Le Maroc et la France main dans la main pour la lutte contre les disparités territoriales
La question de la lutte contre les disparités territoriales a été au centre du 13e colloque international sur les finances publiques, tenu le 20 septembre à Rabat. Organisé sous le thème « Quelles finances locales au Maroc et en France dans un monde en mutation ? », cet événement a mis en avant l’échange d’expérience entre le Maroc et la France pour ce qui est de la gestion des ressources disponibles aux régions et collectivités territoriales.
Le mot d’ouverture a été donné par le ministre de l’Économie et des Finances, Mohamed Benchaaboun, qui a appelé à faire plus de sérieux et de vigilance pour ce qui est de la gestion des ressources financières des collectivités locales et territoriales. Le ministre a par ailleurs appelé à faire preuve d’innovation pour ce qui est de la répartition des ressources financières, afin de créer un « équilibre » entre la gestion locale et nationale. L’objectif derrière ce message n’est autre que celui de permettre au royaume de se développer à un rythme soutenu dans son ensemble, sans qu’il y’est de disparités entre ses différentes régions.
Cet objectif ne peut être réalisé que via la mise en place d’un modèle de gestion capable de répondre aux besoins du Maroc, à l’échelle nationale tout aussi bien qu’internationale. Dans ce sens, Benchaaboun a déclaré « pour gagner le pari, le modèle vers lequel nous devons nous orienter devrait être léger, souple, capable de s’adapter au rythme des changements imposés par le monde qui nous entoure ».
Le défi aujourd’hui, est de permettre aux collectivités territoriales de mettre au jour leur plein potentiel dans la croissance du royaume. Benchaaboun a indiqué sur ce point que « l’implication des collectivités territoriales avec les structures administratives déconcentrées donnera un nouvel élan à la dynamique de développement socio?économique dans notre pays pour concourir à la réalisation de la justice sociale et territoriale ».
La mondialisation, contributeur à l’accélération des disparités
Hélène Le Gal, ambassadrice de France à Rabat, a indiqué pour sa part que le phénomène de la mondialisation est l’un des moteurs à la propagation des inégalités sociales, territoriales, de genre, etc. l’ambassadrice a expliqué que la bonne gestion des finances locales devrait contribuer à la lutte contre ces disparités, notamment en France, cela passe par la stratégie de décentralisation, ainsi que le Pacte territorial, dont la mission est d’apporter des solutions concrètes aux problèmes du logement, transport, santé, etc. L’un des exemples les plus notables chez nos voisins français, dans ce sens, se traduit par la suppression de la taxe d’habitation pour 90 % des habitants de la République.
Par ailleurs, Le Gal a indiqué que même si la coopération P2P entre le Maroc et la France est à saluer, il ne faudrait en aucun cas se dire que les deux pays vivent la problématique des disparités de la même façon, mais cela n’empêche pas que l’on peut collaborer afin d’y faire face. Dans ce sens, l’ambassadrice a déclaré que « refermer la fracture territoriale et bâtir la cohésion des territoires est un défi qui est le nôtre ».
Elle a, entre autres, évoqué un accord entre l’Agence France Développement (AFD) et la Banque Mondiale (BM), visant le financement d’un projet pour la bonne gestion, la dynamisation et la planification des collectivités locales marocaines.
La réduction des disparités, une priorité à l’heure actuelle !
Noureddine Bensouda, Trésorier général du Royaume, a sorti l’artillerie lourde lors de la présentation de son rapport introductif. Celui-ci a indiqué que la lutte contre les inégalités sociales et territoriales ne peut être réalisée que via l’échange et le débat, qui sont parmi les principaux moteurs pour le développement à ce niveau.
Le Trésorier a expliqué que l’objectif à atteindre aujourd’hui, est de répondre à deux problématiques, notamment pour ce qui est de mettre le citoyen en tant que finalité du processus de développement, ainsi que de lutte contre les disparités sociales et spatiales. Cela ne peut être réalisé qu’à travers une bonne mise en œuvre des actions pour ce qui est de la gestion des finances disponibles, la proposition de services publics de qualité, une réelle réforme du système fiscal, ainsi qu’un contrôle des dépassements et des délais de réalisations des projets.
