuration qui devrait être prête avant décembre. Responsables de l’Intérieur, présidents de communes et membres des conseils des villes étaient en conclave pour déterminer les niches à exploiter pour favoriser la réalisation des objectifs de l’efficacité énergétique. Cela passe d’abord par «la sensibilisation des élus locaux sur les retombées économique, financière et environnementale suite à l’exécution des projets d’efficacité énergétique», fait-on savoir. L’implication des collectivités territoriales est décisive, dans la mesure où «il ne s’agit pas d’un projet qui peut être rapidement réalisé. C’est plutôt une politique qui s’étale dans le temps, et qui doit être tenue pendant 10 ou 20 ans», a expliqué Said Mouline, directeur général de l’Aderee. Surtout que les prérogatives des communes englobent des secteurs directement concernés par la stratégie de réduction de consommation des énergies. C’est le cas de l’éclairage public, de l’urbanisme, des transports et des infrastructures de base. Il s’agit de domaines qui constituent actuellement des sources de problèmes, notamment à cause de l’absence de la dimension environnementale dans leur conception. Par exemple, «lorsqu’une ville ne dispose pas d’un système efficient de transport public, cela se traduit par une augmentation du nombre des voitures, favorisant ainsi le gaspillage de l’énergie», selon Mouline. Il a lancé un appel aux walis et aux présidents des communes: «Ayez le réflexe d’efficacité énergétique lorsque vous lancez les appels d’offres pour tous les projets», a-t-il dit. Le patron de l’Aderee se dit optimiste, puisque avec cette orientation, «nous pouvons atteindre 25% d’efficacité énergétique dans les prochaines années». Cette dimension environnementale a été déjà intégrée dans la démarche du ministère de l’Urbanisme. C’est un travail en amont qui devra favoriser une plus grande implication des collectivités locales, dans la mesure où leur action pourra faire partie d’une approche globale dans les villes. «Un projet de loi sur l’urbanisme durable, actuellement en discussion, a revu les termes de référence des documents d’urbanisme afin d’intégrer cette dimension environnementale», a indiqué Taoufiq Benali, directeur de l’Urbanisme au ministère de tutelle. Il a appelé à franchir un nouveau palier en termes d’exigences relatives aux autorisations de lotir et de construire. «Il faut dépasser les normes classiques, notamment en mettant l’accent sur l’orientation des bâtiments. Il est inconcevable de voir de nouveaux immeubles orientés nord, favorisant ainsi le gaspillage d’énergie», a-t-il noté. Il a aussi insisté sur l’importance de «chercher une densité optimale des bâtiments afin de réduire la consommation d’énergie».
Pour favoriser l’implication des collectivités locales dans les efforts d’efficacité énergétique, «le rôle du secteur financier est aussi important que la technologie et les mesures de sensibilisation», selon Mouline. Des bailleurs de fonds internationaux sont déjà impliqués dans cette orientation. C’est le cas notamment de la Banque mondiale qui a accordé au Maroc un don de 450.000 dollars pour la période 2016-2017, afin d’accompagner la réalisation du projet d’efficacité énergétique dans le domaine de l’éclairage public.
Appui international
La Banque mondiale accompagne le Maroc dans différents chantiers liés à la stratégie nationale de l’efficacité énergétique. C’est ce qu’a rappelé Manaf Touati, représentant de l’institution de Bretton Woods. Un premier projet, lancé il y a deux semaines, permettra de réaliser un audit de l’éclairage public à Marrakech. Ses résultats seront exploités pour la conception d’un business plan financier, qui servira de base solide pour la mise en place d’une SDL dédiée à ce domaine. Une autre étude sera également lancée à la fin de ce mois, portant sur un diagnostic énergétique, en vue d’identifier les secteurs les moins performants et évaluer les améliorations potentielles. L’idée est de «favoriser une appropriation de ces modèles par les collectivités locales», selon Touati.
Le 21 Janvier 2016
SOURCE WEB Par L’économiste
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