Tremblement de terre : quel impact sur l’économie ?
Le séisme du 8 septembre aura inévitablement un lourd impact sur l’économie du pays. Rien que les coûts de la reconstruction pèsent sur le budget de l’État. Certes, l’heure n’est pas au bilan, mais les premières estimations évoquent des pertes assez conséquentes au niveau du produit intérieur brut.
Le puissant tremblement de terre qui frappé vendredi dernier a touché le cœur de l’industrie touristique marocaine alors qu’elle commence à peine à panser les plaies de la pandémie de covid-19. Pour l’heure, il est encore difficile de quantifier les pertes engendrées, mais les premières estimations commencent déjà à tomber.
En effet, l’Institut d’études géologiques des États-Unis (United States Geological Survey) prévoit que les dommages causés par le tremblement de terre pourraient représenter jusqu’à 2% du produit intérieur brut du pays. Cela représenterait environ 10,7 milliards de dollars, sur la base du PIB du Maroc estimé à 134,18 milliards de dollars en 2022, selon les données de la Banque mondiale.
«Des dégâts considérables sont probables et la catastrophe est susceptible de s’étendre. Les pertes économiques pourraient aller jusqu’à 2% du PIB du Maroc. Les événements passés ayant atteint ce niveau d’alerte ont nécessité une réponse au niveau national ou international», souligne l’USGS.
À noter que l’institut publie ses estimations par l’intermédiaire de son système Pager (Prompt Assessment of Global Earthquakes for Response). Ce système, qui évalue l’impact des séismes en comparant la population exposée à chaque niveau d’intensité des secousses avec les modèles de pertes économiques et de mortalité dans chaque pays ou région, a placé le Maroc en alerte rouge en raison des pertes économiques potentielles qu’il pourrait subir.
Trop tôt pour un bilan
Toutefois, du côté marocain, les autorités concernées telle que le ministère des Finances affirment que l’heure n’est pas au bilan. Tous les efforts sont actuellement concentrés sur la collecte des dons pour venir en aide aux sinistrés. Pour Omar Kettani, professeur en économie à l’Université Mohammed V de Rabat, l’impact sur l’économie marocaine est indéniable, surtout que la reconstruction nécessitera quelques années.
«La reconstruction va certainement coûter très cher, mais l’élan de solidarité rassure. Il faut préciser qu’au Maroc il n’est pas difficile de mobiliser de l’argent, mais c’est au niveau de la gestion que le bât blesse. À mon sens, il est important de structurer les dépenses et surtout rompre avec les méthodes du passé», insiste-t-il. Pour l’économiste, il est indispensable d’intégrer la main-d’œuvre des régions sinistrées pour la reconstruction. Par ailleurs, il s’avère également important de vérifier d’autres zones rurales et revoir ainsi le modèle de développement.
Le tourisme s’en remettra-t-il ?
Au niveau de l’activité touristique, les opérateurs restent dubitatifs. «Nous comprenons qu’un mouvement de panique a pris de court tout le monde. Il est ainsi légitime et compréhensible que certains touristes annulent ou d’autres écourtent leur séjour. Néanmoins, pour l’heure, nous ne pourront tirer des conclusions hâtives, car nous notons un petit mouvement d’annulation», relate Nidal Lahlou, président délégué de la Fédération nationale de l’industrie hôtelière (FNIH).
D’un autre point de vue, des opérateurs touristiques affirment que bien qu’il y ait des arrivées, des annulations ont été enregistrées. Néanmoins, ces derniers certifient que l’ensemble de l’infrastructure hôtelière est opérationnelle. «Comme des événements ont été reprogrammés, il y aura forcément des annulations. De plus, certains médias ont véhiculé une image négative, ce qui a créé une psychose. Or, les principales zones touristiques n’ont pas été touchées», souligne un opérateur de la place. De son côté, l’économiste Omar Kettani, estime que le pic de la saison est dépassé et que les opérateurs ont en bien bénéficié. Ainsi, ils auront le temps d’amortir le choc et de limiter l’impact. Néanmoins, pour lui, il est temps de promouvoir d’autres destinations.
Des plaies longues à guérir
Selon un rapport de la Banque mondiale, le tremblement de terre qui a frappé la Turquie et la Syrie a causé des dommages physiques directs estimés à 5,1 milliards de dollars rien que pour la Syrie. En Turquie, les pertes économiques ont été estimées à plus de 25 milliards de dollars, et le chemin de la reprise devrait prendre plusieurs années. Le coût de la reconstruction est estimé à plus de 100 milliards de dollars, selon les Nations Unies.
Le 12/09/2023
Source web par : leseco
www.darinfiane.com www.cans-akkanaitsidi.net www.chez-lahcen-maroc.com
Les tags en relation
Les articles en relation
Thomas Cook : les destinations accusent (vraiment) le coup
La faillite de Thomas Cook n'a pas seulement laissé 22 000 salariés sur le carreau et 600 000 touristes à rapatrier. La disparition soudaine du géant br...
Financial Times : La sécurité des pays occidentaux dépend de la reconstruction du Maroc
Le « Financial Times » cite le Maroc comme exemple dans la gestion de ses crises. Il estime que la sécurité de l’Occident dépend de la résilience et de ...
Investissements : la formule Nadia Fettah
Jusqu’ici discrète, la ministre de l’Economie et des Finances fait de plus en plus parler d’elle. Haute technicité, pragmatisme et sincérité, tels son...
Sécurité alimentaire et COVID-19
De plus en plus de pays sont confrontés à des niveaux croissants d’insécurité alimentaire aiguë, réduisant ainsi à néant des années de progrès en ma...
Agriculture : la saison est sérieusement compromise
Les indicateurs qui se dégagent sont mitigés. Certains éléments laissent présager une évolution favorable. Mais tout dépendra du mois de janvier. Cet art...
Développement Durable : Akhannouch préside les travaux de la Commission nationale
Le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a présidé, jeudi à Rabat, les travaux de la Commission nationale du développement durable dans sa troisième édit...
COVID-19 : il faut une réponse spécifique dans les situations de fragilité et de conflit
Portrait de Kasomo Kavira, soignante dans un centre de traitement Ebola géré par UNICEF en RDC. © Banque mondiale / Vincent Tremeau Les conflits violents ...
Les professionnels tout espoir à la rencontre d’El Othmani
Suite aux incidences sans précédent de la pandémie Covid-19 sur les entreprises touristiques marocaines gravement secouées, les professionnels ne perdent ce...
33è Marathon international de Marrakech : Plus de 12.000 athlètes sur la ligne de départ
Stars : La 33è édition du Marathon international de Marrakech (MIM) aura lieu le 29 janvier avec la participation de plus de 12.000 athlètes élites et ama...
Visite au Maroc du Classement manipulé : pourquoi la Chine pourrait coûter son poste à la patronn
Kristalina Georgieva, la directrice du Fonds monétaire international, risque de perdre son travail cette semaine. Elle est accusée par les États-Unis et un r...
Assemblées annuelles BM-FMI : Le Roi Mohammed VI adresse un message aux participants
Le Roi Mohammed VI a adressé, ce vendredi, un message aux participants aux assemblées annuelles du Groupe de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire in...
#MAROC_MINISTERE_INTERIEUR_ELECTIONS: Elections : Le ministère de l'Intérieur est neutre, cessons
Laftit se justifie sur la suppression des listes des jeunes, se dit ouvert aux propositions des députés et clame la neutralité du ministère de l’Inté...