Bensouda a par ailleurs indiqué que la réforme du système fiscal marocain passe par la réduction effective des incitations fiscales, ainsi qu’un réel élargissement de l’assiette imposable. Dans ce sens, il est à noter qu’en 2018, deux tiers des recettes fiscales des collectivités territoriales provenaient de leur part dans le produit de la TVA, de l’impôt sur le revenu et de l’impôt sur les sociétés. De plus, les dépenses globales des collectivités territoriales n’ont représenté que 10 % des dépenses totales de leurs dépenses ainsi que de l’État.
Dans ce sens, il faudrait que l’ensemble des acteurs concernés prennent au sérieux leurs rôles, afin d’établir un réel modèle basé sur la bonne gestion des ressources financières disponibles, dans l’objectif de réduire les inégalités.
Le 21 septembre 2019
Source web Par Hespress
Les tags en relation
Les articles en relation
Les chantiers prioritaires de Benchaâboun
Apurer les crédits TVA, améliorer sensiblement les délais de paiement, faciliter l'accès au financement des PME/TPE et renforcer les PPP. Ce sont là le...
Le Maroc va lancer une banque spécialisée dans la finance climatique
Avec l’appui de la Banque africaine de développement (BAD), le Royaume s’apprête à se doter d’une banque verte. Outre le Maroc, quatre autres pays afri...
UNE AUTORISATION EXCLUSIVEMENT PROFESSIONNELLE
LEVEE DE LA RESTRICTION SUR LES DEPLACEMENTS INTER-PROVINCE La circulaire de l’Intérieur ne spécifie pas clairement s’il s’agit de déplacements entr...
33 milliards de dirhams dorment toujours sur les comptes des collectivités
A l’heure où chaque million DH économisé sur le déficit public est présenté comme une prouesse, les collectivités territoriales et leurs groupements (i...
Rémy Rioux nommé nouveau directeur général de l'Agence Française de Développement
L’actuel secrétaire général adjoint du ministère français des Affaires étrangères Rémy Rioux, a été nommé, mercredi en Conseil des ministres, direc...
Mohammed VI reconnaît que le modèle marocain de développement a montré ses limites
Le discours du roi devant le Parlement était très attendu. L’opinion publique espérait une suite de l’allocution de Mohammed VI à l’occasion de la fê...
Benchaâboun : La stratégie nationale en faveur des MRE en fait des acteurs du développement du Ma
La stratégie nationale en faveur des Marocains résidents à l’étranger en fait des acteurs du développement du royaume avec des nouveaux modes opératoire...
Collectivités territoriales : Une stratégie de formation pour accompagner la déconcentration
Le département de l’Intérieur compte développer une stratégie de formation professionnelle au profit des collectivités territoriales. Il doit commandit...
Le Maroc continuera de subventionner le gaz, le sucre et la farine
Pas de réforme en vue pour les subventions du gaz, de la farine et du sucre, a affirmé le ministre de l’Economie et des Finances, Mohamed Benchaâboun, qui ...
Parlement: Benchaaboun dévoile son plan pour financer la généralisation de la protection sociale
On en sait un peu plus sur le mode de financement de la généralisation de la protection sociale à l’horizon 2025, nécessitant la mobilisation, chaque ann�...
Benchaâboun : Le Fonds d’investissement stratégique veillera au soutien des activités productiv
Le Fonds d’investissement stratégique veillera au soutien des activités productives et à l’accompagnement et le financement des grands projets d’invest...
Crédit Agricole/AFD : Plus de 600 millions de DH pour les PME
Le groupe Crédit Agricole du Maroc vient de bénéficier d’une nouvelle ligne de crédit de l’Agence française de développement (AFD). L’Agence a ainsi...